Lions

Tokyo Motor Fist

10/07/2020

Frontiers Records

Frontiers, encore et toujours. Serafino et ses plans finauds, et une nouvelle fois, l’addition de deux talents individuels au service d’un collectif performant. Toutefois, est-il juste de parler de TOKYO MOTOR FIST comme d’un supergroupe ? La question de pose, et j’envisage la chose plutôt comme un duo fameux, et la collaboration entre deux musiciens talentueux et attachants, tous deux survivants de la vague Hair Metal de la fin des années 80/début des années 90. Pour les étourdis ayant manqué le premier épisode de la saga, TOKYO MOTOR FIST a été fondé par deux figures de la scène US d’il y a trente ans, avec d’un côté le chanteur de DANGER DANGER Ted Poley, et de l’autre le guitariste de TRIXTER Steve Brown, soit deux acteurs essentiels du mouvement Hard Rock mélodique d’antan. Les deux leaders sont secondés par d’autres musiciens au pedigree établi, avec Greg Smith à la basse (Ted NUGENT, RAINBOW, Alice COOPER) et Chuck Burgi à la batterie (RAINBOW, BLUE OYSTER CULT, Joe Lynn TURNER), mais c’est véritablement la longue histoire d’amitié entre Ted et Steve qui incarne l’essence même de ce projet qui ne surprendra personne, encore moins les fans des deux musiciens. Il est évidemment question de Hard Rock californien ici, ce qu’on réalise assez rapidement, mais du meilleur évidemment, ce qui n’a rien d’étonnant non plus au regard du passif des deux têtes pensantes. Et Serafino, trop heureux de voir ses deux poulains collaborer a du se frotter les mains lorsqu’il a découvert le premier et éponyme LP du concept, qui respectait en tout point les règles établies il y a quelques décennies.

II - Lions poursuit donc le travail entrepris sur le premier LP du combo, et propose son lot de chansons souriantes, de mélodies chatoyantes, de rythmiques enlevées et de chœurs enjoués. Composé et écrit par Steve Brown, mixé par Bruno Ravel et masterisé par Maor Applebaum, II - Lions est plus qu’un second album aussi réussi que le premier, il est une ode à l’hédonisme en vogue aux Etats-Unis dans les années 80, et plus particulièrement une symphonie composée en l’honneur des fans de TRIXTER, DANGER DANGER, mais aussi de CHEAP TRICK, DEF LEPPARD, MÖTLEY CRÜE, BON JOVI, WARRANT, et même des BACKYARD BABIES lorsque l’intensité monte d’un cran et que l’instrumental adopte des postures un peu plus punky et pêchues. C’est à ce point troublant qu’on a parfois le sentiment d’écouter un hit inédit de BON JOVI de la période Slippery When Wet, en compagnie de la signature de Phil Collen et Steve Clark, lorsque résonne « Mean It », qui aurait fait un malheur dans le Billboard de 87/88. La recette est évidemment bien connue, des couplets accrocheurs menant sur des refrains fédérateurs, mais la joie de jouer, la perfection des arrangements, l’euphorie des chœurs font qu’on craque sans résister, et une fois encore, le travail de Steve à la composition se montre admirable. Pour un peu, on se croirait sur le trottoir du Sunset à attendre le début d’un concert, entouré de potes aux perfectos immaculés et de charmantes demoiselles aux tenues affriolantes. Mais il n’y a pas de honte à se montrer nostalgique, spécialement lorsque la musique est aussi intelligemment composée, et constituée de souvenirs magiques évoquant une adolescence qui parait moins lointaine le temps d’une chanson. Et le groupe ne s’est pas moqué de nous, puisque même la production semble reproduite à l’identique, et les chansons si heureuses qu’on a l’impression de voir Ted sourire sur l’écran de l’ordinateur. Et en onze morceaux, II - Lions donne une leçon magistrale d’AOR et de Hard Rock mélodique, sans jamais tomber dans les travers putassiers de la séduction old-school forcée.

