Non, mais…comment voulez-vous que je sois objectif. J’adore les tripes !!! Même les vieux bouts caoutchouteux qui ressemblent à des morceaux de ruches visqueux et qui piquent la langue. Alors…Alors quoi ? Alors l’art de la tripaille à la française dispose depuis des années d’un artisanat local situé du côté de Marseille qui tranche les meilleurs morceaux de panse et d’intestins pour vous les régurgiter en musique dans un chaudron magnifique, chauffé au feu de bois, mais qui sait duquel il se chauffe. BAD TRIP ? Non, BAD TRIPES, qui depuis le début des années 2010 revient à intervalles pas vraiment réguliers nous titiller la glotte et les oreilles de son Rock paillard, sauvage et indécent, mais qui nous aura quand même salement fait attendre depuis sa dernière offrande. Pas vraiment productif le quatuor, puisque nous n’avions rien eu à nous mettre sous la langue depuis Splendeurs et Viscères en 2013, et le temps commençait à paraître salement long et l’estomac sur les talons. Mais connaissant les diables d’un peu plus près que la moyenne, je savais qu’une nouvelle tambouille se préparait à la sueur des nouilles, et depuis Halloween, le festin a été vidé sur la cape, pour que la nappe ne s’entache pas de contrepèteries faciles. Mais la sauce ? Celle à laquelle vous allez être bouffée est plutôt du genre relevée, voire sacrément corsée, mais pas question de la couper avec un court-bouillon, parce que ce qu’on aime chez eux, c’est justement leur pureté de ton. Et niveau assaisonnement, la livraison 2017 est plutôt épicée. Mais pas uniquement d’un point de vue musical, non, plutôt sous une artistique globalité. Et faites-moi confiance, ce sont souvent les zouaves qui montrent leur cul qui bossent le plus pour se le remuer…
En totale autoproduction, les BAD TRIPES (Hikiko Mori - chants et textes, Seth - guitare et samples, Siger – batterie et Kami – basse, mais faut-il encore le rappeler ?) nous offrent un sacré cadeau de Toussaint avec leur superproduction Les Contes de la Tripes, qui non seulement ne marque pas le pas (mais en quatre ans, le contraire eut été vexant), mais nous prouve que les sudistes ont encore fait des progrès dans leur art musico-culinaire déglingué. D’ailleurs, leur professionnalisme devient à ce point éclatant que c’en est absolument dégoutant. De la production au graphisme, en passant par les compos, jusqu’aux textes rigolo-sanglants d’Hikiko, tout ici respire le sur-mesure jusqu’au moindre poil de nez qui dépasse, et c’est confondant…Où sont donc passés les punks que nous avions connus il y a quelques années, et qui abordaient le spectacle avec un naturel et une audace primaires si sidérants que même les PLASMATICS passaient pour des communiants ? Ils sont toujours là, pas d’inquiétude, sauf qu’ils ont revu leurs prétentions à la hausse. Genre, l’inflation, la flambée de talent indexée sur le cours du diamant, puisque ce troisième album fait la nique à une bonne moitié de la production actuelle de son allant et de son absence de complexes. En choisissant de traiter le cap fatidique du troisième album via un pastiche des productions E.C. Comics, le quatuor a senti le vent venir, et s’est collé en plein dedans, histoire de nous refourguer ses pastilles et ses humeurs de déviants. Proposé en version digipack qui vaut bien le double des dix euros qu’il coûte, cet album est une petite merveille d’opéra-gore à tendance bon enfant qui part à la boucherie, les poches pleines de bidoche et les yeux sur les galoches. Sans laisser tomber leur style Free-Punk à tendance Metal ou l’inverse, les BAD TRIPES s’offrent un lifting à base de côtes de bœuf et de foie frais, qui va méchamment malmener le vôtre sans faire grimper votre taux de cholestérol. Absolument déconseillé par la sécurité sociale pour ses effets néfastes sur la santé mentale, cette nouvelle démarcation sur un thème en anathèmes nous prend à la trachée pour nous faire recracher notre propension à un trop grand conformisme, en mélangeant les tendances, et en faisant bouillir les influences, pour nous proposer le plus sale conte pour grands enfants depuis Alice à pétri les merveilles de Lewis Carotte.
