Lokomotiv Leitmotiv
Pantin Hilare
03/05/2024
Autoproduction
Alerté par mon bon ami Tanguy de T.H.I.N.K sur les réseaux sociaux, je me suis penché sur ce « nouveau projet », né du cerveau fécond mais Ô combien dérangé de Spontex, ex-ONCLE SLAM et HATE FORCE. Sachant ce bon ami très porté sur la chose Hardcore bordélique, je n’ai pu que me laisser aller à une écoute attentive, découvrant petit à petit les tenants et aboutissants de l’affaire. Et il y a de quoi s’interroger. Car en effet, PANTIN HILARE est tout sauf un concept né au débotté ces dernières années, mais bien un groupe formé dans les années 2000, jusqu’ici responsable d’un seul effort en autoproduction.
La première trace de PANTIN HILARE date de 2004, à l’occasion de la sortie d’un CD-R éponyme publié à compte d’auteur. Seule manifestation physique du groupe, ce premier EP est aujourd’hui complété par un longue-durée, enregistré il y a presque vingt ans. Si la nouveauté repassera, l’intérêt, lui, restera. Car ce premier album est symptomatique de la démarche de son créateur depuis la fin des années 80.
Tous les fans de Hardcore se souviennent d’ONCLE SLAM, égérie Jungle Hop notoire, et bien sûr de HATE FORCE, son prolongement nineties. Les échos d’une musique agressive et virile se répercutent encore sur les murs tatoués des salles les plus arpentées, et c’est donc en toute logique que Spontex a poursuivi sa carrière sur les mêmes chapeaux de roue.
Mais d’où vient ce nom totalement improbable ? Laissons les encyclopédies médicales nous éclairer :
Affection neurogénétique, caractérisée par un retard sévère du développement psychomoteur, une absence de langage verbal expressif mais une communication non verbale plutôt épargnée, une ataxie avec attitude de flexion des membres supérieurs, une hypertonie des membres inférieurs avec démarche sautillante, une hypotonie axiale, une mimique traduisant une joie permanente, une épilepsie et une microcéphalie fréquentes l'une et l'autre.
Une mimique traduisant une joie permanente. Voilà qui explique ce nom populaire de PANTIN HILARE. Une figure désarticulée, qui sautille et gesticule, avec un sourire affiché sur son visage. On imagine assez bien le tableau, mais il est aussi redoutablement bien décrit par ces dix morceaux dégoulinant de folie, d’hystérie corporelle et de handicap prononcé. Spontex n’a pas lésiné sur les cassures, les accélérations erratiques, pour se mettre à la hauteur des symptômes qu’il décrit.
PANTIN HILARE est donc un écho du passé, qui revient comme une grosse claque dans la figure. Ce premier véritable album, Lokomotiv Leitmotiv, emprunte à MAGMA son vocable et au Hardcore chaotique son discours. Difficile de ne pas penser à une version marionnettiste des NOMEANSNO, à une démarcation hystérique des cadors du Mathcore, et aux esthètes élitistes de l’Art-Rock. Le tout bien mélangé, généreusement assaisonné de larsen, et constellé de figures vocales acrobatiques à faire passer Mike Patton pour un animateur de balloche de camping. L’emprise est immédiate, le scat corrosif, la violence ouverte, et la liberté de ton sans contraintes. Il est donc très facile de se faire enrouler par ce tourbillon de brutalité saine mais quand même un peu atteinte, les cheveux coincés dans le broyeur de l’évier, et la cravate attachée à un montant de porte.
UNSANE fait partie des invités, tout comme les DEP, mais notre hôte est bien français, et ne brade pas son identité pour une crédibilité internationale. Difficile de croire que cet album a été enregistré il y a vingt ans, tant il dégage une énergie de folie, via une production dense, mais bien analogique. PANTIN HILARE n’a peut-être pas le contrôle de tous ses membres, mais ça ne l’empêche guère de pogoter comme un clown possédé.
Tout ceci est donc incroyablement enthousiasmant. Cirque pour adultes qui ont du mal à l’assumer, Lokomotiv Leitmotiv n’est pas un leftover sorti des placards pour rafraichir les mémoires à moindres frais. Il incarne ce versant totalement fou de la scène Hardcore la plus débridée, sublimée par un chant théâtral excessif et des figures de style rythmiques époustouflantes.
En l’écoutant, j’ai réalisé que mes jambes avaient pris leur indépendance. Mes mains aussi, décidant elles-mêmes quoi taper sur ce foutu clavier. Je me suis donc levé, légèrement horrifié par la constatation, mais il n’y avait déjà plus rien à faire, ce satané symptôme avait eu raison de ma constitution.
Je suis moi-même devenu un PANTIN HILARE.
Mais je ne regrette rien.
Titres de l’album:
01. Bobby-Jo & Les Dinosores
02. Supervisionik Tétacathodique
03. Miroir
04. Les Transports en Commun
05. Le Révélateur
06. Le Prédateur d'Envies
07. K.K.K.O.
08. Plastik
09. Vindicta
10. L'émotion Sélective
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Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
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Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
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J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
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T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
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