Alerté par mon plus estimé confrère sur le caractère urgent de cette réalisation, je m’empressais d’ouvrir YouTube pour y découvrir le premier album des français démoniaques de SACRIFIZER, espoir de la scène Speed Black depuis la sortie de leur premier EP La Mort Triomphante, lâché en coup de semonce il y a déjà trois ans. Depuis, les malandrins ont contracté un pacte avec le diable Osmose pour composer un premier long, et l’offrir en héritage à un monde moribond, prêt à sombrer pour le premier messie venu. Mais les SACRIFIZER sont tout sauf le premier messie venu, et encore moins des prophètes de pacotille pour vendeur de t-shirts gentiment occultes. Ils sont les fidèles chevaliers du diable, et les antéchrists à venir pour décorer la terre d’étincelles atomiques et autres pastels contrastés de famines et autres catastrophes écologiques.
Fondé en 2017 du côté de Mulhouse la belle, SACRIFIZER est un quintet qui n’a qu’une seule philosophie : aller jusqu’au bout de l’exagération, pousser le bouchon du mauvais bon goût le plus loin possible, quitte à s’attifer comme des démons en plein bal de la Saint-Jean, et à proposer des interludes au clavier rappelant les intermèdes mélodico-éprouvants de GOBLIN pour Dario Argento.
Le Diamant De Lucifer est donc un sacré pierre de vingt-quatre carats noirs, et surtout, un hymne assumé à la débauche musicale des années 80. Dans un registre très influencé par les païens brésiliens de la scène Cogumelo, ce premier long fait preuve d’une belle assurance dans la provocation, mais assume une technique beaucoup plus fine qu’il n’y parait sur les photos promo. On y voit des musiciens grimés comme des gosses attardés un soir d’Halloween, affublés de sobriquets tous plus charmants les uns que les autres (Slaughterwytch - basse, Lethal - batterie, SteelGrinder et Nightreaper - guitares, et Sexumer - chant), arborant des croix renversées en mode SLAYER 1984, des clous à rendre jaloux le quincailler du Schmier de la grande époque, mais ces photos, aussi gentiment paillardes soient-elles ne cachent nullement la réalité des faits : SACRIFIZER est l’un des groupes les plus doués de sa génération, et un digne représentant de la vague revival à un niveau hexagonal.
Entre SEXTRASH et BULLDOZER, Le Diamant De Lucifer deale avec le grand cornu pour lui refiler les âmes perdues de fans accros, et fait son beurre en négociant pour son propre compte. Si l’état de leurs propres âmes n’est plus à envisager sous un autre jour que celui d’une nuit de plaisirs salaces éternelle, ces cinq musiciens font preuve d’un flair incroyable en matière de riffs simples et efficaces, et avec en atout dans la manche un batteur capable et complètement obsédé par les fills, ce premier album écrase la concurrence, en optant pour des BPM chargés, et des moments d’apaisement glauques et inquiétants.
Violent de bout en bout, salement vicieux, méchamment chaotique, Le Diamant De Lucifer est hurlé comme une prière pour Satan braillée du fin fond d’une forêt perdue, et dont l’écho se fait ressentir jusque dans les maisons du centre-ville de Mulhouse. Et avec un title-track de la force de « Le Diamant De Lucifer », SACRIFIZER prouve qu’il est capable de trousser un hymne à toutes les personnalités déviantes de ce monde, les psychos, les dingos, les malades du ciboulot, les pervers au boulot, et autres lubriques en vélo. Sans oublier les penchés du goulot.
Comme un méchant virus qui s’insinue dans votre organisme, ces chansons brutales, exubérantes et fatales révèlent le visage d’un groupe à l’aise dans son créneau, et pouvant se reposer sur un chant particulièrement hargneux, réminiscent du grand et mythique Jeff Becera, mais aussi sur une intelligence d’agencement non négligeable. Construit comme une énorme progression maléfique, l’album égrène donc ses titres en toute sournoiserie, et nous cueille à chaud comme un bouillon de culture. Intros Ambient, outros mélodiques au son clair, pour des reprises tonitruantes (« Possessor », petit chef d’œuvre de méchanceté crasse aux blasts enivrants), pas cadencé pour ne pas faire attendre le malin à un rendez-vous nocturne, tout est passé en revue pour sonner sale, tout en restant d’une propreté incroyable au niveau du son. On apprécie donc les boucles de basse serpentines de la belle Slaughterwytch, mais aussi la complémentarité de la paire SteelGrinder et Nightreaper, qui mélangent avec bonheur des riffs typiquement Thrash et des circonvolutions mélodiques parfaitement Black.
Et si tout est bon dans le cochon, tout est mal chez les SACRIFIZER, mais un mal nécessaire, à la pensée maléfique justifiée. Une musique explosive qui donne clairement envie de faire péter ce monde de merde, pour reconstruire sur des cendres en prenant en compte l’ego comme valeur majeure.
Evil has no Bounderies. Hahaha !!!
Titres de l’album :
01. Ascent To The Black Throne
02. Ripped Under The Grave
03. A Funeral Majesty
04. The Portal
05. Leather Agents
06. Le Diamant De Lucifer
07. Possessor
08. Steel Assassins
09. L’Entité
10. La Cathédrale
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21/11/2024, 08:46
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