Je sais que le printemps est là, et bien là, que les températures grimpent, que le soleil brille et que les petites bêtes se grimpent aussi, mais restons concentré sur notre sujet de prédilection : le Metal, qui lui ne connaît pas de saison. Cela dit, une des sous-espèces de metalleux possède une tenue d’été, qu’il arbore avec fierté une fois la saison des festivals entamée (RIP). Il s’agit évidemment de notre ami le thrasheur, qui une fois la chaleur inondant son corps renonce à son classique jean pour arborer un short/bermuda du plus bel effet. Chaleur, thrasheur, deux raisons de s’intéresser au premier album de BLOODVALE, sorti certes il y a plus d’un an, mais qui a gardé en 2021 cette fraîcheur qu’il dégageait en 2020. Les BLOODVALE sont originaires de Bünde, ville qui les a vus naître il y a onze ans mais qui n’a eu conscience de leur potentiel de destruction qu’en 2015 à l’occasion de la sortie de leur première démo. Battle for Metal donnait donc le ton, mais préfigurait une fois encore un long silence de cinq ans avant que la bande n’ose enfin se frotter au défi du longue-durée avec ce Lobotomy, qui promet en effet de vous perforer le crâne de ses riffs en vrille.
We are BLOODVALE and we play Technical fuckin' Thrash !
C’est ainsi que nos amis allemands se présentent, sans morgue ni défiance, et autant admettre qu’ils sont effectivement fuckin’ Thrash ! Le côté technique de leur musique est évidemment présent, mais n’allez pas croire que ces quatre-là (Marc-Philipp Längert - guitare/chant, et seul membre d’origine, Henning Petersmann - basse/chœurs, Stefan "Moses" Feist - batterie et Eugen Post - guitare, respectivement intronisés à leur poste en 2018, 2019 et 2020) se la jouent Techno-Thrash à la DEATHROW/HOLY MOSES/LIVING DEATH/MEKONG DELTA, puisque en dépit de possibilités individuelles notables, leur musique reste puissante, sauvage, et largement assez franche pur convaincre le plus ancien admirateur de KREATOR encore en vie.
Autant donc parler de Thrash à option progressive, puisque les morceaux sont longs, très longs parfois, et bâtis sur des plans conséquents s’enchaînant parfaitement. Le groupe n’hésite d’ailleurs pas à jouer avec l’intensité, en frôlant parfois l’accident Death/Thrash (« Masquerade », qui grogne et blaste méchamment pendant quelques mesures), mais garde la mélodie sous le coude pour ne pas sombrer dans les affres du brutal trop corsé. Totalement à l’aise dans la mouvance nostalgique contemporaine, les quatre potes jouent donc crânement leur carte, sans bomber le torse, et nous livrent parfois des interventions harmoniques d’importance, se rapprochant dans ces moments-là du KREATOR le plus contemporain (« Awake but Asleep »). On pense au FORBIDDEN des années 90, à l’EXODUS du début des années 2000, et donc au versant le plus « récent » du Thrash classique, ce qui a le mérite de nous éloigner de la masse de production actuelle qui confond photocopieuse et copie artistique.
Des arguments à mettre en avant donc, de bonnes ambiances travaillées, l’agencement est esthétique et puissant, et la démonstration sans failles. Bien évidemment, en choisissant le parti-pris de longueur, le quatuor s’expose parfois à une redondance inévitable, mais parvient la plupart du temps à trouver l’arrangement idoine pour dévier de sa trajectoire (les petits soli dissonants et le refrain pur Power Metal de « Inhumankind », surprenants et enthousiasmants). Mais c’est évidemment « Lobotomy » qui nous met le plus clairement au parfum, avec ses huit minutes bien développées, et son entame au tempo échevelé. La rythmique monte alors en puissance, les BPM tombent comme des douilles, alors que les guitares moulinent comme des turbines pour imposer leur griffe. Impossible de ne pas penser au VENDETTA de Brain Damage, pour cette façon de sophistiquer le Thrash sans lui faire perdre en brutalité, et impossible de ne pas craquer pour cette soudaine poussée de rage qui tire l’album vers le haut, et qui le confronte à la réalité d’un Death léger et de mélodies très prononcées. Et c’est justement cet équilibre entre bestialité et finesse qui fait le charme de cet album, les BLOODVALE évitant avec grâce la niaiserie harmonique tout en sinuant entre les différents couloirs extrêmes.
On peut, si l’on est tatillon, formuler quelques reproches quant au timbre assez monocorde de Marc-Philipp Längert, qui a du mal à varier, mais son phrasé incroyablement précis dans les passages les plus saccadés, sa faculté à aller chercher les graves au fond de sa gorge en font un frontman digne et capable, tandis que Stefan "Moses" Feist alterne avec flair les attaques pour mettre ses riffs en valeur.
On regrettera quand même l’absence d’un morceau plus court et plus fou, même si « Who's your God? » s’amuse beaucoup de son côté Speed Punk passé au papier de verre Death, et on savourera le final long et hypnotique de « Obey the Nightmare » qui nous colle les miquettes de ses arpèges sombres et de son atmosphère nocturne. Un tableau exhaustif donc proposé par les BLOODVALE, créatif, personnel à défaut d’être totalement original, mais porté par des musiciens de premier ordre qui n’ont pas non plus oublié les fondamentaux de la composition Thrash. Un premier album épais, conséquent, qui demande un peu de temps avant d’être vraiment apprivoisé, mais qui laisse présager d’une suite de carrière ensoleillée. En short ou bermuda évidemment.
Titres de l’album:
01. Force of Will
02. Masquerade
03. Awake but Asleep
04. The Christ that Failed
05. Inhumankind
06. Lobotomy
07. Who's your God?
08. Obey the Nightmare
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