On peut être fier parfois. Rien de nationaliste là-dedans, juste un peu de chauvinisme et même pas finalement. Si dans les années 80 nos groupes avaient vraiment du mal à se faire remarquer hors de leurs frontières, ils ont depuis acquis un statut beaucoup plus enviable, et pas seulement si on reste à la surface des GOJIRA et autres LOUDBLAST. Non, le Metal français est devenu une valeur sûre du marché, quel que soit le créneau. Et le dernier album d’ADX explique pourquoi, sans tirer la couverture à lui. Les musiciens ont enfin compris qu’en restant eux-mêmes, tout en étant attentifs à la loi du marché, ils pouvaient sortir des disques de grande qualité sans perdre leur identité.
Et celle d’ADX est forte, depuis plus de quatre décennies.
ADX, dans les eighties, c’était un peu notre livre d’histoire. Ils la chantaient si bien, entre Salem, la révolution française, le Marquis de Sade, j’en passe et des plus tragiques. On dévorait ces albums qui étaient autant d’épisodes de notre Histoire avec un grand H, que Phil grognait, feulait, suraiguisait avec un brio confondant. Cette passion ne s’est pas flétrie avec l’âge, ni cette force de frappe qui caractérisait les classiques que sont toujours La Terreur, Suprématie et Execution. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, mais bon an mal an, de remaniement en remaniement, le quintet est toujours là, et plus agressif que jamais.
Derrière Phil (chant) et Didier (batterie), on retrouve toujours la guitare affamée de Néo, mais aussi celle plus récente de Fred Allanic, le tout cimenté par la basse du nouvel arrivant Jules Brosset. Un nouveau line-up, une fois encore, mais la même foi, et surtout, la même qualité dans le travail. Outre cette pochette superbe signée de la main divine de Stan W Decker, et cette production peaufinée par l’incontournable Francis Caste (BLACK BOMB A, POGA CAR CRASH CONTROL), on trouve sur L’empire Du Crépuscule un sacré paquet de compositions qui vont faire mouche lors de la campagne live de promotion. Des compositions en béton armé, qui ne se contentent pas d’aligner les figures imposées, mais qui puisent dans le réservoir à souvenirs pour actualiser l’ADN et le rendre encore plus solide.
Le groupe l’affirme indirectement lui-même, il agit « Tout En Puissance », et se sent « Hors de Contrôle ». La colère qui se dégage de ce nouvel album est incroyable, et on sent parfois l’essence même d’un ACCEPT musclé à outrance soulevant des kilos de fonte. Mais ADX n’a plus besoin depuis longtemps de comparaisons se voulant flatteuses, puisqu’il est lui-même une référence européenne en termes de Heavy Metal joué Speed et Power. Cette absence de garde-fou a parfois nui à sa popularité, les fans ne sachant pas trop comment le classer, mais cette ouverture d’esprit est depuis longtemps devenue une force. Et les disques se succédant à bon rythme, il faut pouvoir compter sur son expérience pour conserver un haut niveau de qualité.
Fan depuis (presque) la première heure, j’ai retrouvé sur ce nouvel album la fougue intemporelle des jeunes chiens fous franciliens qui dans les années 80 avaient balayé les complexes d’infériorité face aux adversaires anglais, allemands ou américains. Très puissant, compact et impressionnant, L’empire Du Crépuscule ne s’est pas plié aux exigences modernes d’une actualité old-school, mais n’a pas non plus renoncé aux réflexes conditionnés. Les mélodies sont donc toujours aussi présentes, même lorsque les morceaux sont brutaux, et les quelques traits d’humour que le groupe aime tant sont aussi présents, par touches fugaces, sur le final de « Légions » qui reprend à son compte l’esprit militaire qu’il décrit.
« Charognards » est l’intro rêvée. Assez similaire à celle utilisée par HEATHEN sur son Evolution of Chaos, elle place d’emblée les débats sous le signe de la force et de l’honneur, tout en admettant son côté classique. Mais dès que le riff thrashy entre en lice, les objectifs sont clairs : sonner aussi brutal que la concurrence, tout en respectant ses fans à l’occasion d’un refrain qu’on reprendra tous en chœur lors des prochains concerts.
