Double Eclipse de HARDLINE passe souvent pour la quintessence du Hard Rock mélodique américain des années 90. Mais en même temps, avec des talents pareils au casting, pas étonnant d’en arriver à une telle conclusion. Jugez du peu, outre les frangins Johnny et Joey Gioeli au chant et à la six-cordes, le groupe comptait dans ses rangs le légendaire Neal Schon à la guitare et le non moins respectable Dean Castronovo à la batterie, deux JOURNEY, soit quarante pour cent du line-up d’un des groupes les plus importants de la culture harmonique US des années 70/80. Dès lors, il n’est guère surprenant que ce premier album soit définitivement considéré comme une pierre angulaire du style, et surtout, comme l’achèvement majeur d’un groupe à la formation et au parcours erratiques. Et alors qu’un public toujours aussi avide d’optimisme s’attendait à une suite quasi immédiate et logique, pour les sauver du marasme désabusé de nineties en quête de sens profond, le groupe décida de mettre ses priorités de côté pour faire patienter ses fans jusqu’à l’agonie de cette décade de remise en contexte, et II ne vit le jour qu’en 2002, après sept ans de silence et un remaniement presque intégral. Exit entre temps les mythiques Schon et Castronovo, bonjour Josh Ramos et Bobby Rock, pour un deuxième chapitre toujours aussi flamboyant, mais quelques mesures de qualité sous son aîné. Depuis, la machine s’est parfois enrayée, mais la fidélité des fans ne s’est jamais démentie, au point que les travaux suivants, toujours publiés avec une constante irrégularité (un live en 2003, puis plus rien jusqu’à Leaving the End Open en 2009) ont toujours été accueillis les deux poings levés. Et c’est très logiquement sur Frontiers que nous retrouvons les HARDLINE en 2019, avec un tableau de famille offrant une fois encore de nouveaux visages à contempler.
Le seul que l’on reconnaîtra immédiatement étant bien sûr celui de Johnny Gioeli, meneur de troupe et manieur de micro hors pair, seul membre présent depuis les débuts. A ses côtés, quelques compagnons des aventures Danger Zone (2012) et Human Nature (2016), l’incontournable Alessandro Del Vecchio aux claviers et Anna Portalupi à la basse, mais aussi deux arrivées remarquées, celle de Marco Di Salvia à la batterie et celle de Mario Percudani à la guitare, dont le jeu se rapproche naturellement de celui de l’une de ses principales influences…Neal Schon. Life se présentait donc sous les meilleures auspices, et si Human Nature il y a trois ans ne manquait pas d’intérêt, autant jouer franc jeu et affirmer que ce nouvel album est ce que ce groupe a produit de meilleur depuis ses débuts, les points communs le reliant au séminal Double Eclipse étant plus que nombreux. Produit comme les trois quarts des sorties Frontiers par l’omnipotent Del Vecchio, Life est donc un disque qui se devait de mériter son titre à tous les instants, ce qu’il fait justement en proposant les chansons les plus vivifiantes du répertoire depuis l’orée des années 90. On y retrouve ce mordant, cette joie de jouer une musique simple mais sophistiquée aux entournures, mais aussi cette agressivité renouvelée qui faisait clairement défaut au catalogue du quintet depuis bien longtemps. Oubliées donc dans le placard interdit les sucreries qui cariaient les oreilles depuis le comeback de 1999, et bonjour la hargne de guitares bavardes aux licks prolixes, efficacement soutenues par des claviers en contrepoint qui ne bouffent pas tout l’espace vital. Car comme à son habitude, Del Vecchio s’est mis au service des autres et non au sien, et propose un jeu qui n’est pas sans rappeler l’approche des grands organistes des seventies, permettant parfois à HARDLINE de sonner comme un RAINBOW moderne, les soli de Percudani se hissant souvent au niveau de ceux du maitre de l’ombre Blackmore.
