Vous connaissez cette expression, « de toutes façons, même habillée comme un sac, les cheveux gras, le premier jour de tes règles et sous l’éclairage d’un néon blafard, tu serais quand même la plus belle » ? Non ? C’est normal, elle est de mon cru, et pourtant, aussi déplacée semble-t-elle dans le contexte d’une chronique, elle s’applique totalement au cas de figure du jour. En substance, elle traduit trivialement le fait que n’importe quel album sur lequel Harry HESS chante tient du génie, et représente la quintessence d’un Hard Rock mélodique moderne, que l’homme a quasiment inventé seul, aux côtés toutefois de son compère de toujours Pete LESPERANCE. Nous allons encore y revenir, mais certaines mises au point répétitives ne le sont jamais en vain, mais HAREM SCAREM a représenté aux années 90 ce que JOURNEY fut aux années 70, une définition, un art insurpassable, une mine de hits que le public a transformés en classiques, et une liste de critères à respecter pour enregistrer un chef d’œuvre sans faire de faux pas. Mais HAREM SCAREM fut et est, et il en va de même pour le projet parallèle FIRST SIGNAL, né de l’imagination terriblement fertile du CEO italien Serafino Perugino, qui un beau jour de 2010 accueillit Harry avec une poignée de morceaux qu’il souhaitait le voir interpréter. Séduit par cette attention, mais aussi par la qualité des chansons suggérées, le chanteur de référence accepta donc de se lancer dans ce nouveau projet, son groupe principal étant alors dormant. C’est ainsi que Harry et Dennis WARD scellèrent un pacte d’amitié artistique, débouchant sur l’enregistrement et la parution d’un premier LP éponyme, d’un niveau harmonique sans égal, et qui annonçait une longue carrière que nul ne semblait entrevoir à l’époque. Depuis, c’est le suédois Daniel FLORES (ISSA, THE MURDER OF MY SWEET) qui a pris la suite, de ses claviers, batterie et sens de la production, et le nouveau tandem de graver un second long, après la reformation du modèle SCAREM pour Thirteen…
Nous aurions pu nous dire qu’avec son groupe d‘origine réactivé, le talentueux HESS allait se recentrer, mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté de Frontiers et de Daniel, qui ont su convaincre Harry de remettre le couvert pour un troisième longue-durée. Et grand bien lui en pris, puisque ce Line of Fire, troisième signal envoyé par FIRST SIGNAL est sans doute ce que le projet a proposé de meilleur depuis sa conception, atteignant même les cimes de qualité enivrantes autrefois défiées par l’aigle HAREM SCAREM. Sans vouloir être définitif, ces onze nouveaux morceaux sont probablement ce que vous pourrez entendre de plus immaculé dans le petit domaine de l’AOR contemporain, surpassant la plus grosse partie de la production Frontiers actuelle, pourtant au sommet de sa forme. Et avec des formules à l’emporte-pièce, des jugements hâtifs, et un peu de subjectivité guidée par la passion, j’irai même jusqu’à affirmer que Line Of Fire est l’album que les HAREM SCAREM auraient dû enregistrer à la suite du monument Mood Swing, pour en confirmer la domination sur des nineties fatiguées. Mais en tempérant quelque peu mon enthousiasme, et pour me rapprocher d’une réalité de faits, je pourrais dire que Line of Fire se place en convergence de Hope et Mood Swing de HS, en incarnant une sorte de chaînon manquant, mais qu’il domine des mélodies et de l’énergie les deux premiers LPs de FIRST SIGNAL. En formation quintet (Daniel FLORÈS - claviers/batterie, Michael PALACE - guitares, Johan NIEMANN - basse, Darren SMITH - chœurs et Harry HESS - chant), le groupe joue toujours sur du velours, et s’en remet à des compositions signées par un panel impressionnants de créatifs (Stan Meissner, Harry Hess, Henrik Hedström, Lars Edvall, Anderz Wrethov, Andreas Johansson, Carl Dixon, Bruce Turgon, Sören Kronqvist, Morgan Jensen, Hal Marabel, Daniel Palmqvist, Ulrick Lönnqvist & Nigel Bailey). Le tout est bien évidemment emballé dans une production sur mesure peaufinée par Daniel, qui une fois encore est parvenu à trouver un équilibre stable entre férocité et douceur, nous offrant de fait un compromis idéal entre AOR fatal et Hard mélodique saignant, mais abordable. Et la sentence tombe sans appel, puisque ce troisième album représente la quintessence d’un style qui évite la nostalgie à outrance pour accepter son époque et lui offrir l’un des plus beaux cadeaux qui soit.
Difficile de faire son marché dans cet Eden de chansons toutes plus belles les unes que les autres. Pourtant, en choisissant d’y faire figurer sur les étals des morceaux datant quelque peu (« Born to Be a Rebel », co-composée par Hess et Stan Meissner en 1989, et « Walk Through the Fire » / « Never Look Back Again » du même Meissner), HESS a pris le risque de jouer la carte trop prononcée du vintage, ce que la production de Flores évite de ses guitares saignantes et de sa rythmique proéminente. D’ailleurs, et ce malgré une intro aux claviers veloutés, « Born to Be a Rebel » incarne une sorte de parangon de la perfection entre Heavy harmonieux mais appuyé et FM relevé, dans la plus grande tradition du BON JOVI des mid 80’s, et du HAREM SCAREM le plus caressant. Harry, très en voix comme d’habitude, profite de chœurs très en avant pour soigner ses harmonies vocales, tandis que la guitare de Michael PALACE lâche des riffs sans compromis, permettant au groupe de se situer au juste milieu de la puissance et de la nuance. Volonté de ne pas choisir totalement son camp, qui se confirme au gré des pistes qui frisent tellement la perfection qu’elles l’atteignent, comme une synthèse de Richard MARX, HARDLINE, et SCAREM, avec des tubes que le Billboard aurait pu chouchouter il y a quarante ans (« A Million Miles »). Rarement un disque aura sonné aussi spontané et frais que professionnel et carré, que l’emphase soit mise sur l’émotion (« The Last of My Broken Hearts »), ou sur le pilonnage dansant totalement euphorique (« Tonight We Are the Only », on dirait que l’école suédoise actuelle a fait des émules).
En quarante-trois minutes, le quintet nous donne une leçon de savoir-faire tout bonnement sidérante, copiant les meilleurs aspects de HAREM SCAREM pour les propulser vers l’avenir (« Walk Through the Fire »), ou mêlant l’acoustique cristalline et les power-riffs anthémiques (« Here With You »). Et entre les citations d’époque (« Need You Now », on se croirait franchement en 1988), et les accélérations musclées (« Falling », un pur burner que les PRETTY MAIDS et SCORPIONS auraient pu se disputer), Line Of Fire est plus qu’un simple troisième album, il est un feu d’artifices célébrant le talent incontestable de musiciens passionnés, qui individuellement restent des références, mais qui une fois ensemble multiplient leurs compétences par mille. Et si ce signal n’éveille pas vos consciences, c’est que vous êtes perdus pour la cause depuis longtemps.
Titres de l’album :
01. Born to Be a Rebel
02. A Million Miles
03. The Last of My Broken Hearts
04. Tonight We Are the Only
05. Walk Through the Fire
06. Never Look Back Again
07. Line of Fire
08. Here With You
09. Need You Now
10. Falling
11. The End of the World
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