Alors, imaginons, imaginez, puisque moi, je sais. Imaginez un groupe de tarés capable de suggérer dans le même couplet des accointances néfastes avec RAMMSTEIN, DIABLO SWING ORCHESTRA, NOTRE DAME, PIGALLE, CRADLE OF FILTH, NIGHTWISH (sans la crinoline, trop immaculé) et MUSHROOMHEAD, et vous aurez une petite idée du carnage qui vous attend à la maisonnée. Et en plus, comme ils ne sont pas traîtres pour un sou (les sous, ils les gardent pour financer leur délires bande de fous), ils vous l’annoncent eux-mêmes via « Et nous Sommes Nombreux », qui préfigure sans doute le nombre de convertis qu’ils anticipent suite à cette troisième sortie. Loin d’être un simple amusement pour artistes en dérangement, cette œuvre, qui en mérite le nom, est le fruit d’un travail acharné, qui va payer, et ça n’est pas le flamboyant « L’Ogre de Barbarie » et ses cinq minutes de cabaret de l’étrange qui va me contredire. Basse en traquenard, riff gluant qui se marre, arrangements au sonar, pour cinq minutes d’étrange qui nous arrange, et qui nous colle face au miroir de nos errances. Chaque détail, chaque mot, chaque son a été choisi, soigné, peaufiné, pour ne rien laisser au hasard, et l’ensemble dégage une telle vitalité dans la gentille méchanceté qu’on se laisse embarquer comme dans un cauchemar de Rob Zombie, en sachant très bien qu’on risque de ne jamais revenir entier. Mais qui voudrait revenir lorsque la belle Hikiko nous fige de son sourire vocal sadique, elle qui n’a jamais aussi bien chanté ? La belle ne l’est pas que, et grimace, nuance, incarne, tance, séduit, repousse, vomit, et incarne son personnage avec perfidie, sans jamais perdre de vue la gamme qu’elle parcourt de sa douce folie. Ses progrès chantés sont flagrants d’intensité, en raclage comme en harmonies biaisées, et ça n’est certainement pas le premier croquemitaine venu qui va la trousser ! Alors, même si elle demande et exige « Fuck Me Freddy », d’une litanie susurrée avec vice et vertu, le barnum qui la soutient n’a rien d’un boucan pour paysan chafouin, et agrémente d’une double grosse caisse puissante des volutes de synthé en partance, avant qu’un refrain hystérique ne nous mette en transe. Du grand art ? Séculaire, celui des saltimbanques qui n’ont pas oublié qu’ils sont là pour divertir, mais qui prenne leur plaisir au sérieux…Et le nôtre…
Si « La Bouchère de Hanovre » est déjà connu des amateurs éclairés qui auront évidemment savouré sa sublime vidéo entre deux jambonneaux, « Baby Porn » nous surprend de sa sciure de cirque en torture-porn, de ses chœurs en schizophrénie et de ses faux cuivres en repli. Piochant dans tout ce que le conte classique peut proposer de moins recommandable (« Hansel » suce mon sucre d’orge et dégorge, « Gretel », termine ta gamelle Trash Punk sur beat électro-rock avant que je ne la foute à la poubelle), le groupe se créé son propre répertoire mais n’oublie pas non plus les guinguettes pour frappés qui ont un jour eu la malchance de les héberger (« Les Rendez-Vous de la Bête », LUDWIG VON 88 qui défonce la tronche aux SUPERBUS sous le regard hagard des INCUBUS), et termine même son parcours par un hit improbable pour dancefloor introuvable (« Sombre Pigalle », inutile de résister, c’est du cousu main pour les jumpers amateurs de riffs mateurs), histoire de nous laisser sur une conclusion à la hauteur de son introduction.
Alors, de là, et de l’au-delà, je pourrais dans un élan de générosité vous faire profiter des punchlines pondues par Hikiko, ou extrapoler sur un avenir qui ne sera pas de tout repos, mais je préfère vous laisser digresser vous-même en écoutant cette musique de bargeots. Une seule chose à vous dire, achetez ce disque, et ce, pour plusieurs raisons. D’une, parce qu’il est musicalement dément. De deux, parce que ces flingués l’ont chouchouté jusqu’au dernier instant. De trois, parce que de vrais musiciens, qui font de la vraie musique à la main, avec un tel entrain, et qui nous en font profiter sans penser au lendemain, ça se compte sur les doigts d’une main d’un manchot. Ou les orteils d’un cul de jatte. Vous les voyez avancer en poussant sur des sabots ? Non, moi non plus, alors les tripes de BAD TRIPES, ça se déguste chaud. Sur leur Bandcamp, en digital, ou en physique pour dix malheureux euros. Même pas le prix d’un steak mes saligauds. Et vous allez demander la monnaie pendant qu’on y est ?
Titres de l'album:
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49