Avec un premier LP taquinant l’heure de jeu, il n’est guère étonnant que les mexicains de SHADOW OF DEATH nous proposent aujourd’hui un EP d’une demi-heure, timing plus que raisonnable dans le domaine du Thrash influencé Hardcore. Mais si la durée est importante, c’est bien la qualité qui prime sur la longueur, et sous cet aspect-là des choses, Lords Ov Apostocracy ne se fout pas de nous et fonce dans le tas avec une intelligence rare.
Formé en 2012 du côté de Celaya, ce groupe enragé (Crash - batterie, Edd-Mosh - guitare et Edyfuck - chant/guitare, sympathiques pseudos…) a toujours prôné une certaine franchise dans la violence, mais aussi une musicalité prédominante. Faisant fi des tendances nostalgiques actuelles, SHADOW OF DEATH se présente parfois comme une version sous stéroïdes de SUICIDAL TENDENCIES, le tout agrémenté d’une sacrée couche de Groove et de Heavy histoire de rendre la soupe plus corsée. Et en écoutant « A Call to Arms XXl », on réalise que les quatre années séparant cette nouvelle œuvre du précédent EP Stoner Fucking Thrash ont été utilisées à bon escient.
Oh wait… Stoner Fucking Thrash ????
Du Stoner Thrash, l’association ne manque pas de culot, mais se traduit de façon beaucoup moins opaque. Malgré une durée déraisonnable (deux titres de plus de sept minutes), les chansons de cet EP fonctionnent à plusieurs niveaux, l’efficacité étant le premier. Le second souligne une technique probante, et le troisième niveau de lecture nous assure de thématiques d’actualité, entre blasphème, folie digitale, dieux virtuels et autres maladies modernes. Les mexicains s’en prennent donc aux fausses idoles des écrans, ces influenceurs, vloggers, figures christiques qui font partie de notre quotidien et qui nous détournent de l’essentiel : les rapports humains et la communication directe, l’empathie et le dialogue, la générosité et l’abnégation. Et pour mettre en musique ces thématiques, le groupe a opté pour un Thrash redoutable et concentré, et emballé dans une production phénoménale aux graves brillants et aux médiums aiguisés.
Je ne cacherai pas que Lords Ov Apostocracy m’a durablement impressionné. J’y ai retrouvé la violence nineties la plus grasse, mais aussi, le soin apporté à un travail bien fait. Ici, la violence n’est jamais un prétexte, et les passages Heavy écrasent les tympans aussi radicalement que le cri de colère de peuples qui en ont assez de cette ère de consumérisme à outrance et d’idolâtrie factice.
Tout ici respire la sincérité et le ras-le-bol. En équilibrant le rapport de force entre puissance, violence, souplesse et fluidité mélodique, SHADOW OF DEATH nous balance uppercut sur uppercut, histoire de nous réveiller de ce mauvais rêve. Les cinq morceaux proposés sont tous aussi pertinents, et multiplient les plans, les pains dans la tronche, et les gueulantes de fond à la mode Venice. Du beau boulot, et surtout, une qualité constante de bout en bout.
Agrémenté de samples malins, Lords Ov Apostocracy fait la part belle à des guitares lourdes et assassines, et nous offre une version personnelle d’un Thrash/Groove/Crossover de premier choix, à l’image de l’infernal « Crucify the King » et sa densité incroyable. Soli pertinents, couches de guitares qui se superposent, basse qui brille et qui claque, et effets bien sentis, le cocktail est méchamment relevé, et la gueule de bois sévère.
On pense évidemment à la scène sud-américaine la plus bruyante, à un clin d’œil au Brésil et ses boucheries plus ou moins fines, mais on apprécie surtout ce compromis intéressant entre chaos et musicalité, avec ces harmonies qui semblent se battre constamment contre une brutalité ouverte.
« Bastardized for Glory » enfonce bien le clou dans le cercueil de la nostalgie, et si certaines idées se répercutent d’une minute à l’autre, la redite est largement excusée par une efficacité incroyable. Hardcore métallique ou Metal teinté de Hardcore, les deux options sont justes, et le résultat est le même. On se permet même un gros glaviot craché à la face des festivités de fin d’année, au travers d’un terminal « F.A.T (Fuck All Toys) » qui envoie chier le Père Noël et son traineau électrique pour ne pas polluer.
Solide, conséquent, fort en gueule mais avec de solides arguments, Lords Ov Apostocracy signe le retour tonitruant de SHADOW OF DEATH sur le devant de la scène Thrash, et nous assène un bon coup dans les roustons. Avec quelques arrangements électroniques surprenants, un passage rappé et des allusions à la scène Trap, cet EP se place sur les rayons les plus en vue du supermarché de la bestialité, et ose le dosage parfait.
Pas vraiment l’ami du petit déjeuner, mais une thérapie efficace pour vous éloigner de ces écrans qui vous isolent de plus en plus chaque jour.
Titres de l’album :
01. A Call to Arms XXl
02. The Violence Clan
03. Crucify the King
04. Bastardized for Glory
05. F.A.T (Fuck All Toys)
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30