Remarqué en 2020 suite à la parution d’Antediluvian Scriptum, premier album très expansif, les albigeois d’OBSIDYEN reviennent enfoncer le clou en 2023 par l’entremise d’un deuxième disque, encore plus ambitieux et grandiloquent que le précédent. Quatre ans d’existence, deux chapitres, voilà donc un début tonitruant pour l’un des groupes de Black Metal les plus fascinants de cette (jeune) décennie. Et après avoir dégusté Litany Of Iah, on peut se dire que les français n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère, en termes de créativité, de puissance, d’originalité et de grandiloquence.
Litany Of Iah est la première partie d’une trilogie consacrée au culte du serpent, à travers le monde, les civilisations et les religions. Sujet vaste tant le reptile est symbolique depuis la nuit des temps, détenteur de la sagesse, de la force et du renouveau. Et en matière de force, autant dire que ce nouveau pamphlet nous en donne pour notre foi.
Fascinés depuis le départ par les anciennes civilisations, et la supposée colonisation extraterrestre de la terre ayant engendré les cultures polythéistes, OBSIDYEN joue donc avec la mythologie, et nous livre une prestation immense, sans pour autant fouiner dans les recoins de l’avant-garde. Ce qui caractérise leur Black, que certains jugent Post à tort, c’est ce décalage entre la violence du propos, et la finesse des mélodies inscrites en filigrane. Avec quelques accents orientaux disséminés de çà et là, les albigeois nous racontent une histoire éternelle, entre la Mésopotamie et le symbole de l’Ouroboros, via une bande instrumentale chargée, aux proportions presque symphoniques.
Mais l’âpreté du propos empêche le quatuor (Kharon - guitare, Omega - chant/guitare, Damian - batterie et Svart - basse) de sombrer dans les affres de la prétention et celles d’un décorum de carton-pâte. Les espaces décrits sont immenses, le vide est systématiquement comblé par des accès de rage incroyables, et peu d’espaces négatifs peuvent prétendre exister. Tout au plus lors de transitions, ou de passages plus atmosphériques que la moyenne.
Enrobé dans une production monstrueuse, Litany Of Iah exige de multiples écoutes, et un temps consacré conséquent. Après tout, avec trois compositions foulant les neuf minutes et plus, inutile de penser s’en tirer avec un simple survol. Et l’album étant construit comme un gigantesque crescendo de près de cinquante minutes, il est évident qu’une oreille distraite serait une insulte envers ces musiciens qui ont tout donné pour concrétiser leur vision.
Tout démarre pourtant dans le calme et la béatitude, avant que « Litany of Iah », title-track ultime ne vienne broyer la sérénité de sa méchanceté. On prend immédiatement acte de ce riff tournoyant comme aux plus grandes heures des charognards norvégiens, mais on note aussi la propreté de l’ensemble, le mixage nous permettant de distinguer tous les détails. La brutalité ouverte, la théâtralité emphatique, ce désir de bousculer les têtes d’affiche confèrent à ce premier morceau une aura maléfique, comme une prophétie du fond des temps se réalisant à l’aube d’une apocalypse qu’on ne peut évidement plus éviter. Les musicien se livrent corps et âme à leur art, et le résultat est tout simplement grandiose, entre fresque historique et fouilles archéologiques fructueuses.
Avec une première partie juste au-dessus de la barre du quart d’heure (mais riche comme l’album entier d’un concurrent quelconque), Litany Of Iah situe le contexte, dessine les alentours, et nous embarque dans un voyage mystique, à la rencontre des diverses incarnations de ce serpent aux crocs menaçants, mais à la sagesse indiscutable. Le reptile ne se mord donc pas la queue, mais prépare son attaque avec minutie et intelligence, avant de s’imposer comme divinité obligatoire d’une religion ancienne.
Et la guitare acoustique de « The Passenger of Nout » sonne le rappel. Cette seconde partie de l’histoire réserve des surprises en grand nombre, et ose même l’évolutif ambitieux, avec un timing dépassant la demi-heure sans complexes. C’est à ce moment-là que les racines Post reprennent leur pousse, le quatuor opposant à sa déflagration initiale une certaine quiétude harmonique. Mais les coups de boutoirs d’une rythmique inépuisable, le chant grave et légèrement érodé et les guitares en totale liberté viennent rapidement remettre le projet sur le droit chemin, et la bestialité froide de l’ensemble à quelque chose d’académique, comme un vestige analysé avec des gants et moult précautions.
Ne lâchant pas des morceaux interminables pour la beauté du geste ou pour obéir à un élitisme déplacé, OBSIDYEN s’appuie sur de solides arguments, et évite de gloser dans le vide. On prend acte de cette voix féminine éthérée et désincarnée en ouverture de « The Eternal Confinement », avant qu’une fois encore, la violence ne reprenne ses droits dans une déflagration assourdissante, mais sans se départir de ces réflexes mélodiques qui aèrent l’ensemble.
Beaucoup plus nuancée, cette seconde partie est assurément le point fort de ce nouvel album. Même si les schémas utilisés partagent des points communs avec une première partie plus directe, les dissonances, les assonances, les stridences et autres atonalités permettent d’entrevoir une autre réalité, correspondant peu ou prou à l’application de préceptes mythologiques dans un contexte moderne.
Il serait injuste de considérer le tout comme un regard toisant le reste de la production. Ambitieux mais pas fanfaron, OBSIDYEN tient à sa singularité et à son approche. Il est donc tout à fait raisonnable et objectif de considérer cet album comme la bonne surprise BM de cette fin d’année qui nous aura pourtant bousculés de projets tous plus passionnants les uns que les autres.
Litany Of Iah, achat logique, vous réserve des heures d’écoute fascinantes, et permet à ses concepteurs de devenir des chefs de file potentiels. Un serpent ornant leur blason évidemment.
Titres de l’album:
01. Ceux qui viennent d'en-haut
02. Litany of Iah
03. An Ancient Age
04. The Passenger of Nout
05. The Eternal Confinement
06. Apophis
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09