Un Bandcamp avec un seul titre lâché en signe avant-coureur en février de cette année 2021, pas de site officiel ni de page Facebook, on ne peut pas dire que les américains de MAGDALENE jouent la transparence. Déniché au hasard de mes pérégrinations sur la toile, ce que j’estime être un premier album mérite néanmoins le coup d’oreille, ne serait-ce que par la puissance et la méchanceté qu’il dégage. Dans un créneau qui exige un investissement total et un minimum de créativité, les MAGDALENE font preuve d’une belle assurance rythmique, et jouent évidemment le Crossover, comme l’indique le putassier « Blackened Hardcore » qui les qualifie. Pas sûr pour autant que les musiciens ne s’en accommodent, leur musique empruntant des chemins divers pour parvenir à sa destination : un ailleurs chaotique, sombre, bruyant, qu’ils dépeignent très bien lors de ces huit titres tassés comme un expresso méchamment dosé.
Mais s’il y a une information exploitable à leur propos, c’est leur provenance. En effet, ces mercenaires bruitistes viennent de Portland, Oregon, et pour qui connaît la scène locale, cette précision sent déjà très bon. On sait les musiciens de Portland incorruptibles, portés sur la rage et l’obstination, et les MAGDALENE ne font pas exception à la règle. Malgré de nombreux interludes mélodiques, des cassures symptomatiques d’un Post-Hardcore raisonnable mais sophistiqué, Lightcarver est une toute petite lumière blafarde au bout d’un tunnel interminable, qui vous laisse entrevoir un avenir encore plus éprouvant que votre triste présent.
Black Metal et Hardcore, on connaît le mélange, qui la plupart du temps explose de façon unidirectionnelle. Sauf que dans le cas de ces animaux-là, le cocktail est aussi relevé, mais l’impact beaucoup plus étendu et diffus. A la manière d’une bombe à fragmentation, leur musique explose en plein vol, et fait subir des retombées à tous les auditeurs. Nous avons donc droit à tout l’éventail d’armes dissuasives du marché, entre Post-Hardcore venimeux et létal et charge virulente qui pulvérise un bunker et l’horizon sans faire de détails.
Entre approche maladive, oppressante et vraiment traumatisante (« Famine », dissonance, désespoir, dépression, mais entremêlement de voix incroyable) et interludes limite Indus qui collent les foies (« Moloch »), MAGDALENE brosse un tableau de notre époque qui n’a rien de réjouissant. Se plaçant dans la plus droite lignée des combos les plus nauséeux de Portland, la bête s’amuse avec nous comme une lionne avec sa proie, nous secoue dans tous les sens avant de porter le coup de crocs fatal (« Alma », vraiment vilain, et sanglant comme une scène de crime). Avec une basse énorme qui donne des à-coups, une guitare qui s’amuse des dissonances, des stridences et des riffs purement BM, Lightcarver joue sur du papier de verre méchamment abrasif, mais qui présente tout de même quelques portions de surface polies. Ce polissage vient de mélodies amères placées judicieusement, qui laissent passer un timide rai de lumière froide, avant que l’attaque ne reprenne de plus belle. La fameuse théorie sadique espoir/lucidité, avec un peu de CLOSET WITCH, un peu de PRIMITIVE MAN, un peu de PORTAL, pour un résultat qui laisse des coulées de sueur dans le dos.
Rois du contrepied et de l’enchaînement improbable, les américains jouent leur va-tout et le jouent bien. La fin de l’album nous laisse seul avec deux pièces consistantes, dont la première n’est pas sans rappeler les tortures mises au point par les légendaires BREACH. « Anemoia », exercice rythmique, abandonne pour quelques instants le chaos pour se concentrer sur une plaie qui suppure, nous soignant avec une bande de gaze moisie et des instruments tout sauf stérilisés. Le chant, tout en dualité appuie là où ça fait le plus mal, et les changements de ton sont autant de changements d’humeur de maniaques en manque de douleur. Aussi catchy qu’il n’est infâme, ce morceau est définitivement la preuve que les MAGDALENE ne se contentent pas de brûlots qui défouraillent sans réfléchir, et que leur action a été minutieusement préparée.
Changements de beat incessants, atmosphère confinée et étouffante, alternance de douceur et de douleur, ce premier LP est un monstre d’efficacité négative. « Descension (A Worthless Penance) » en est la preuve ultime, s’il en était besoin, nous opposant une intro délicate avant de nous atomiser les tympans d’une reprise bourrue. Mais encore une fois, ce jeu de rythmique, cette guitare insaisissable, et ce chant semblant émaner d’une vieille friche industrielle de Portland évoquent le meilleur du pire de la scène locale, et l’état mental de musiciens nécessitant une bonne thérapie de groupe. Un album à écouter lorsque tout va bien, histoire d’anticiper le pire à venir.
Et croyez-moi, le pire va VRAIMENT venir.
Titres de l’album:
01. Exsanguination
02. Frailty
03. Lightcarver
04. Famine
05. Moloch
06. Alma
07. Anemoia
08. Descension (A Worthless Penance)
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