Repartons un moment sur les chemins exigus de l’underground sud-américain, pour y rencontrer une des légendes les plus tenaces, et surtout, l’une des rares encore actives…On connaît la propension des groupes brésiliens, chiliens et colombiens pour distiller une violence crue et sans fard, adaptée à la vie brutale dans leur pays, mais admettons que certains ont réussi mieux que d’autres à la fixer sur support. Les MASACRE font maintenant partie de la culture locale, et leur parcours entamé en 1988 tient même du chemin de croix, tant les difficultés qu’ils ont dû affronter se sont accumulées…
Mais le combo peut s’enorgueillir de compter dans ses rangs deux membres originaux, en Juan Carlos Gomez à la guitare et Alex Okendo au micro, soutenus par le fidèle Jorge Londono à la seconde guitare (depuis 1994), Alvaro Alvarez à la basse (2001) et le petit dernier, Mauricio Londono, derrière le kit depuis presque dix ans. Trente ans de carrière, ou presque, qu’il fallait fêter d’une façon idoine, dans une débauche de violence rendant justice à la foi indéfectible du quintette en une musique foncièrement brutale et paillarde. Et quel meilleur hommage qu’un tirage extra limité d’un concert, lieu de culte par excellence, là où les colombiens ont brillé depuis leurs débuts ? Aucun, je vous l’accorde, et c’est certainement ce qu’a pensé le label national Psychophony Records (ABADDON, mais aussi DARKNESS, OCCULTUS, KRAKEN et pas mal d’autres mercenaires nationaux), qui a mis sur le marché au mois de juillet cette version expanded de Legendeath, agrémentée de quelques morceaux bonus par rapport à l’édition EP.
Limitée à quelques centaines d’exemplaires vite épuisés, cette sortie permet de découvrir les MASACRE dans ses conditions optimales, quoique la production, forcément limite, n’offre qu’une vue réduite de la puissance des colombiens sur scène. Le public est évidement inaudible, et les fréquences atteintes de cannibalisme, puisque seule une guitare et la batterie parviennent à se faire entendre correctement, luttant avec le chant pour occuper les avant-postes. La basse reste frustrée dans son rôle de pivot inaudible, et la foule, certainement compacte, ne se manifeste qu’entre les morceaux, ce qui confère à cette sortie un aspect plutôt bootleg pas forcément désagréable et en tout cas parfaitement adaptée au groupe.
Dix pistes donc, pour un show datant de 1992, juste après la publication de Reqviem, le premier longue durée du combo, lâché en 1991. On en retrouve d’ailleurs une bonne moitié sur ce Legendeath, qui illustre donc une tournée censée promouvoir ce LP, mais aussi pas mal d’autres morceaux des débuts du groupe, qui à l’époque avait déjà proposé à ses fans un nombre conséquent de formats, dont quatre démos et un EP, toujours dans des conditions d’amateurisme délicieux. Mais les questions qui se posent sont quand même importantes, et méritent une réponse. Ce live a-t-il un quelconque intérêt en 2017, et surtout, honore-t-il la mémoire d’un groupe de son vivant, en permettant un survol de carrière conséquent et fidèle ? Oui et non, puisque seul le répertoire initial est abordé, mais la crudité de ce live reste quand même un témoignage de première importance, pour les MASACRE eux-mêmes, mais aussi pour la scène Death colombienne dans sa globalité, qui ne l’oublions pas, fut une des plus actives d’Amérique du sud il y a quelques décennies.
Si vous faites dans l’exhaustif et la précision, la vidéo 20 Years of Death conviendra mieux en tant que synthèse, et si vous êtes encore plus pointilleux ou fan, Evil Death Live !, paru l’année dernière fera sans doute mieux l’affaire. Mais en tant que bootleg officiel et que pierre de rosette de la violence made in Colombia, ce Legendeath reste une solide affaire d’ultraviolence crue et sans fard, et mérite sans hésiter les quelques minutes et deniers que vous pourriez lui consacrer.
Certes, le mixage est absolument infect, les soli approximatifs, et le son de batterie ferait bomber le torse d’un Lars Ulrich vieillissant, le chant est fluctuant, parfois assourdissant, parfois presque absent, mais les riffs sont là, la complexité instrumentale détectable, et la débauche palpable, et on s’imagine parfaitement aux premiers rangs, en train de subir les assauts et outrages des MASACRE, les cheveux dans le visage et la sueur perlant sur des fronts sans âge.
Musicalement, la recette n’est pas si éloignée que ça des premiers albums de SEPULTURA, DORSAL ATLANTICA et autres CORPSE GRINDER, MORTEM et une pelletée d’autres allumés, et le Death primal des colombiens, aussi débauché soit-il, se permettait quand même quelques interventions mélodiques, assez éloignées il est vrai de la sophistication d’usage chez les CYNIC, DEATH ou ATHEIST. Mais loin d’être de simples bourrins à peine capable de saucer trois riffs pauvrets avec du pain rassis, le groupe savait trousser des titres assez bien agencés, comme le démontraient les longs classiques « Cortejo Funebre » ou « Sangrienta Muerte », qui opposaient des mid tempi agressifs à des embardées jouissives, sans souci de transition fluide.
Niveau informations, cette nouvelle édition permet de découvrir un tracklisting doublé par rapport à la version EP précédente, qui ne contenait que cinq chansons. C’est donc un bon moyen d’en avoir pour votre argent, quoique je doute que les quelques copies disponibles le soient encore. Mais si l’objet vous intéresse, il est aussi disponible en tape, et si j’en crois la page Facebook du label, bientôt en vinyle. Attendez-donc encore un peu pour vous procurer un frisson en rondelles, mais en attendant, une option dématérialisée s’offre à vous via les plateformes habituelles qui étancheront votre soif d’outrance décibellique.
Quoiqu’il en soit, et en termes d’histoire, ce Legendeath permet de replacer dans le contexte le parcours d’un groupe atypique, mais caractéristique de sa propre scène, et qui aujourd’hui encore, fait figure de dernier grand leader encore en activité. Une place que les MASACRE méritent d’ailleurs amplement. Et gageons que ce live aux allures de remerciement pour se(r)vices rendus vous donnera envie de vous pencher sur la discographie des colombiens, qui ont quand même cinq albums à leur actif. Ce qui ne serait que justice et logique…
Titres de l'album:
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