Enfants du Metal, nous avons tous un souvenir avec Dee SNIDER, l’homme aux dents taillées en pointe. Un clip, un morceau ou un album de TWISTED SISTER, son engagement contre le PMRC, son look improbable à base de NEW YORK DOLLS de bas étage, l’escapade DESPERADO, des tournées, une photo, ou bien son comeback en solitaire après 2016 et le split de TS. Après tout, de la même manière qu’un Steve Harris, qu’un James Hetfield, ou qu’un Nikki Sixx, l’homme a marqué l’histoire du Hard Rock et du Heavy Metal, en appelant au ressenti le plus primal de tout adolescent en mal de vivre : la rébellion, l’indépendance, la liberté de pensée, et un goût prononcé pour la provocation, tout en tenant un discours d’une intelligence rare. Musicalement, l’homme a montré des visages intéressants, même si son groupe mythique n’a fait qu’effleurer mon champ de perception en quelques occasions : Come Out and Play ou Love is For Suckers, les albums de WIDOWMAKER, et un tube partagé avec Alice Cooper. Mais ces dernières années, l’homme s’est montré plus percutant que jamais, et a enfilé les albums en presque solitaire avec un flair imparable. Et en 2021, l’homme bouclé revient plus revanchard que jamais, en témoignage d’une époque COVID de confinement et de retraite live forcée. Ainsi, trois ans après le tonitruant For the Love of Metal, qui de son titre en disait long sur la foi du bonhomme, Dee revient les batteries de la colère chargées à bloc avec un explosif Leave a Scar qui risque fort de laisser quelques cicatrices dans les tympans.
Pour ce faire, Dee a fait confiance à une équipe rodée qui gagne, et se voit toujours flanqué des deux lieutenants Charlie et Nick Bellmore, respectivement guitariste et batteur, bien que Nick occupe aussi le poste de producteur, conférant à ce nouvel effort un son gigantesque, et surtout, râpeux et épais. Pour l’occasion, Nick a encore collaboré avec Jamey Jasta d’HATEBREED, et les deux hommes ont accompli un travail gigantesque sur la clarté du son, chaque instrument tournant à plein régime tout en gardant sa précision.
Musicalement, pas de surprise évidemment. Dans la plus droite lignée de ses albums précédents, Dee éructe le chaud et le bouillant, et s’épanouit dans un Heavy Metal musclé, à la lisière du Thrash parfois, et en tout cas suffisamment puissant pour parfois mériter l’AOC Power Metal sans y tremper son bouchon. On prend acte de cette véhémence dès l’ouverture explosive de « I Gotta Rock (Again) », qui permet à SNIDER de placer le mot Rock - sa passion ultime - dès les premières mesures. Certes, il a toujours eu une conception très métallique du Rock, mais ces binaires burners font preuve d’une telle énergie que personne ne peut vraiment lui en vouloir de s’approprier le mot.
Les surprises vont donc se cacher dans quelques featurings fameux, dont celui déjà connu de George "Corpsegrinder" Fisher, de CANNIBAL CORPSE, venu grogner comme un ours privé de saumon sur le galopant « Time To Choose ». Et ce morceau de rappeler que les TS étaient des contemporains de METALLICA et SLAYER, trépidant sur un tempo speed à la TANK ou RAVEN pour accentuer la dureté de l’album, et rappeler dans quelles conditions frustrantes il a été enregistré. Cette rage, cette frustration devaient être évacuées, et la musique étant le seul exutoire connu par le bonhomme, Leave a Scar s’en ressent à la moindre note, même si quelques accalmies placées de çà et là permettent de reprendre son souffle court.
A l’image d’ACCEPT qui nous a livré un pur album de Metal récemment, musclé et véhément, Dee nous offre une tranche de sa vie, tumultueuse, et débordant d’acrimonie face aux évènements déclenchés par une pandémie nous obligeant à nous isoler loin d’un variant pouvant être fatal. Alors que les tournées reprennent, il est évident que Dee va capitaliser sur ce répertoire taillé pour le live pour faire son retour en public, en osant avec raison clamer haut et fort qu’il est peut-être le dernier défenseur du vrai Metal sur cette terre.
Tout n’est pas parfait sur ce disque, quelques astuces fonctionnent par complaisance, et certains titres en appellent à la nostalgie la plus facile. Ainsi, « Open Season » recycle le Heavy des années 90, strié de mélodies simples et fédératrices et de chœurs collégiaux, « All Or Nothing More » adopte les postures défiantes du renouvellement des années 2000, mais les syncopes de « Before I Go » viennent à point nommé bâtir un pont entre le Thrash et le Heavy pour nous rappeler que Dee a toujours refuser de se placer précisément sur l’échiquier Metal. D’obédience formelle, Leave a Scar joue sur la franchise et l’authenticité, beaucoup plus que sur l’inédit et la nouveauté. Rien ici ne diffère vraiment de ce que le grand blond ne nous a déjà proposé de nombreuses fois, et sa voix, intacte malgré les années, a perdu en vibrato ce qu’elle a gagné en fermeté. On appréciera donc « Silent Battles » à sa juste valeur, et on encaissera le pugnace « In For The Kill » directement dans l’estomac, avec sa lourde basse en punch et ses riffs en uppercuts.
Très homogène, ce nouvel effort se contente d’aligner les bons morceaux, de jouer avec le volume sonore et l’intensité, pour oser un Heavy/Thrash très crédible entre les cordes vocales de notre idole. « The Reckoning » sonne comme du TESTAMENT des nineties naissantes, alors que l’épilogue « Stand » ose enfin laisser la fragilité et l’émotion percer à travers les nuages noirs de l’incertitude. Voix plus douce et ambiance plombée à la ALICE IN CHAINS, Dee tombe le masque, et rappelle qu’il fait partie de plus grands vocalistes du cru, capable de chanter l’amour et la haine avec la même crédibilité.
Leave a Scar est donc un témoignage fascinant sur la dévotion d’un homme à un style musical, et son engagement défiant les lois du temps, et damant le pion à de jeunes groupes qui n’auront jamais la même carrière. Loin du provocateur de carnaval, loin de la simplicité des hymnes de la grande époque, Leave a Scar est la création d’un homme à l’âge avancé, qui retrouve sa jeunesse le temps de quelques chansons.
Titres de l’album:
01. I Gotta Rock (Again)
02. All Or Nothing More
03. Down But Never Out
04. Before I Go
05. Open Season
06. Silent Battles
07. Crying For Your Life
08. In For The Kill
09. Time To Choose
10. S.H.E.
11. The Reckoning
12. Stand
Perso j adore un gardien du métal ce mister Snider un bon album pour ma part .
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30