L’Histoire sans Fond

Princesses Leya

12/03/2021

Gambettes Productions

Les contes de fée, ce sont…des contes de fée. Des trucs écrits par d’indécrottables utopistes qui ont compris que dans la vie, rien ne finit bien. Le prince ne dézingue pas le dragon mais se fait chier dessus, la princesse ne tourne pas en ridicule ses demi-sœurs et continuent de récurer les chiottes, et le méchant sorcier crame bien le monde avec ses sortilèges moisis. Les histoires d’amour finissent mal, en général chantait Catherine Ringer, et elle avait méchamment raison, sauf que parfois, les histoires d’amour platoniques entre musiciens finissent bien, et prennent la forme d’un conte de fée totalement improbable. Prenons le cas de PRINCESSES LEYA. Comme le dit la bio, cette histoire commence sur une péniche et se retrouve, après une quinzaine de dates, sélectionnée par le Hellfest pour assurer le Hellfest Warm up Tour 2019. De quoi faire des jaloux, mais aussi des heureux. A la base, cette histoire totalement improbable n’était destinée qu’à un contexte live, et il est certain qu’on pouvait s’interroger sur la pertinence de développer le projet au-delà des publics. Mais le destin et les choix culottés étant ce qu’ils sont, les protagonistes de cette belle histoire ont décidé de graver leurs idées pour la postérité, en proposant à leurs fans un album hors norme, retranscription fidèle de leur folie sur scène. Et c’est donc avec un immense plaisir que je lève le rideau de cette chronique sur le merveilleux spectacle pour les oreilles de PRINCESSES LEYA, L’Histoire sans Fond.

Et il fallait une sacrée dose de culot pour oser imprimer sur rondelle cette histoire foutraque qui a défrisé la nôtre. Avec des personnages évidemment tarés, un scénario écrit après un méchant trip aux champignons, et une emphase théâtrale à rendre jaloux tous les podcasteurs du monde, les quatre olibrius responsables de cette hérésie se frottent aujourd’hui la panse d’y avoir pensé, et vous savez quoi ? Ils ont foutrement raison.

Dedo (Chant), Antoine Schoumsky (Guitare, chant), Cleo Bigontina (Basse, chant) et Xavier Gauduel (Batterie) se sont donc frotté au genre le plus difficile qui soit, le Comedy Metal. On connaît le style depuis l’explosion des TENACIOUS D, et chez nous des ULTRA VOMIT, et on sait pertinemment qu’il n’excuse ni les approximations, ni l’humour de bas étage. Les NANOWAR s’y sont piqué, les FLIGHT OF THE CONCHORDS aussi, SPINAL TAP, mais je dois l’avouer, et ce malgré l’amour que je porte à certains de ces artistes, aucun n’a poussé le bouchon aussi loin que les PRINCESSES LEYA. Et pourtant, avec un postulat aussi débile qu’un script de Michel Balducci, il y avait de quoi craindre le pire. Je cite, pour l’amour de la formule :

« Une malédiction viking qui dit qu’un jeu de mots de trop peut vous projeter dans une dimension parallèle. Il n’en fallait pas plus pour que Schoumsky, Dedo et leurs acolytes tombent dedans et atterrissent sur Chlamidia 4, une planète où le vocodeur a balayé la diversité musicale. Le QI moyen y est proche du teckel, les salons de coiffure et les maisons témoins y pullulent. Rapidement, les PRINCESSES LEYA apprennent que ce monde est contrôlé par Joffrey Bisous, un magnat des médias qui n’a qu’un seul but : l’ultra consommation des masses. Nos protagonistes au goût prononcé pour l’absurde vont devoir retrouver une légendaire partition secrète sans laquelle pas de libération des esprits ni de retour sur Terre. »

Ecrit comme ça, ne le nions pas, ça pue. Sur le papier, la blague a des airs de private joke entre musiciens/comédiens, sauf que ceux qui ont déjà eu la chance de voir le concept sur scène savent très bien qu’il tient la route, et pas qu’un peu. Mais quid de la transposition sur disque, sans l’euphorie et les applaudissements d’un public conquis ? La réponse est simple, bien qu’évidemment moins vivante, l’histoire n’en reste pas moins toujours aussi drôle. Evidemment, pour l’apprécier, il faut déjà avoir rompu ses zygomatiques avec les MONTY PYTHON, ULTRA VOMIT, et surtout, ces fameuses saga Internet des années 2000 telle Le Donjon de Naheulbeuk, que les fans n’ont certainement pas oubliée. Le premier écueil à passer est le nombre de pistes qui sont en fait des sketches, et qui ne contiennent donc aucune musique. En parlant chiffres, seuls douze morceaux sont présents sur cette Histoire sans Fond, et donc quatorze sketches, mais franchement, les sketches étant totalement hilarants, inutile de craindre l’ennui. Les quatre zigotos jouant très bien, le plaisir est intégral, et on rit franchement, et pas seulement pour faire plaisir. A l’image d’un KAAMELOTT pour les oreilles en version adolescent metalleux attardé, L’Histoire sans Fond est une odyssée incroyable vécue et racontée par des créatifs qui connaissent leur boulot. Evidemment, vu les noms impliqués, le contraire eut été étonnant, mais entre des calembours imparables, des échanges verbaux nerveux, et des trouvailles d’une drôlerie indéniable, cet album se savoure comme une BD/Disque qu’on écoutait dans notre enfance, le carillon de changement de face en moins.  

