Allemagne, Speed Metal. Je ne sais pas, c’est un peu comme si je disais Angleterre, Heavy Metal, ou Etats-Unis, Thrash Metal, c’est quelque chose qui semble couler de source, et être d’une logique implacable. Il faut dire que depuis les années 80, nos amis germains ont tellement fait pour la cause, et nous ont offert tant d’albums impeccables qu’il en devient impossible de leur renier la paternité d’un style qu’ils n’ont pourtant pas forcément inventé…Mais foin des batailles de racines, puisqu’une fois encore, nos voisins laissent l’un de leurs plus fiers représentants nous envahir à grands coups de blitzkrieg Metal, les clous en avant, la morale létale et l’énergie fatale, la fierté d’appartenir à une caste de puristes, et la joie de s’ancrer dans une nostalgie qui n’a de cesse de nous ramener en arrière. Nul besoin de faire le point sur la culture vintage, si vous lisez ces pages vous devriez être à jour, mais plaçons un pion de plus sur l’échiquier, une sorte de fou du roi qui peut s’autoriser tous les mouvements, mêmes latéraux, transversaux et horizontaux pour parvenir à ses fins. Les HELL PATRÖL nous en viennent donc de Heidelberg, où ils se sont formés il y a déjà cinq années, ville qui a dû subir leurs assauts live répétés, et qui depuis le début 2018 célèbre avec eux leur venue. Un premier LP qui succède donc à une mise en jambes extended-play, Front Row Speedbanging Madness, au titre évocateur qui sent bon les concerts et la sueur. Et c’est exactement l’image que les membres de ce groupe souhaitent véhiculer, eux qui n’ont d’autre idée que de nous faire headbanguer et brandir le poing clouté avec fierté. Et en l’état, Leather and Chrome peut se prévaloir de synthétiser tout ce que le Heavy/Speed germain à de plus symptomatique, depuis ses influences 70’s à la JUDAS PRIEST, jusqu’à son absence totale de finesse par intermittence.
HELL PATRÖL est donc un quatuor (Dominik "Domaniac" Sticher - basse/chant, Nico Stein & Christian Schwarzer - guitares et Florioan "Flobo" Bodenheimer - batterie), se réclamant d’influences assez précises (les premiers HELLOWEEN, RAGE et SODOM, mais aussi BLIND GUARDIAN, MOTORHEAD et AGENT STEEL), auxquelles n’importe quel auditeur attentif pourra adjoindre les noms d’ACCEPT, de HIGH TENSION pour les moments les plus béton, et sans doute une poignée d’autres assez caractéristiques de cette démarche automatique. Pas mal de Speed bouillant donc, mais aussi une grosse dose de Heavy martelant pour garder l’intensité et ne jamais laisser la pression retomber. Formels, mais sans non plus sombrer dans le versant le plus « bière et patches » du Metal allemand, les HELL PATRÖL se permettent même par intermittence des accointances plus sévères, dont l’early-VENOM fait incontestablement partie, pour cet esprit paillard de barouf gaillard. Beaucoup de riffs donc, treize à la douzaine, une rythmique performante et jamais chancelante, mais si ces critères résument à merveille toute l’entreprise, il serait injuste de résumer Leather and Chrome à quelques féroces clichés. Car les musiciens, s’ils respectent à merveille l’esprit ancien, savent aussi truffer certains de leurs morceaux de soli purement Rock n’Roll, histoire d’alléger un peu la teneur globale en alcool. Mais pas d’inquiétude à avoir, puisque ce premier album à largement de quoi vous enivrer, même s’il n’est pas exempt de défauts faciles à souligner.
D’abord, son classicisme. Inutile de tourner autour du pot, Leather and Chrome empeste la première vague de Heavy rapide germain, et cite les deux premiers RUNNING WILD dans le texte sans les mains. Mais il exhale de ses sillons un joli bouquet garni belge, avec de méchantes références aux CROSSFIRE et à ACID, ainsi que quelques réminiscences plus seventies, notamment lorsque la mélodie parvient à se faire une place dans la Speed Metal Cacophony (« Death From The Sky », qui semble prendre beaucoup de plaisir à insérer des harmonies fleuries dans un contexte WARFARE/AT WAR). En plaçant en exergue des chœurs purement allemands, qui soulignent un chant plutôt grognon et ronchon, le quatuor fait tout ce qu’il peut pour fédérer les troupes métallisées, et y parvient sans conteste, et en faisant preuve d’une indéniable adresse. Mais nonobstant ces compliments largement mérités, il convient aussi de rajouter un autre grief tout à fait justifié. Trop longs, les morceaux s’éternisent et manquent parfois de jus pour justifier leurs cinq minutes bien tassées, et on rebondit d’un riff Heavy en un plan Speed un peu téléphonés, schéma qui se répète de titre en titre, et qui se transforme même en handicap lorsque le riff de départ n’est pas vraiment du genre entêtant. On sent que les quatre musiciens ont voulu se faire plaisir sans se brider, mais avec quarante-cinq minutes pour dix morceaux, le voyage entre les âges est un peu trop étiré, et l’attention finit par décliner. Rappelons-nous qu’à la grande époque, seul MAIDEN pouvait se permettre une telle durée, et que les groupes plus classiques et aux moyens créatifs plus limités savaient se contrôler.
Ce qui ne doit guère vous empêcher d’apprécier ce serment d’honneur pour ce qu’il est, d’autant plus qu’il contient suffisamment de bravoure pour vous séduire. Et si l’entame vaillante de « Still Flyin’ » fait justement partie de ces morceaux un peu trop complaisants, sa présentation via une intro claquante met les choses au point, et étale les cartes sur la table sans jouer au plus malin. Les aveux les plus évidents sont aussi les plus mordants, tel « Millenial Speed Metal » qui s’évertue à synthétiser un courant en moins de quatre minutes, et qui caresse le souvenir de RAZOR tout en rebondissant sur un tempo que les WARBRINGER n’auraient pas renié. Tierces de guitare, ombre du HELLOWEEN le plus ancien, abattage à la LIVING DEATH des grands jours, pour dix petits tours et puis s’en vont, mais ils reviendront. Sans passer pour un manifeste absolu, Leather and Chrome profite quand même d’une production assez rêche mais dense, qui permet de distinguer chaque staccato et chaque frappe de marteau, pour s’imposer dans le cœur des fans d’un Metal pur comme un Marshall à peine déballé.
Titres de l'album:
1.Still Flyin'
2.Speed Demons Rise
3.Don't Panic
4.The Gunslinger
5.Coming Home
6.Death From The Sky
7.Tear Down The Wall
8.Regicide
9.Millennial Speed Metal
10.Magnificent
Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)
17/05/2025, 18:12
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04