Après cinq ans passés chez Les Acteurs de l’Ombre, LIMBES glisse vers la concurrence, et rejoint le rooster de Frozen Records. Anecdotique certes, mais élément à charge quand on constate l’intérêt porté au projet par diverses maisons de disques. Pourtant, la musique de LIMBES est tout sauf facile à vendre. Peu de morceaux, un Black Atmosphérique qui le confine parfois au Post Black le plus tendu et/ou éthéré, et un refus de toute compromission susceptible d’élargir un public de fidèles.
Guillaume Galaup, ex-BLURR THROWER est un habitué de la scène, et l’isolationnisme ne lui fait pas peur. L’homme continue de composer dans son coin, pour exorciser ses démons, et mettre en place une sorte de symphonie du désespoir, à l’attention de tous les parias et rejetés, qui peinent à trouver un havre de paix. Et un an à peine après Ecluse, qui avait mis le feu aux poudres, le musicien parisien revient, avec un nouveau chapitre à son histoire.
Liernes.
Produit et mixé par son créateur, Liernes a bénéficié d’un mastering peaufiné par la référence Jack Shirley (DEAFHEAVEN, OATHBREAKER). Point de sensationnalisme ou de clinquant, mais un soin particulier apporté à l’ambiance d’un disque très hermétique, qui ne révèle ses secrets que de façon abstraite, et par toutes petites touches. On croise ici et là des éléments électroniques, des strates de sons superposées qui prennent la forme d’une sous-couche énorme, des hurlements à la limite de l’agonie, des mots qui ne se détachent pas de ce magma sonore et qu’on ne comprend pas, mais surtout, une épiphanie créative pour un discours élitiste, résumé avec beaucoup d’emphase par un label fier de son nouveau poulain :
LIMBES est donc une confession organique autant qu’un prêche salvateur pour son auteur, par jeux de mises en abîme et d’écrits testamentaires, -auxquels- dont l’auditeur devient aussitôt le Notaire, le témoin d’une forme de prière transcendantale et nébuleuse, le spectateur d’une expression hypersensible.
A vous de voir si ce laïus vous concerne ou pas, s’il vous touche, ou même si vous le comprenez. J’y ai vu une formulation plus ou moins habile, détournant l’attention d’une musique qui se suffit à elle-même. Celle que l’on trouve sur « Pied de Pilori », qui ne donne guère envie de voir sa tête et ses poignets immobilisés par une structure de bois. Mais le pilori, c’est aussi là où on jette les déchets pour les écraser, et c’est le sort attendu par une concurrence bien trop timide pour oser aller là où Guillaume Galaup va. Au-delà. De tout, des clivages, des genres, des appartenances, pour développer un art consommé de l’effort, qui en demande beaucoup à l’auditeur.
Quand le brouillard enlise l’âme,
La peinture fane plus vite
Que les pétales d’un hiver
Aussi dru qu’un pied de pilori.
Aussi poétique qu’il n’est âpre et rude, Liernes est un voyage intérieur très intime, qui révèle au fan des images, des souvenirs, des expériences. Une thérapie en musique, qui utilise tous les ingrédients possibles pour sonner unique, avec en exergue des mélanges plus ou moins incongrus entre rythmique tribale africaine et litanies vocales enterrées dans le mix. « Buffet Frigide », pourtant très agressif et plein, prône une forme d’exotisme, à cent lieues d’un Post Black Metal classique et trop engoncé dans le manteau de ses certitudes. Pas de silence, pas de cassure, juste une avancée à son propre rythme, pour dépasser le cadre du simple BM atmosphérique, souvent un peu trop contemplatif.
Et Liernes ne contemple que sa propre vérité, entre horreur blafarde, et réalisme cru.
Se libérer de ce ressac
De lueurs jetées en aumône
Et guetter l'étoile héliaque
Perçant la frondaison des aulnes
Comme on attend le retour des bateaux après la tempête, on attend le terme du clapotis du ressac pour s’approcher de la grève. Légende mise en musique par un esthète qui refuse la facilité, Liernes est d’une beauté sombre et diaphane, comme une aube grise se levant sur des espoirs perdus quelque part en mer. Créature nocturne qui craint le soleil, même pâle, LIMBES nous ouvre les portes d’un purgatoire embrumé, dont seules quelques silhouettes se dessinent au-loin.
On appréciera cette créativité qui sublime l’inattendu, qui magnifie une guitare partagée entre motifs concentriques et mélodiques et riffs sobres et mélancoliques, et cette voix, désincarnée, flottant dans l’espace-temps comme le témoin gêné de siècles d’histoire viciée. LIMBES n’a évidemment pas changé en une seule année, mais a trouvé le moyen de se renouveler sans se trahir. Et « Aulnes & Poussières » d’incarner le parangon d’une attitude étrange, avec encore une fois un gros travail accompli sur les percussions.
La mélodie est une pluie
Qui se meut comme les vers
Liernes dévore le cadavre du BM, et rend son essence à la nature. Un cycle perpétuel.
Titres de l’album :
01. Pied de Pilori
02. Les Côtes à l'Unisson
03. Buffet Frigide
04. Aulnes & Poussières
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