Et dès les premières secondes en cascade de solo de « Youngblood » dans les oreilles, le voyage peut commencer, et les guides sont des hôtes de première qualité, toujours prompts à vous faire plaisir. Evidemment, le trip est garanti sans danger, avec tous les risques calculés, mais cette sensation de liberté et de joie fait vraiment plaisir à entendre, et nous pouvons contempler le panorama à travers les vitres sans nous poser de questions d’éthique inutiles. Après tout, Ted et Steve connaissent la chanson, et la chantent toujours aussi bien, même si la voix de Poley n’a jamais été de celles qui peuvent rivaliser avec les Steve Perry ou Tony Harnell. Mais en évoquant toutes les nuances d’un Hard Rock souvent moelleux et radiophonique, et parfois plus piquant et homérique, TOKYO MOTOR FIST propose un résumé exhaustif des années Los Angeles, entre mid tempo accrocheur en diable (« Monster In Me ») et party wild à la BACKYARD BABIES (« Around Midnight »). Cependant, la facilité d’exécution n’empêche pas les ambitions, et certains segments plus développés font montre d’un panache certain dans l’agencement, avec en exergue le superbe et évolutif « Lions », qui ose une ambiance plus tamisée sur laquelle la voix de Ted, un peu fragile, fait merveille. C’est du taillé sur mesure, évitant le sirupeux et les gimmicks faciles, et les tubes se succèdent, mettant en valeur le talent intact de Steve Brown, toujours prompt à dégainer des riffs Heavy inspirés de LED ZEP pour se rapprocher d’un BADLANDS ou d’un EXTREME (« Decadence On 10th Street »).

Tout est évidemment bien calibré, et parfait, mais cette perfection n’occulte pas la passion de deux musiciens n’ayant jamais trahi leurs convictions. Qu’attendre d’autre en effet de ces deux hommes qu’un Hard Rock joué avec le cœur, flirtant parfois avec le Rock plus léger (« Dream Your Heart Out »), et s’aventurant avec parcimonie sur le terrain de la sensibilité, le temps d’une ballade plus DEF LEP que nature (« Blow Your Mind ») ? Impeccablement composé et produit, II - Lions est une immersion dans l’océan de souvenirs heureux, lorsque les vagues charriaient toutes les semaines leur lot de sorties enthousiasmantes, et que les héros Hair Metal dominaient le monde de leurs mélodies chatoyantes et de leur envie de mordre dans la vie à pleines dents. On sent le soleil tanner notre peau, on aperçoit les jolies naïades passer sur la plage en bikini blanc et rose (« Sedona »), et on oublie pendant quarante-cinq minutes les soucis d’une époque aussi troublée qu’une photo jaunie. Superbe de bout en bout, ce second album valide l’existence même du concept, et renforce les liens unissant Ted, Steve et nous. Les deux hommes ont même la gentillesse de terminer l’histoire avec un épilogue Heavy en diable, et « Winner Takes All » de se poser en ultime hit d’un disque en étant rempli jusqu’à la pochette. Une sacrée réussite que ce II - Lions, qui en plus d’être une magnifique démonstration de sincérité Hard Rock, incarne aussi un passé pas si lointain, pour peu que votre mémoire ne vous joue pas de tour pendable. Avoir le sourire pendant trois quarts d’heure est une opportunité trop rare pour être refusée. Voici la morale à tirer d’un album qui chasse les nuages au loin pour laisser passer le soleil le plus chaleureux.  

      

                                                

Titres de l’album :

01. Youngblood

02. Monster In Me

03. Around Midnight

04. Mean It

05. Lions

06. Decadence On 10th Street

07. Dream Your Heart Out

08. Blow Your Mind

09. Sedona

10. Look Into Me

11. Winner Takes All


Facebook officiel


par mortne2001 le 11/07/2020 à 14:39
90 %    1201
Derniers articles

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report

Wishbone Ash

mortne2001 18/03/2025

Live Report

Peter Hook and the Light

RBD 14/03/2025

Live Report

Fanzinat - Projection du Documentaire

mortne2001 23/02/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
LeMoustre

J'irai peut-être un jour mais comme toi... Pas encore. 

16/04/2025, 18:38

Humungus

J'ai réussi à dégoter le numéro 2 (improbablement sur Vinted...).Si une bonne âme veut se désister ou a un bon plan pour le #1... ... ...