Le problème de cette chronique, est qu’il m’est impossible de trop vous en dire sans gâcher le plaisir. Car même la musique s’inscrit dans cette logique de comique de situation. A l’image d’un Henri Des en train de niquer Chantal Goya dans les backstages du Trabendo, défoncé comme un mickey, PRINCESSES LEYA ne respecte rien et flatte les gros branleurs que nous sommes en nous servant exactement ce que nous voulons entendre. Alors, ça parle de bite, ça joue du gros Metal, ça lâche un mash-up gigantesque entre RAMMSTEIN et Sabrina comme un pet (« Balls Balls Balls ») , ça délire Folk avant de partir en vrille Soul et Gospel (« The Twenty Seven Club »), ça parodie Brassens et Dick Annegarn (« La Vieillesse »), et entre ULTRA VOMIT, les NONNES TROPPO et les VRP, L’Histoire sans Fond a beau être un fantasme improbable, elle n’en reste pas moins une histoire qui tient debout comme une crise de priapisme, même si finalement, le Metal n’y a que très peu d’espace. Les trublions géniaux lui préfère la Space-Disco débile en gimmicks (« Ouais Ouais Ouais », comme son titre l’indique), ou la Sugar Pop dramatique sur fond de thème qui ne se raconte pas, mais qui se lèche nature (« Destruction Vaginale »).

Ceci dit, un peu de carburant, et la machine repart sur le rythme ultra-Punk de « Love is All » revisité pour pochtrons indécrottables (« Grâce à l'Alcool »), avant de citer Cartman et de rembourrer le soutien-gorge de quelques riffs vraiment méchants (« Je Vous Emmerde et Je Rentre à ma Maison »). Fins musiciens, interprètes inénarrables, auteurs bourrés de talent, les membres de PRINCESSES LEYA nous offrent donc la distraction de l’année, et un film pour les tympans bien supérieur à pas mal de productions Netflix ou Amazon Prime. Et en plus ça finit bien. Pas comme un conte de fée. Mais comme une bande de gentils cons qui ont fait. Caca bien sûr.  

            

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

   01. La Malédiction Viking (Sketch)

   02. Planète Chlamydia 4 (Sketch)

   03. Le Type Chelou en Capuche

   04. La Mission (Sketch)

   05. Makeba

   06. La Ziggurat (Sketch)

   07. Balls Balls Balls

   08. La Salle Sans Instrus (Sketch)

   09. Ustensiles

   10. Les Shitty Producteurs Zombies (Sketch)

   11. Single Lady Killer

   12. Goule Jazz (Sketch)

   13. The Twenty Seven Club

   14. Le Club des 27 (Sketch)

   15. La Vieillesse

   16. Bibliothèque Paf (Sketch)

   17. Ouais Ouais Ouais

   18. Décédés (Sketch)

   19. Renaissance (Sketch)

   20. Destruction Vaginale

   21. Princesses Cocktails (Sketch)

   22. Grâce à l'Alcool

   23. Eric Baudelaire (Sketch)

   24. Je Vous Emmerde et Je Rentre à ma Maison

   25. Home Sweet Home (Sketch)

   26. Tue Tes Parents


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par mortne2001 le 01/03/2021 à 14:38
90 %    3157

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Gargan
membre enregistré
09/03/2021, 13:22:33

Metal et humour, deux mamelles qu'il est difficile de siroter ensemble, même si pas mal de groupes dits sérieux sont pris avec 10000 degrés, d'Immortal à Manowar, en passant par Ghost (et tout le genre goregrind hinhin). Jamais pu écouter Ultra Vomit pour le plaisir de les écouter, un petit peu moins pour Carnival in Coal qui a quand même quelques pépites, et encore..  C'est pas mal foutu, mais passé la curiosité, mon billet ira ailleurs. Dedo ne m'a jamais fait rire (sorti de l'écurie Jamel, rien d'étonnant), mais là il a trouvé sa place en tant que chanteur, rien à redire. La rédemption par les décibels !

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