Bienvenue dans les cercles les plus intimes de l’enfer, en compagnie du guide le plus capable du circuit, de ceux qui agrémentent une simple visite d’une kyrielle d’anecdotes et qui jouent leur rôle à fond. THY DARKENED SHADE a toujours été un projet à part, et la Grèce peut être fière de ses blasphémateurs qui depuis leur naissance n’ont eu de cesse de peaufiner leur art pour le rendre imperfectible. Et lorsqu’on sait l’importance que revêt un troisième album pour une carrière, on évalue encore mieux l’incroyable performance accomplie par Liber Lvcifer II-Mahapralaya.
Comme son titre l’indique, Liber Lvcifer II est donc la suite logique de Liber Lvcifer I: Khem Sedjet, publié en 2014. Une suite plus que tardive certes, mais une suite fantastique, qui en son sein propose justement quelques suites dantesques et ambitieuses. Après tout, on n’entame pas un album avec deux compositions de plus de sept minutes sans avoir de solides arguments. Surtout quand on leur offre deux suites aussi conséquentes que « Sathanastasis » et « Qelippot Epiphany », qui totalisent à elles deux dix-huit minutes de musique.
Vous l’aurez compris, l’ambition nourrit toujours l’imagination de nos deux athéniens, The A (chant) et Semjaza (guitare/basse), secondés pour l’occasion par HG (batterie) et Herc (chœurs). Et si Semjaza se charge toujours du plus gros du boulot, signant musique et textes, la voix de The A, ignoble et théâtrale est toujours aussi invocatrice et évocatrice, et un élément essentiel de ce jeu de rôles occultes qui nous passionne depuis de longues années.
Concrètement, ce second volet semble de prime abord plus humble que son prédécesseur. Moins de titres, durée plus compacte, mais on ne mesure pas la grandeur d’un album par des chiffres triviaux et sans importance. Car même raccourci de vingt minutes, Liber Lvcifer II-Mahapralaya est largement à la hauteur de son aîné, et propose même de nouvelles pistes, et des intentions opératiques remarquables. Se plaçant en convergence d’un Black Metal épique et d’un Metal extrême technique et mélodique, THY DARKENED SHADE nous offre le meilleur des deux mondes, et signe l’un des albums les plus fascinants de cette fin d’année 2022.
Entre 1349, ANOREXIA NERVOSA, DEATHSPELL OMEGA, MARDUK et EMPEROR, THY DARKENED SHADE joue l’excès sur tous les tableaux et emporte la mise par son absence d’inhibitions. Car on ne signe pas un grand-œuvre en restant humble, et la morgue affichée par les deux compères est tout à fait justifiée. Et ce, dès les premiers morceaux de l’album. Et si « Into Eerie Catacombs » vaut son pesant de mysticisme et d’orchestrations luxuriantes, c’est bel et bien « Sathanastasis » qui nous prouve que cette attente de huit années était clairement justifiée pour revenir encore plus grand, et encore plus fort.
Encore plus.
Ces deux petits mots accolés définissent à merveille la posture des grecs, qui foncent et ne s’arrêtent jamais avant d’avoir atteint leur quota de riffs, d’arrangements et de cris à la Attila. Entre le MAYHEM post-Euronymous (le meilleur uniquement, celui de Wolf's Lair Abyss) et les divagations opératiques d’une génération portée sur le dramatisme le plus sombre, THY DARKENED SHADE s’offre une place de choix dans le panorama du Black Metal moderne, et ose même des inserts mélodramatiques, emphatiques et terriblement nostalgiques (« Qelippot Epiphany », sorte de procession funèbre suivant un cercueil vide dans un cimetière oublié par le temps).
Travail important sur les chœurs, riffs acides en arrière-plan, breaks impromptus et insistance rythmique lancinante, tous les éléments sont en place pour transformer ce troisième album en véritable tragédie grecque, ce qui en soi n’est pas illogique. Encore faut-il que la pièce pour les oreilles tienne la route au-delà du cinquième acte pour ne pas livrer qu’une version tronquée d’un chef d’œuvre annoncé. Mais oser douter d’une conclusion grandiose serait remettre en question le talent des grecs pour agencer une histoire du début à la fin.
Certes, les systématismes deviennent évidents, certes, les astuces sont de plus en plus frappantes, mais la magie continue d’opérer, même si certains des derniers morceaux jouent plus la sécurité que l’audace. On se satisfera justement de cette franchise soudainement mise en avant sur « Acausal Current of Thanatos », et de l’esprit ouvertement fédérateur et accrocheur du malin « Veneration for the Fireborn King », à la redondance délicieuse.
En cherchant la petit bête, ce troisième album est donc parfois subjectivement critiquable, mais il n’en reste pas moins inattaquable sur le fond et la forme. Huit ans après le premier tome, THY DARKENED SHADE nous entraine de nouveau dans l’ombre à la recherche des monstres les plus dangereux des abysses. Apogée d’une carrière prometteuse, confirmation d’un talent évident, retour après une traversée du désert, Liber Lvcifer II-Mahapralaya est tout ça et même plus, et nous tient en haleine comme un opéra grandiose et maudit qui agite les murs de la capitale grecque très tard dans la nuit.
Musicalité et violence excessive sont donc les deux mamelles de ce projet hors norme, dont chacun des témoignages prend des proportions gigantesques. Une autre façon de fêter Noël, en se rapprochant des légendes occultes les plus noires.
Titres de l’album :
01. Luciftias
02. Sacrosanct Pyre
03. Into Eerie Catacombs
04. Sathanastasis
05. Qelippot Epiphany
06. Acausal Current of Thanatos
07. Veneration for the Fireborn King
08. Noxious Witchery of the Titans
10. Typhonian Temple
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