16/04/2025, 10:47

zoom zoom zoom

@lemoustre : retourne à l'ehpad, papy

16/04/2025, 05:21

LeMoustre

Soit dit en passant ceux qui étaient a Anthrax au Zénith il y a quelques mois ont dû prendre un sacrée branlée ! Un groupe doté d'une pêche d'enfer et qui a mis la salle a genoux direct sans temps mort. Tuerie que bien des jeunes peuvent re(...)

15/04/2025, 18:28

LeMoustre

Moi j'aime bien les masques ^^. Ils tombent lorsque la personne se révèle ne pas être en connaissance d'éléments de contexte et se permet d'émettre des généralités sans savoir ni approfondir le genre décrié(...)

15/04/2025, 17:29

mortne2001

Il faut évidemment attendre l'album complet, mais le titre a été composé par Jim Durkin avant sa mort. Ceci étant dit; j'espère que l'album en question sera d'un autre niveau, parce que le cahier des charges de tous les reproches que j(...)

15/04/2025, 16:56

mortne2001

@Gargan, non malheureusement, je n'ai pas pu y aller. Je m'en mords encore les doigts...

15/04/2025, 16:51

Jus de cadavre

On peut avoir tourné la page, écouter des nouveaux trucs, mais se faire un kiff en réécoutant ou en allant voir les anciennes légendes d'un style selon moi. L'un empêche pas l'autre. Alors oui c'est des papis (encore que Slayer sur sc&e(...)

15/04/2025, 08:56

DPD

Imagine un concert avec Maiden Slayer Megadeath et Metallica, imagine à quel point se serait de la merde.

15/04/2025, 08:17

DPD

Et va te faire foutre avec ton histoire de masque à la con, comme si je cachais quelque chose.

15/04/2025, 07:56

DPD

J'en ai juste marre des nostalgiques à la con qui sont incapables de tourner la page. Tu aurait une reformation avec tout les membres de ton groupe que tu aimais ado en fauteuil roulant que tu aurais un public pour dépenser 500 balle le ticket. Oui c'est à charge..

15/04/2025, 07:52

LeMoustre

Les masques tombent. Je vois. Ton post n'a donc aucune crédibilité vu que c'est à charge. On se demande donc bien quel est son intérêt ici. Un mystère de plus. Comme si moi j'allais poster sous un groupe ou sous un style dont je me balec. Br(...)

15/04/2025, 06:37

DPD

Tu as des mecs qui déboursent une fortune pour aller voir les vieillards de Black Sabbath jouer péniblement, à un moment il faut tourner la page désoler, pareil pour Maiden et compagnie.

15/04/2025, 05:15

DPD

Oh mais si ça ne tenait qu'à moi tout ce qui est heavy ou thrash speed et compagnie c'est poubelle. On a poussé le metal plus en avant, ces reculs nostalgique d'adulescent c'est pas pour moi.

15/04/2025, 05:06

LeMoustre

On reconnaît quelques intonations de Rinehart mais a l'instar de Doty, qu'on a pu entendre sur des réenregistrements, ça sonne pas terrible. Bon attendons tranquillement l'album.Par contre pas d'accord avec les posts précéde(...)

14/04/2025, 17:28

Saul D

Je rejoins en partie Arioch91...le chant? Et la production? Ca manque d'âme je trouve, en tout cas si je compare à "Darkness Descends" ( oui, c'est le seul album que je connais d'eux....)....

14/04/2025, 14:35

Saul D

Un petit message hors sujet mais bon, je regrette en effet la disparition du Fall of Summer...

14/04/2025, 14:30

Gargan

@Mortne tu avais vu Kotzen au Crossroad en juin dernier ?

14/04/2025, 08:45

Simony

Bon ça me parle déjà plus que leurs dernières sorties, on retrouve un peu d'adhérence dans les guitares, à voir !

14/04/2025, 07:29

RBD

La différence de style n'est pas surprenante, ils n'ont jamais refait le même album. Mais ça rend mou, fatigué, sans inspiration... et décevant après une si longue attente. Espérons que le reste soit meilleur.

13/04/2025, 12:10