Demain, c’est la chandeleur. Ok, c’est anecdotique, mais c’est quand même l’occasion de faire péter la pâte à crêpes et de les faire sauter. Tiens, et comme je suis un bon gars somme toute, je vous propose la bande son idéale pour transformer votre cuisine en champ de bataille, maculée de substance gluante et inondée de rires tonitruants suite à la fiesta dégénérant en guerre de tranchées. Un conseil, prévoyez une bonne bouteille de rhum, quelques bières, conviez des amis, et lancez sans prévenir l’assemblée le dernier album des LIFEWRECK, puis constatez les dégâts. Gageons qu’à coup sûr, les premières rondelles seront plus ou moins réussies, avant qu’emportés par l’enthousiasme, vos amis ne se jettent à corps perdu dans un pogo de la rue, détruisant de fait tout espoir de déguster les fines gâteries avant la tombée de la nuit. Il faut dire qu’avec un Hardcore pareil dans les oreilles, difficile de se concentrer sur l’essentiel sans être emporté dans un torrent d’euphorie. Car le vrai Hardcore, celui qui pulse mais riffe à la dure, qui dénonce les injustices en accomplissant des prouesses rythmiques se fait rare, à une époque où la tendance est au métissage et au bordel intégral. Certes, ces animaux-là n’ont pas leur Powerviolence (light) et leur Fastcore (sérieux) dans leur poche, mais le fond de l’air étant traditionnellement Core, on ne peut que saluer leur performance, d’autant plus qu’ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Formé en 2012 du côté d’Athènes, LIFEWRECK nous a déjà fait le plaisir de publier quelques œuvres, dont une démo initiale en 2013, puis un single (Fast//Violence Part II), et un EP (Aggravation, recommandable pour le moins) en 2014, avant de garder le silence, couvant un accès de fièvre qui aujourd’hui atteint son apogée via cet éponyme début qu’ils estiment longue durée, malgré son timing assez serré.
Mais on sait le Hardcore encore plus percutant en format court, ce que les treize et brefs morceaux de ce Lifewreck démontrent sans détour, propulsant des riffs virils via des rythmiques assassines, et prônant la rapidité tout autant que l’efficacité. Il faut dire que la situation globale en Grèce a de quoi agacer, et il est assez facile de comprendre pourquoi les acteurs de la scène Hardcore locale se sentent aussi énervés. Avec des lyrics hautement engagés, les athéniens nous atteignent fatalement, et nous font partager leur ressenti, violent et cruel, qui s’accommode fort bien de sonorités abrasives s’inspirant tout autant de la réalité urbaine de Chicago ou NYC, que de la folie ambiante et Crust des pays scandinaves, beaucoup moins soumis à la pression nationale. Le mélange est donc détonnant, d’autant plus que les gus sont de très bons musiciens, et qu’ils ne cèdent pas à la facilité un seul pouce de terrain. Une bordée de morceaux qui sont autant d’hymnes, et qui permettent à une basse vraiment percutante et claquante de jouer les avant-postes, alors que les guitares se déchaînent en arrière-plan, se plongeant dans leur colère pour en ressortir des motifs sanglants et insistants. Le chant quant à lui, mixé légèrement en retrait n’en perd pas pour autant son impact, et nous invective avec une hargne éraillée histoire de nous maintenir éveillé. Et le gros quart d’heure imparti passe donc très vite, trop même, puisqu’à peine les effluves de « Sleep » évanouis dans une nuit agitée, on se prend à rejouer l’album en entier, persuadé d’avoir été converti à la cause grecque sans y avoir été soumis. La force de persuasion de ce groupe est tout à fait conséquente, et évoque une poignée de groupes qui pourraient se sentir menacés par cette animosité, qui toutefois ne tombe jamais dans le chaos désorganisé.
Les troupes sont soudées, et le son sec mais gonflé, capté par le groupe lui-même aux Ignite Studios, puis mixé et masterisé par les mêmes LIFEWRECK accompagnés de George Christoforidis. Et sous un artwork primitif mais symbolique (qui suggère une adaptation des graphismes de MOTORHEAD dans un cadre purement Hardcore) signé Guillem el Muro se cache donc un EP/LP aussi puissant qu’un bon poing dans les dents, de ceux qui font gicler le sang et qui remettent les pensées dans le bon ordre céans. Difficile de placer un extrait en avant plutôt qu’un autre, puisqu’ils ne dépassent les deux minutes qu’en une seule occurrence, celle du final « Sleep » dont j’ai déjà abordé le cas. Mais de « Greed Reigns » et sa dénonciation de l’avidité, à « Doomed », et son désir compréhensible de ne pas se laisser emprisonner, la brutalité contenue règne, mais cède parfois le pas à la haine de l’adversité, pour des accélérations salement bien balancées, qui nous permettent d’atteindre un rythme de croisière tout à fait apprécié. On peut même parfois penser à une version très grecque d’un D-Beat à la scandinave (« Fixed Lifestyles »), mais l’amour du mid tempo bien costaud nous ramène à la réalité typiquement américaine (« Spineless Bastard »), aux muscles saillants, et au regard menaçant. Et c’est cette alternance entre Speed hargneux et Hardcore teigneux qui fait tout le charme de cet album précieux, qui ne retient que le meilleur de chaque courant pour l’injecter dans son propre sang. Celui des LIFEWRECK est rouge, comme leurs joues rubicondes de ressentiment, et le vôtre fera trembler vos tempes, malmenées par une transe violente matraquant votre palpitant. Impossible de résister aux accroches proposées, qui rivalisent de malice et de créativité pour offrir des licks déchaînés, mais qu’on retient assez facilement, et qui restent en mémoire indéfiniment. En gros, le meilleur du Hardcore de toutes les époques, mastoc mais fin, provoc mais sain, et une entrée en matière longue-durée qui condamne sévèrement le train-train.
Et si la vie en Grèce est un naufrage, accrochez-vous à cette bouée de rage. De toutes façons, vous ne pourrez pas sombrer plus profond que ce quotidien où vous n’avez plus pied.
Titres de l'album:
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