Les années 80 sont terminées, mais le désir demeure!
Ainsi pourrait se résumer la bio des jeunes allemands de BACKSLASH, qui en effet semblent regretter que cette décennie soit terminée depuis si longtemps, et qu’ils n’aient pu la connaître telle qu’elle était alors…Les fringues semblant achetées dans une friperie tenue par David Johansen et Akira Takasaki, les poses outrancières on stage, l’excès d’attitude sans limite, et surtout, cette liberté, cet affranchissement des codes, cette sensation de ne pas devoir avoir honte de ce que l’on est…Nous avons tous connu ça, nous qui sommes nés suffisamment tôt pour en ressentir les premières vibrations, et nul n’a pu oublier le jour où il a découvert pour la première fois les riffs de basse de Steve Harris, le chant de Phil Lynott, les refrains de DEF LEPPARD ou les attaques soniques de VENOM. Je m’en souviens très bien, moi qui ai commencé mon apprentissage via le « Motorcycle Man » de SAXON et le « Revelations » de MAIDEN…Depuis bientôt quarante ans et l’avènement du Grunge, les groupes du monde entier s’ingénient à retrouver l’essence même du Heavy Metal et du Hard Rock tels qu’ils étaient joués à ce moment-là, et certains se débrouillent tellement bien qu’on s’y croirait, pour peu que l’on fasse preuve d’un peu d’imagination. On sait qu’à ce petit jeu-là, les scandinaves sont les plus forts, mais occulter l’intelligence et la prédominance des allemands, qui ont joué la partie en temps et en heure serait une cruelle injustice, que les BACKSLASH corrigeraient immédiatement. Formé à la rude école d’outre-Rhin, ce quintette avec foi et lois s’évertue depuis ses débuts à combiner l’authenticité rude de la NWOBHM et le sens américain du spectacle démesuré, histoire de synthétiser une décade en toute exhaustivité.
Ayant déployé ses ailes en 2007, le groupe au line-up très stable (Alex Trojan - basse, David Hofmeier - batterie, Daniel Hölderle & Christian Haas - guitares et Clement Haas - chant) s’est payé le luxe de signer trois longue-durée, Separate But Equal en 2013, Sinister Lightning en 2015 et Lightning Strikes Again cette année, sans marquer le pas ni manquer de jus. Et autant dire que le savoir-faire manifesté par ces jeunes défenseurs d’un Metal presque non dilué est assez convaincant dans les faits, se proposant de revisiter à sa sauce les origines tout en gardant la tête tournée vers une époque qui se satisfait très bien de cette nostalgie. Nostalgie certes, mais pas passéisme, puisque si les compositions des allemands sonnent résolument comme des hymnes sincères au Heavy Metal de source, elles n’en abandonnent pas pour autant cette patine contemporaine qui leur permet de ne pas s’enliser dans la redite maladroite et l’emprunt confinant au plagiat. S’il est évident qu’on reconnaît deux ou trois trucs à l’écoute de leur nouvel album, qui ressemble presque trait pour trait aux précédents, il faut plutôt y voir un amour inconditionnel des maîtres en la matière, plutôt qu’un vol d’inspiration grossier. Car en mélangeant la fluidité mélodique d’un THIN LIZZY, la violence maîtrisée d’un SATAN, et l’agressivité malléable d’un DIAMOND HEAD, tout en diluant le tout dans un art mélodique consommé digne du STRATOVARIUS le plus adouci, les BACKSLASH ne se contentent pas de citer, ils reprennent à leur compte pour développer leurs propres arguments, même si certains clins d’œil sont plus qu’appuyés. Inutile d’ailleurs d’essayer de recenser leurs influences à moins de vouloir compiler un bottin de tous les groupes émergents de l’orée des 80’s, et autant apprécier la légèreté d’apparence de leur musique, qui griffe sans faire saigner, qui mord sans percer la jugulaire, et qui frappe sans laisser de traces, mais sans non plus se contenter d’être un gentil succédané pour metalleux un peu trop peureux.
Comme d’habitude, les reproches que l’on pourra formuler à l’encontre de ce troisième album est sa linéarité, puisque certains morceaux se succèdent sans vraiment chercher à se différencier. Par extension, la longueur de Lightning Strikes Again joue aussi en sa défaveur, puisqu’en frisant l’heure de jeu, il provoque une certaine acclimatation qui se transforme parfois en lassitude, au regard du caractère monolithique d’une rythmique qui ne varie guère ses approches, et de riffs qui jouent la corde sans tenter de transcender leur staccato un peu trop régulier. Le chant très fluet de Clement Haas manque aussi de hargne dans les passages les plus chauffés, et après une quarantaine de minutes en sa compagnie, la flamboyance d’un Dickinson ou la rage d’un Udo peuvent faire défaut, bien que le Hard pratiqué par les cinq allemands ne nécessite pas vraiment un vocaliste lyrique ou démoniaque. Et c’est sans doute ce que les plus exigeants reprocheront aux BACKSLASH, ce juste milieu qui s’il séduit au début ne manquera pas de frustrer à mi-chemin, tant certains plans devraient se montrer moins raisonnables et plus explosifs, histoire de nous contenter. On se dit parfois que ce pattern de batterie trop calme et ces riffs vraiment trop sages ne nous font pas vraiment planer, même si le formalisme de surface et l’interprétation millimétrée ne supportent pas la critique. L’exemple le plus probant reste « Steel Held High », et ses clichés littéraires assumés, qu’on aurait vraiment préféré plus allumé, et qui pendant plus de cinq minutes garde le même cap sans proposer un break plus échevelé…Dommage, mais d’un autre côté, lorsque l’alternance est pratiquée avec plus de flair, l’inspiration passe admirablement bien la rampe, comme sur le modulé « Save My Heart », plus symptomatique du Hard US naissant que du Heavy à l’européenne saignant.
Mais avec une entrée en matière en coup de fouet de la trempe de « Lightning Strikes Again », plus complice toutefois de l’école suédoise que du nippon nitroglycériné à la LOUDNESS, une power-ballad splendide comme « Unknown Heroes », qui vient très finement ventiler le tout de son mélange LIZZY/MAIDEN, et ce petit cadeau final prenant la forme d’une reprise tout à fait honorable des danois obscurs de RANDY (« It’s Got To Be Love », démo 1987 à redécouvrir pour le coup), Lightning Strikes Again propose donc un bilan tout à fait honorable d’un parcours qui s’il n’évite toujours pas les erreurs de jeunesse et la complaisance de croyance, parvient quand même à nous faire ressentir le souffle originel, d’une façon plus ambiancée que les groupes évoqués. On demandera pour la suite des évènements peut-être un peu moins de pondération, sans sombrer dans les clichés Heavy les plus éculés, ou alors, des différences plus marquées entre le côté violent et l’aspect mélodique, pour créer un décalage plus prononcé. Mais avec deux bons tiers des titres qui valent la peine d’être écoutés, les BACKSLASH négocient le virage serré du troisième album peut-être un peu trop juste, mais passent quand même la rampe et méritent d’être encouragés.
Titres de l'album:
1. Lightning Strikes Again
2. Night City Street Lights
3. Skyline Rider
4. Eyes of a Stranger
5. Illuminate the Night
6. Steel Held High
7. Save My Heart
8. Shine On
9. Unknown Heroes
10. Right to the Top
11. It's Got to Be Love (RANDY Cover)
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