Déhà, c’est un peu le Rogga Johansson du Black Metal francophone. Un passionné, un hyperactif, qui ne supporte pas de rester sans rien faire plus d’une paire de minutes. L’homme est connu comme le loup noir sur la scène, et peut se targuer d’un CV aussi impressionnant que le bottin 1995 de Seine Saint-Denis. J’en reproduis d’ailleurs ici les projets principaux, pour que vous sachiez à qui vous avez affaire.

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ACATHEXIS, BRÆ, COAG, CULT OF ERINYES, DEHA, DRACHE, FALLEN, GOD ENSLAVEMENT, IMBER LUMINIS, IMPENDING TRIUMPH, INIQUITATEM, LYKTA, MALADIE, SATURNIAN TEMPEL, SILVER KNIFE, SLOW, SORTA MAGORA, THE NEST, THE PENITENT, TRANSCENDING RITES, WE ALL DIE (LAUGHING), WOLVENNEST, WRATH OF THE NEBULA, YHDARL, DEAD, IGNIFER, ex-DEVIANT MESSIAH, ex-SOURCES OF I, ex-TER ZIELE, ex-VAER, AARDLING, AURORA BOREALIS, COMA., DETRVIRE, LIDDEN, MUSEALCAL EGGSCREMENTS, NADDDIR, ex-CLOUDS, ex-DUNKELNACHT, ex-GOD EAT GOD, ex-ITHILIEN, ex-K.F.R, ex-LEBENSSUCHT, ex-DEOS, ex-ABSIT OMEN, ex-ALENDA, ex-ANAL CUNTRONA, ex-AUTODESTRUCTIONNEEDED, ex-EAT THEIR CRUSTS, ex-GIGAPENZOR, ex-JAH EL CAMINO, ex-KHEL, ex-NØD

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Evidemment, certains projets sont plus développés que d’autres, et ce sont surtout les noms de DEHA, IMBER LUMINIS, MALADIE, SLOW et YHDARL qui représentent la part la plus conséquente de son travail. Mais pas que. Puisque même défunt, celui de MERDA MUNDI trouve encore un écho aujourd’hui dans la discographie du belge, qui propose une extension de cette malédiction via CHAÎNES, une nouvelle pierre à l’édifice de sa propre légende, et nouveau projet occulte et sans pitié qui aujourd’hui, propose son point de vue via un premier LP.

Signé par Amor Fati, la référence BM, CHAÎNES n’est évidemment pas vraiment différent que ce que le musicien a pu proposer jusqu’à lors. Une fois encore seul à la barre, Déhà se plonge dans les affres d’un BM sauvage, sans concessions, entre Raw et Trve, pour une visite guidée des bas-fonds des geôles les plus infâmes de l’histoire du Black Metal.

Musicalement, le concept est simple. Vitesse, crudité, son abrasif qui endommage l’audition, cris poussés du canal central, pour un festival de riffs en fil barbelé arrachant les chairs passant un peu trop près.

MÜTIILATION, HATE FOREST, les scènes belge, française, canadienne et suisse, et bien évidemment le parcours très chargé du musicien lui-même, voilà donc les ingrédients d’un nouveau « groupe » dont on ignore encore le destin à ce jour. Peut-être s’agira-t-il d’un one-shot, d’un concept sur la durée, ou d’une nouvelle bête prolifique, alors autant apprécier ce dont on dispose pour le moment, à savoir ces six titres évolutifs, concentrés sur les racines norvégiennes, mais perméables à l’inspiration canadienne de ces quinze dernières années.

Artistiquement parlant, Les Litanies des Chaînes est un pont tendu entre l’avant et l’après, mais aussi le prolongement du travail de Déhà, qui reste donc très proche des exactions de MERDA MUNDI. Mélodies souillées et rouillées, riffs monolithiques, vélocité imposée, pour quarante minutes d’agression sonore qui réjouiront les amateurs de BM non édulcoré et encore sauvage.

Sans révolutionner le genre, ce premier album y apporte sa touche personnelle. « De Vermine et de Fer », longue suite centrale de plus de neuf minutes représente une sorte d’acmé, quelque part entre DARKTHRONE, MAYHEM, et les légions noires françaises. Beaucoup moins granuleux qu’un simple concept Raw-Black déjà usé jusqu’à la corde, CHAÎNES vous retient donc prisonnier entre des murs bouffés par la moisissure, en compagnie de quelques traitres à la cause qui ont trop longtemps cru que le Black Metal pouvait dire ce qu’on voulait qu’il dise.

C’est donc volontairement laid, mais aussi délibérément bruyant. Ainsi, « Macabre Romantique » débute comme une course poursuite infernale entre un pêcheur repenti et son garde-chiourme diabolique, et garde le cap sans jamais atténuer son ressentiment. D’ailleurs, la fin de l’album est un cauchemar sans fin, mais un cauchemar structuré, découpé en plusieurs visions, toutes apocalyptiques, mais qui une fois analysées donnent une image assez nette des traumas qui agitent l’imagination de notre hôte.

Traditionnel, presque abordable dans son désir de ne pas se faire domestiquer, Les Litanies des Chaînes n’est pas le travail le plus chaotique de son auteur. Il sait rester à sa hauteur par contre, et refuser les facilités d’usage. Comparable à cinquante pour cent ou plus de la discographie de Déhà, CHAÎNES est une suite logique, et quelque part, un exercice de style qui glace l’ambiance et fait retomber la température dans la cave de quelques degrés.

A apprécier dans son jus, à déguster sur un coulis de production amer, pour pouvoir suivre le parcours d‘un des musiciens les plus prolixes de l’underground, et qui ne compte visiblement pas ralentir le rythme dans les prochaines années.

Titres de l’album:

01. La Fange Existe dans nos Coeurs

02. Que ta Lumière me Serve de Fin

03. De Vermine et de Fer

04. Macabre Romantique

05. Que vos Morts Soient Souillés jusqu'à l'os

06. Vois la Lumière Aveugler par Centaines les Yeux Ecarlates des Hommes Rampants

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