Trois ans après Ancient Remains, les grenoblois de SACRAL NIGHT reviennent, le port de tête altier, les épées étincelantes et les ambitions une fois encore revues à la hausse. Toux ceux connaissant le groupe lui connaissent aussi un potentiel indéniable, qui ne demande qu’à exploser avec les bons dosages. C’est en tout cas ce que soulignaient fermement leurs deux premières sorties qui aujourd’hui, se placent dans l’ombre d’un second longue-durée défendu par les grecs de No Remorse. On le sait, le label, via ses rééditions voue une passion pour le Metal français des années 80, mais aussi celui plus contemporain de groupes vivants qui s’expriment dans la langue de Molière.
C’est mon troisième rendez-vous avec SACRAL NIGHT, dont j’avais déjà chroniqué les deux premiers chapitres. Si je m’étais montré assez enthousiaste à l’époque, je savais que le quatuor était capable d’aller encore plus loin dans son crossover improbable de Doom, de Power Metal et de Heavy Metal sombre. Je terminais d’ailleurs ma chronique d’Ancient Remains par un :
Une jolie réussite qui laisse songeur quant à l’avenir, qui à n’en point douter nous réservera quelques surprises.
Or, cette surprise est bien là, via les neuf morceaux de Le Diadème d’Argent, entièrement chanté en français, et qui nous ramène aux glorieuses années 80, lorsque le Metal français essayait de se trouver une place entre deux mastodontes américain ou anglais. Nouvellement tuteur du groupe, No Remorse Records n’y va pas avec le dos du bracelet clouté, et cite KING DIAMOND, PORTRAIT, IN SOLITUDE, DISSECTION et TRIBULATION pour situer les débats, et une fois n’est pas coutume, les citations tombent pile là où il faut pour appréhender le groupe sans avoir écouté sa musique.
Antoine Volhard (chant), Amphycion (basse/claviers), Mörkk (batterie), Marc Crapüd (guitare) et Aymeric "Ricky" Mallet (guitare) ont donc poussé leurs capacités au maximum, pour nous livrer l’un des albums les plus fascinants de ce mois de juillet. Entre Doom prononcé, Heavy épique, Black par intermittence et extrême opératique, SACRAL NIGHT transcende ses influences et régurgite de petites histoires crédibles, qui possèdent chacune leur humeur et leur atmosphère. Impossible de situer cet album en étant trop précis et ferme, puisqu’il s’amuse à brouiller les pistes, à emprunter les chemins de traverse entre Heavy opératique et Doom épique, toujours guidé par la voix incroyable d’Antoine Volhard, coproducteur avec Amphycion. Avec un mix soigné par George Emmanuel (ROTTING CHRIST, YOTH IRIA, NECROMANTIA) au Pentagram Studio, Le Diadème d’Argent jouit donc d’un son énorme, épais mais aéré, avec des guitares acérées et inspirées, et une section rythmique volubile et polymorphe.
Difficile de croire qu’on puisse signer un album envoutant en mélangeant les styles à ce point, et c’est pourtant le défi relevé avec brio par les grenoblois qui osent, accomplissent, réussissent et fascinent. Véritable son et lumière pour les oreilles, ce second album est un feu d’artifices près d’une Bastille qui s’écroule, entre chanson de geste funeste et saynètes décrites avec lyrisme et emphase. Le lyrisme est évidemment la constante la plus marquante sur cet album, qui n’hésite pas à se plonger dans une théâtralité excessive, qui convient totalement à l’orientation choisie. Ainsi, « Le Diadème d’Argent », title-track noble et grandiloquent n’est pas sans évoquer effectivement un DISSECTION soudainement fasciné par la langue française et le Heavy national, de la même manière qu’à « Une Dernière Etoile avant Sirius » de chatouiller la corde sensible des amateurs d’un BM trempé dans la source occulte d’un MERCYFUL FATE.
Mais le tout est cohérent, malgré son agressivité erratique et sa volonté de ne pas stagner. On s’imagine parfois, pour fantasmer, un SORTILEGE perdu dans une foret de Norvège, rencontrant des musiciens locaux lui apprenant les bases de la brutalité froide et mélodique. Entre cette voix puissante et emphatique, ces structures évolutives et ces harmonies toujours au premier-plan, SACRAL NIGHT joue le passéisme remis au goût du jour, échappant à toute catégorisation trop ferme pour offrir un mélange homogène et presque hallucinogène.
On se demande en effet de temps à autre si notre perception n’est pas altérée par ces duels de guitares acides, et si le monde autour de nous ne s’est pas obscurci pour laisser place à une nuit éternelle, fort bien décrite par « Par-delà les Lueurs Sépulcrales » et « L’ode Infinie ». Doom, Heavy, Black, absence de contraintes, cahier des charges libre, SACRAL NIGHT nous délivre avec Le Diadème d’Argent un message très clair : le Heavy frenchy des années 80 a encore sa place dans les années 2000, pour peu qu’il soit légèrement repensé et adapté intelligemment. J’avais donc raison de soupçonner ce groupe de capacités certaines (« Prêtresse de l’Atlantide » est une clôture incroyablement ouverte, avec chœurs suraigus et oppression profonde), et je terminerai cette nouvelle chronique par une autre formule, plus adaptée.
Une magnifique réussite qui laisse admiratif, et qui à n’en point douter replacera le groupe au centre des débats.
Titres de l’album :
01. Les Miroirs de la Lune
02. Par-delà les Lueurs Sépulcrales
03. L’Archange aux Yeux de Feu
04. Conquérant des Lumières
05. L’ode Infinie
06. Une Dernière Etoile avant Sirius
07. Le Diadème d’Argent
08. La Seconde Elégie d’un Ange
09. Prêtresse de l’Atlantide
Vu en concert récemment (avant Blasphème et Killers !), belle découverte. Oh, il y a quelques imperfections mais c'est hyper plaisant à écouter; le mélange heavy trad' français avec le turbo boost black metal fonctionne étonnamment bien.
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