Le petit Jean-Yannick, 10 ans, 1982.
« Dis monsieur, ça donne quoi si on mélange du camembert, de la menthe et du piment ? »
(Réponse, rien de bon, mais essaie fils d’imbécile et tu verras bien…)
Jean-Yannick, devenu Infamous Penetrator entre temps, 46 ans, 2018.
« Wuaaaargh !!! T’imagine si des mecs mélangeaient VONDUR, DARKTHRONE, IMMORTAL et FLIPPER ? Wuaaaargh, la rage non ?? »
(Réponse, faut voir, mais j’en suis pas persuadé).
Résultat des courses, finalement, je sais, parce que j’ai écouté le mélange en question. Et autant dire qu’il est aussi approximatif que juteux, et aussi amateur que teigneux. Mais n’est-ce pas de l’improbabilité dont l’underground se repait depuis la nuit des temps ? Si, et justement, les finlandais de BLACK MASS PERVERTOR en viennent, et ne sont pas prêts d’en sortir. Mais finalement, c’est certainement mieux pour tout le monde, puisqu’ils tiennent à leurs racines, et qu’il est toujours plus plaisant d’avoir à fouiller pour dénicher un truc peu recommandable. Et affirmer que ces trois-là ne sont pas à présenter à votre voisinage pour la baby-shower de leur fille aînée est un euphémisme. D’abord parce qu’ils sont sacrément vilains, parce qu’ils ne s’embarrassent pas de principes, et parce qu’ils jouent le Black Metal avec la même morgue qui animait les Punk défiant le Rock progressif des années 70. Tout ça en dit long sur les intentions des bonhommes qui ne datent pas d’hier justement, ce qui nous permet d’aborder une page historique et biographique. Formé en 1998, cet obscur combo à la légende tenace a connu de sérieux problèmes de line-up à travers le temps, à tel point que leurs vingt ans de carrière n’ont été sanctionnés que de deux EP, d’une démo, et d’un longue durée…en 2016, soit dix-huit ans après leurs débuts. Autant dire que l’adversité ne les effraie pas, et qu’ils sont plutôt du genre à s’obstiner. Ce qui semble payer, puisque depuis la sortie de l’imputrescible Phanerosis en 2016, l’évolution a été constante, et qu’aujourd’hui ce trio maudit se retrouve sous protectorat suédois des Blood Harvest, ce qui est toujours bon signe pour un combo du cru. Et si leur évolution artistique a été en progression/déformation constante depuis leurs origines, il semblerait que l’optique développée aujourd’hui soit celle qui leur convient le mieux.
De fait, Life Beyond The Walls Of Flesh a su garder la crudité des premières années, la bestialité des émois passés, mais les a plus ou moins structurés pour obtenir aujourd’hui un cocktail détonnant de Bestial Black, joué à l’énergie, mais savant aussi distiller son lot d’ambiances prenantes histoire de ne pas passer pour de simples fouteurs de merde en mal de vitrines à casser. Si le niveau technique des musiciens est somme toute assez sommaire, il leur permet quand même de garder un contrôle indéniable sur leur direction, qui a tendance à partir un peu vers divers horizons. Ainsi, si leur label d’adoption aime à parler d’IMPALED NAZARENE, autant par précision géographique que par pertinence stylistique (et sur ce point, la validité est plus douteuse), mais aussi de HORNA, SARGEIST, ou BEHEXEN, on peut résolument penser que les finlandais ont aussi beaucoup écouté le DARKTHRONE le plus ténébreux (on retrouve même chez eux cette propension à ne pas s’embarrasser de l’accordage précis ou du ton, et à ne pas toujours flirter avec la précision du click rythmique), ce que le morceau final « The Forbidden Path » prouve en proposant une habile démarcation du « The Hordes Of Nebulah » de la famille Culto, tout en durcissant cette influence d’un parrainage partiel du MARDUK période Rom 5 :12/Wormwood. En gros comme en détail, de la lourdeur, de la crasse, de la haine, mais une certaine inventivité des plans de batterie qui permet de se focaliser, et une lacération vocale empruntant même au beau Thomas Gabriel ses « huh ! » si caractéristiques. En gros, un abécédaire du BM joué de façon primaire et sauvage, qui n’a absolument pas tenu compte de l’évolution du style et de son enrichissement, et qui flatte toujours les plus bas instincts. Et donc, par extension, un pur bonheur pour tous les puristes/nihilistes de la création.
Mais soyons clair, ce qui fascine le plus nos amis finlandais du jour, c’est la simplicité, et le radicalisme. C’est ainsi que les influences Punk et BM se retrouvent souvent combinées dans la même structure, passant d’un tempo purement punky à une déferlante de blasts impromptue. Et si la guitare s’obstine à n’extirper de ses tripes/cordes que les riffs les plus ascétiques et crus, cette austérité est comblée par un esprit paillard et frondeur tout à fait délicieux. Il est donc très facile de succomber à la tentation, d’autant plus qu’elle vous procurera un orgasme de vingt minutes, et qu’un truc aussi percutant et pertinent que « Behind All His Atrocious Deeds » n’a pas été entendu depuis la mort prématuré de HELLHAMMER, ou de l’effort initial des VONDUR, l’esprit gaillard et second degré en moins. Car ici, on prend du plaisir, mais on aborde les choses avec sérieux. Vous ne serez jamais pris pour un imbécile, puisque ce 12’’ est tout sauf une blague, mais plus un clin d’œil à l’esprit subversif des origines, avec une pointe d’humour cruel en plus. Et il est difficile de résister à un brûlot en mid aussi efficace et catchy que ce « Chains Of Guilt », qui combine un plan à la JUDAS PRIEST à une attitude purement Punk Black, arrangements rythmiques étranges compris, et chant vomi de rigueur. Alors certes, parfois les tonalités sont à côté de la plaque, les BPM ne prônent pas une régularité de comptable (« The Golden Spears », avec des plans sur la caisse claire à faire rougir d’envie le Witchhunter des premières années d’apprentissage de SODOM), certes, j’en conviens aussi, la gamme doit parfois composer avec quelques grincements de dents et glissements de clef (« Suffering, Our Everlasting Bliss », VONDUR, m’entends-tu ?), mais la globalité dégage un tel parfum de naïveté brutale qu’on se prend au mot et qu’on accepte ces approximations comme faisant partie du verbe. Et ce celui-ci justement, vaut le coup d’être entendu, ne serait-ce que par respect de cet underground que nous aimons tant.
Mais revoici Jean-Yannick, alias Infamous Penetrator. L’air ahuri, mais la glotte pétrie de bon sens.
« Wuaaaargh !!! T’imagine si des mecs mélangeaient VOND…. »
« Oui, oui. Ta gueule ».
Titres de l'album:
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