Let The World Burn

Madnes

19/03/2021

Autoproduction

Il aura fallu moins de trois minutes et trente secondes à ces trois allemands pour me convaincre de chroniquer leur premier album. Les trois minutes et trente secondes que durent « Follow The Speeder », qui passe par toutes les ambiances possibles, allant d’un Speed/Punk totalement cramé à un Thrash germain déluré, avec en cerise sur le gâteau, des rires, des breaks improbables, et une sale odeur de folie exhalant d’une période de l’histoire que je chéris tant. Formé en Russie en l’année 2012, puis délocalisé en Allemagne quelques années plus tard, ce trio fait partie des fers de lance nostalgiques de la belle Allemagne, jamais la derrière à être émue de sa propre histoire violente. Axé autour de la frontwoman Dara Kaos, aka Марина Медкова, d’abord bassiste/chanteuse avant de s’emparer de la guitare, MADNES est l’archétype de groupe ayant tout pigé au vintage, et à la démence inhérente au Thrash le plus fumeux. Loin des figures imposées de la Bay-Area, ou du classicisme bourrin de la Ruhr, ces trois-là préfèrent mélanger les fragrances, pour produire une sorte de Thrash punky ou de Punk trashy, selon les options, et nous rentrer dans le lard non sans une certaine finesse dans l’agression.  

Inutile de le cacher, c’est la voix complètement barrée de lady Dara Kaos qui m’a conquis, la seule à pouvoir prétendre passer pour la fille illégitime de Paul Baloff et Dawn Crosby. La guitariste/chanteuse évolue dans un registre totalement hystérique, et gonfle des instrumentaux déjà bien débridés de ses hurlements complètement possédés. En neuf ans, la musicienne a eu le temps de roder son approche sur deux EP’s (Anti Posers Patrol en 2012 et Die With Your Beer On en 2018), et se pose aujourd’hui en leadeuse naturelle d’un gang de mal torchés, dont les seules obsessions semblent être la violence, la bière, le fun et le chaos. A l’image d’un WITCHES plus concentré sur VENOM et la picole que sur SLAYER et la bricole, MADNES lâche avec Let The World Burn un manifeste d’apocalypse de premier plan, de ceux qui laissent en effet le monde en flammes.

Enregistré par Paul Violence au Rehearsal Room (Öld Scull Studio) entre Décembre 2019 et avril 2020, à Altenessen en Allemagne, mixé et masterisé au FlashBack Recording Studio d’Herten, et faisant mention de quelques invités plus ou moins notables (Dennis des FASHION KILLERS, Ollrich von Ollcore et Tröm Melsche de FLEISCHWOLF), Let The World Burn est une sorte de fête d’une trentaine de minutes entre amis, l’occasion d’ouvrir quelques bières et de s’éclater au son d’un Speed/Thrash primaire, mais festif, et plus volontiers basé sur l’amitié que l’odeur de cochon d’une soirée grillades allemande. Evidemment, tout n’est pas parfait ou du meilleur goût, et le trio (complété de Paul à la batterie et aux chœurs, et de Mike à la basse) se laisse parfois aller à la complaisance triviale sur des morceaux très précis (dont « MadneS'86 », le plus court du lot mais qui rappelle les délires les moins excusables de TANKARD avec ses deux accords et ses cris de belette), mais ceci pardonnant cela, on peut les laisser évacuer la pression…sans mousse évidement.    

D’autant que lorsque les étoiles s’alignent avec la canette, tout ça nous donne des régurgitations festives et bien méchantes, à l’image du totalement débridé « I Hate », qui donne envie de tout détester. Les textes, évidemment bon enfant si votre sens de l’humour est resté potache, servent d’exutoire à la saine colère intérieure de ces Metal kids qui ont choisi de ne pas grandir, et entre la puissance de MOTORHEAD, l’énergie d’EXCITER, et le fun d’ANVIL (avec un peu de DETENTE par-dessus, mais pas trop), « Leave The Dead In They Graves » dispense de sages conseils aux adolescents pilleurs de tombes.

Je vous rassure, rien d’essentiel là-dedans. Juste du plaisir immédiat, un refus de se prendre trop au sérieux, et la révélation du potentiel d’une musicienne vraiment attachante lorsqu’elle vous beugle dans les oreilles. Les riffs n’ont rien de sophistiqué, l’attitude est premier degré, mais j’aime cette façon de tout envoyer bouler pour se faire plaisir, au contraire des NERVOSA qui ont tendance à trop s’y croire parfois. Ce premier album ne remplacera pas les grands classiques dans votre playlist, mais saura s’y faire une place une fois de temps en temps, lorsque vous ressentirez le besoin de shooter dans la poubelle (« I Am », bon tempo, bonne cohésion des hurlantes masculin/féminin), et si les moyens et ambitions de MADNES sont pour le moment plus que modestes, on peut imaginer le groupe plus probant avec un peu de sérieux et d’imagination. Pour le moment, seul la rage compte, et le délire, comme le démontre bruyamment le terrifiant « Stronger », qui cavale à la SODOM pour trinquer à la DETENTE, mais le final « Let The World Burn », limite Thrashcore prouve que le trio est capable de se concentrer pour extirper de son âme sombre des idées plus pertinentes.

Il va falloir maintenant travailler le dosage entre la folie et le professionnalisme, pour ne pas perdre en fraîcheur ce qu’on va gagner en cohésion. La tâche s’avère ardue, mais sait-on jamais.               

       

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Follow The Speeder

02. I Hate

03. Leave The Dead In They Graves

04. Wait Me

05. MadneS'86

06. All You Need Is Gun

07. I Am

08. Stronger

09. Let The World Burn


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par mortne2001 le 09/06/2022 à 17:45
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