ADX semble avoir trouvé une plénitude, et le nouveau line-up fait des merveilles. Rythmiquement imparable, avec un Didier toujours aussi mordant derrière ses fûts, mélodiquement abordable, avec ces deux guitares qui se rejoignent souvent dans un unisson fédérateur, le quintet avance avec une morgue incroyable, conscient de la valeur de son nouveau témoignage. A vrai dire, ce disque est vraiment à l’image de sa pochette. Sombre, sanglant, mais aussi grandiose et imposant, avec cette figure royale décalée qui laisse son épée saigner sur un sol déjà souillé par les morts.
Je tiens quand même à vous laisser la surprise de la découverte, c’est pourquoi je ne détaillerai pas les titres qui contiennent tous une ou plusieurs bonnes idées, et quelques plans vraiment novateurs pour le groupe. Mais on trouve sur ce nouveau chapitre des concessions à la modernité, avec des allusions Modern Metal très pertinentes, et loin de l’opportunisme, ADX a eu la bonne idée de rajeunir quelque peu son approche, tout en restant honnête. Le meilleur exemple en étant « Mautfaucon », syncopé comme du ANNIHILATOR en grande forme, et pas si loin que ça d’un Thrash raisonnable.
A la lisière du Power progressif, mais les deux pieds plantés dans la boue et le sang Heavy, L’empire Du Crépuscule regarde le soleil se coucher, le corps blessé, mais le cœur pur. Sans aller jusqu’à dire que nous sommes en présence du meilleur album du groupe depuis les années 80, on peut affirmer que ces dix nouveaux titres auront largement leur place dans la prochaine setlist, tant ils résument à merveille quatre décennies de carrière tout en continuant de regarder vers l’avenir.
Plus costaud, plus méchant, mais toujours en phase avec ses fans, ADX se permet même des citations directes à La Terreur, et pas seulement en termes de thématique. « Paris Un 13 » fera émerger de biens mauvais souvenirs de son riff funèbre, mais l’impression globale reste celle d’un groupe qui n’a jamais sonné aussi cohérent et uni. Le temps n’a pas de prise et les cinq musiciens peuvent être fiers de leur travail. Et si demain sonne le glas d’une humanité à la dérive, ADX pourra se tenir sur une butte et regarder le spectacle avec la conscience tranquille.
Titres de l’album :
01. Charognards
02. Tout En Puissance
03. Hors de Contrôle
04. Légions
05. Le Malgré Nous
06. Paradis Royal
07. Le Couvent Des Possédées
08. Mautfaucon
09. Septembriseurs
10. Paris Un 13
Bonjour Mortne (et les autres).
Puis je te demander si tu as écouté et chroniqué "Bestial", l'album d'avant ?
Parce que ta chronique ci-dessus est exactement ce que j'ai ressenti en écoutant cet album de 2020.
Je pense comme toi que le ADX d'après les 3 premiers albums (qui sont intouchables) est un GRAND groupe qui a su rester à l'écoute de ce qui se faisait sans trahir sa forte personnalité.
Mais pour le dernier j'ai un problème... Un problème de guitares...
Aucun manque de respect à Neo qui a fait un super taf sur "Bestial" et qui passe bien en concert (toi qui semble un fan de longue date, c'était dur les derniers concerts avec Klod nan ?) mais là il prend trop de place et ses déluges démonstratifs de notes ne sont, selon moi, pas du tout dans l'esprit du groupe. Du coup je l'accuse aussi pour le son vraiment (trop) parpaing de cet album, que je vais pour l'instant ranger à coté de "Résurrection", d' "Immortel" et d' "Etranges visions" avec les moins bonnes sorties du groupe...
Bref, je ne condamne aucunement ce groupe que je vénère, ils se sont relevés après "Résurrection", ils se sont relevés après "Immortel", l'album d'après sera donc excellent, j'en suis sûr.
Pour ce qui est du présent, les fans ont déjà acheté "L’empire Du Crépuscule" (il ne restait plus qu'un LP à Gibert samedi, celui dans la vitrine) et c'est très bien, on continuera à rigoler tout en écoutant de la bonne musique en concert mais pour ceux qui veulent tester le ADX post 2010 je vous conseille vraiment plus "Non Serviam" ou "Bestial".
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09