Nous fêtons aujourd’hui un bien triste anniversaire. Comme il y a quelques générations lorsque tout le monde se souvenait de ce qu’il faisait lors de l’assassinat du président Kennedy, nous nous rappelons tous le moindre détail concernant notre journée du onze septembre 2001, lorsque les tours jumelles ont explosé avant de s’écraser au sol dans un fracas immense. Vingt ans plus tard, le silence n’a pas apaisé la douleur des survivants, et la colère n’a pas étanché la soif de revanche. Les cérémonies données aujourd’hui en hommage aux victimes étaient émouvantes, mais ne doivent pas occulter le fait le plus marquant de ces dernières années : le monde est en guerre, mais pas seulement parce que les hommes sont incapables de vivre sans combattre leurs semblables : la guerre est aussi menée par la nature, qui fait valoir ses droits à la suprématie globale en nous envoyant des catastrophes méritées en permanence. Ce long préambule pour vous avertir d’une chose très simple : si vous êtes d’humeur primesautière ou badine, si le soleil vous darde de ses rayons, et si un large sourire éclaire votre visage, comptez sur ma chronique pour vous plonger dans le chaos, le froid et la rancœur.
J’aurais évidemment pu tomber sur un groupe de Portland, ma ville/dealer de prédilection pour tout ce qui concerne le Noise et le Hardcore, mais c’est du côté de Kingston upon Hull que le hasard m’a fait dériver. Situé dans l’est du Yorkshire, cette ville assez tranquille a pourtant révélé ses sombres desseins il y a quelques années, via l’un de ses groupes les plus étranges et corrosifs.
Né en 2013 et immédiatement baptisé du nom étrange de MASTIFF, ce quintet anglais en est déjà à son troisième album, et Leave Me the Ashes of the Earth prouve que la maturité et la sagesse ne viennent pas forcément avec l’âge. Difficile à cataloguer sans passer pour une girouette, ce quintet explosif (Daniel Dolby – basse, Michael Shepherd – batterie, Phil Johnson & James Andrew Lee – guitares et Jim Hodge – chant) peut se targuer de savoir surprendre son auditoire par des sautes d’humeur assez constantes. Prônant des valeurs de Hardcore joué aussi sale qu’un tableau de craie dans une école de Manchester en 1979, MASTIFF utilise tous les codes de la violence possible pour faire passer son message, et navigue ainsi à vue entre Hardcore méchant et musclé, Sludge traumatique, Powerviolence en coup du lapin, et Indus allusif aussi gai qu’une friche industrielle sur laquelle Justin Broadrick vient pisser le dimanche soir.
Après Wrank en 2016, puis Plague trois ans plus tard, le quintet récidive donc, et se montre presque plus vicieux que par le passé. Construit comme une courte progression en Némésis des sens, Leave Me the Ashes of the Earth prend un malin plaisir à casser le rythme, à multiplier les clins d’œil à la scène de Birmingham sans glisser vers le Grind, et à saluer du majeur le mouvement NOLA en lui empruntant ses fringues les plus crades. Conseil d’ami, et double : ne vous laissez pas leurrer par l’entrée en matière en enclume de « The Hiss », et ne montez surtout pas le son en le jugeant trop faible. Le groupe a en effet bien joué son coup et gravé Doom dès le départ, en offrant à ses fans les plus maso une montée en puissance de quelques minutes qui écrase les épaules et laisse tout flapi. Non que « The Hiss » soit une incongruité ou une crise d’exotisme sur cet album, puisqu’on retrouve d’autres méchantes traces de Sludge et de Doom au fond du slip des anglais, mais en vous basant sur cette prise de contact, vous risquez de ne pas pouvoir encaisser le choc frontal de « Fail », qui fait passer CONVERGE pour de gentils retraités fans d’origami. Pour faire simple, MASTIFF parvient non seulement à créer la photosynthèse de tous les styles extrêmes de ces vingt ou trente dernières années, mais il le fait de façon internationale, sans tenir compte des frontières. On trouve donc beaucoup d’humour bruitiste anglais dans sa musique (GODFLESH, NAPALM DEATH, DISCHARGE, etc…), mais aussi de l’esprit américain, lorsque les cinq musiciens se prennent pour une version Hardcore et plus pro des RIGHTEOUS PIGS.
Redoutablement évolutif, Leave Me the Ashes of the Earth est comme un sale cauchemar éveillé avec phase d’endormissement par des pilules à assommer un cheval, et réveil très douloureux à une réalité diurne qui fait regretter la sueur nocturne. Le lien entre « The Hiss » et le long épilogue « Lung Rust » est plus qu’évident, avec cette rythmique qui joue les blanches comme un mammouth, ces guitares usées et rouillées, et ce chant exhorté, mais histoire de ne pas nous souhaiter bonne nuit, le groupe fricote un peu avec le Blackened Core en plaquant des lignes de chant vraiment hideuses, en écho monstrueux d’une douleur que rien ne vient soulager.
Massif comme son nom peut le laisser espérer, ce troisième album de MASTIFF est donc un excellent remède contre les utopies qui traîneraient encore dans quelques crânes. C’est une suite symphonique en tragédie majeure, qui chaque seconde, nous rappelle à quel point le monde est laid, et ses résidents désespérants de connerie égoïste. Pas forcément indiqué dans le cas d’un spleen persistant, mais une bonne façon de regarder derrière nous pour comprendre que le pire reste à venir. Aussi incroyable que cela puisse paraître.
Titres de l’album:
01. The Hiss
02. Fail
03. Repulse
04. Midnight Creeper
05. Beige Sabbath
06. Futile
07. Endless
08. Scalped and Salted
09. Lung Rust
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