Sans se la jouer passéiste, mais en acceptant son histoire, HARDLINE s’adapte à l’air du temps, hisse son inspiration pour pouvoir tenir la comparaison avec le reste de l’écurie Frontiers, et sonne plus actuel que bon nombre de combos essayant de reproduire les sonorités vintage d’un passé enterré. Nous épargnant la tristesse d’un combo vieillissant s’en remettant à ses qualités intrinsèques pour faire mal passer la pilule de balades accumulées et lacrymales, Life est un véritable bain de jouvence qui a bien retenu les leçons du JOURNEY des seventies, ces leçons qui furent justement mises à profit sur l’insurpassable Double Eclipse, et qui permirent à Neal de redorer son blason largement terni par la triste expérience BAD ENGLISH. Morceaux courts et concis, tous basés sur des mélodies porteuses et des harmonies gracieuses, mais dopés par une énergie palpable et tangible, admirablement mise en exergue par la morgue justifiée de Mario Percudani, qui riffe comme un beau diable, mais qui sait aussi niveler son jeu pour s’adapter à une ambiance de blue-song de Billboard comme le démontre le très émouvant et crédible « This Love », que les WARRANT auraient pu faire leur à l’époque. Mais que les amateurs de sensations fortes ne soient pas effrayés, puisque justement l’accent a été mis sur une puissance notable dès l’entame diabolique de « Place To Call Home », joli burner que le WHITESNAKE le plus viril nous aurait collé en duo avec les SHARK ISLAND au temps de leur gloire respective. De ce morceau émane une exubérance totalement jouissive qui permet de constater que HARDLINE n’a pas raccroché son Hard sur la ligne, et qu’il compte bien regagner son trône qu’il n’aurait jamais dû abandonner. Up tempo pilonné, guitare qui transpire la rage, chœurs en place, et toujours ce chant si prenant de Johnny Gioeli, dont le temps n’a pas altéré les capacités. Véritable hit des eighties remis dans un contexte de nouveau siècle bien entamé, ce morceau est la preuve qu’il fallait pour renouveler notre confiance en ce groupe qui nous a souvent déçus, mais pas au point de l’abandonner.
D’autant plus que les morceaux de cette trempe sont légion sur Life, qui célèbre la vie en l’agrémentant de nappes vocales Pop et de gimmicks porteurs (« Take A Chance », caractéristique de ce que SLAUGHTER nous proposait de plus joyeux il y a quelques décennies), ou de licks accrocheurs et de refrains fédérateurs (« Helio’s Sun »). Véritable passage en revue des capacités de musiciens qui n’ont plus rien à perdre et encore tant à donner, ce nouvel album parvient même à transformer le sentimentalisme en déclaration sincère (« Page Of Your Life »), tout en se frottant à un Heavy mélodique presque grandiloquent (« Hold On To Right », WHITESNAKE et RAINBOW encore). Et si l’on pouvait craindre de s’engluer dans le sirupeux en constatant la présence d’une reprise assez incongrue de QUEEN, le lacrymal « Who Wants To Live Forever » passe largement la barre sans provoquer de gêne, grâce au duo Del Vecchio/Gioeli qui ressuscitent l’esprit de Mercury avec un incroyable brio. Bel équilibre donc entre fragilité et solidité, avec quelques inserts un peu moins prévisibles et presque PURPLE (« Chameleon »), de l’acoustique cristalline (« My Friend »), et un constat de réussite globale qui nous ramène directement en 1992, lorsque Double Eclipse nous avait converti de ses dogmes puissants. De là à affirmer que Life en est la suite logique, il y a un très petit fossé d’objectivité que je n’hésite pas à franchir.
Titres de l’album :
1. Place To Call Home
2. Take A Chance
3. Helio’s Sun
4. Page Of Your Life
5. Out Of Time
6. Hold On To Right
7. Handful Of Sand
8. This Love
9. Story Of My Life
10. Who Wants To Live Forever
11. Chameleon
12. My Friend
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