Après le deuil, la perte, ce qui en soit, revient au même. Mais les BIRDSTONE ont une façon bien à eux de décrire cette dite perte, entre Rock nerveux, Blues crépusculaire, Stoner allusif et psychédélisme de surface, sans les effets secondaires indésirables d’une descente infernale des sens. La montée sans la paranoïa, le plaisir du désir sans la peur et la sueur, et finalement, une musique assez universelle et addictive, entre énergie brute et éveil des sens en toute pudeur.
Après un EP initial et un premier album en 2019, le trio revient donc, la maturité en bandoulière, pour continuer ce voyage étrange dans les arcanes du Rock. BIRDSTONE, loin d’une pierre que l’on jette pour éloigner les oiseaux du jardin, est justement ce volatile volubile qui chante pendant la nuit, pour raconter des histoires étranges, exposer des visions plus personnelles, et mettre en avant un ramage plutôt qu’un plumage. Entre JON SPENCER BLUES EXPLOSION, 7 WEEKS et KYUSS, le trio mixte nous offre un cheminement délicieux, une sortie de route provisoire, pour nous éloigner des préoccupations triviales d’un monde de consommation qui ne sait plus de quel côté se tourner pour acheter et vendre.
Mais est-ce qu’une musique authentique est-elle encore viable en 2022 ? Evidemment, et on se délecte de ces charges simples, humaines, que le groupe résume avec beaucoup de pertinence et d’humilité. Et en mettant ses deux albums en parallèle :
Loss est né dans la continuité du précédent album Seer de BIRDSTONE. Seer raconte l'histoire du voyage d'illumination d'un prophète, de son ascension à sa mort et à sa malédiction finale, alors que Loss met en scène son enfant spirituel, remettant en question les commandements de cette figure mystérieuse et son héritage. Dans sa révolte, comme le laisse présager le titre de l'album, le personnage passera par différentes étapes de deuil, de la colère au doute, de la folie à la résignation, pour enfin trouver une forme d'acceptation et de renouveau.
Voilà donc des sentiments on ne peut plus clairs, et si l’univers de BIRDSTONE est très personnel, ses thématiques s’adressent à tout le monde, tout comme sa musique, toujours aussi ouverte au champ des possibles. Rock par essence, psychédélique par l’exemption de toute limite, Blues, puisque tout vient de là, pour un gigantesque crossover qui respire l’authenticité et la sincérité. Basile (guitare/chant), Edwige (basse/chœurs) et Benjamin (batterie/chœurs) nous offrent donc un Gospel géant, parfois strié d’interventions électriques dignes d’un orage gigantesque, mais surtout, des espaces positifs, des silences, des transitions en plénitude, et des respirations qui permettent de mieux comprendre ce récit initiatique d’un fils dans l’ombre de son étrange père.
Sept morceaux seulement, mais des morceaux de choix. Je pense évidemment au monumental « Pyre » en ouverture, massif, sonnant comme un BLACK SABBATH des jeunes années, avec une basse qui roule des yeux, une batterie puissante, et évidemment, ces riffs persuasifs et ce chant fragile, écorché vif, parfaitement soutenu par des chœurs mixés en arrière-plan, pour un réveil de première classe après un deuil respecté.
Je pense aussi à ce magnifique « Golden Veil », linceul de dentelle, voilette d’or, qui semble donner le premier coup de pelle dans le désert de Joshua Tree, en compagnie de Gram Parsons, avec ses petits licks mélodiques qui interrompent le bon déroulement de ces arpèges doucereux qui annoncent une colère que l’on pressent effrayante. Enrobé dans une production claire, ample et riche, pleine de détails dans la clarté et d’épaisseur conséquente dans les montées en puissance, Loss est d’un côté une perte, bien sûr, mais de l’autre, un gain. Un cadeau pour l’auditeur happé dans ce labyrinthe de sentiments Rock, à vif, de déviances erratiques dictées par des réactions à chaud face au destin, comme le décrit si bien le lumineux mais strident « The Trail ». Les mélodies se souviennent des sixties, histoire de mériter cette étiquette psychédélique qui colle à la peau du groupe en argument promotionnel, alors même que les sentiments éprouvés tiennent plus du réalisme de la douleur que de l’évasion lysergique.
Faux rythme, power-trio, vérités cachées dans des mensonges à la QOTSA (« Lies), paradis perdus qui cachent tous leur part d’enfer (« Heaven », en trompe l’œil avec encore une fois de fulgurantes trouvailles à la guitare et ce chant si délicat), des percussions tribales et des graves qui rebondissent, pour s’écraser sur les murs et se retrouver plaqués comme des citations qui pourraient devenir cultes.
Du genre, BIRDSTONE were here. And there. And maybe, everywhere.
Cette recherche de la vérité se termine évidemment par l’acceptation de cette douloureuse perte, que « Loss » retranscrit avec beaucoup d’intelligence. Une réverb lointaine, un écho subtil, une basse qui égrène quelques graves répétitifs, pour un discours entre Cave et Buckley, avec quelques arabesques fifties en réminiscence de la découverte d’une musique simple, mais profonde.
Avec ce second longue-durée, le trio nous offre une tranche de vie et de mort superbe et criante de pudeur, et un album qui incarne pour le moment l’acmé d’une jeune carrière. Trois musiciens pour un même but, une passion commune, des centres d’intérêt convergents, et une perte qui se transforme en découverte, pour reprendre le cours d’une vie sans perdre de vue l’essentiel : la vérité est crue, fait mal, mais reste le seul moyen de guérir des faux-semblants.
Titres de l’album :
01. Pyre
02. Madness
03. Golden Veil
04. The Trail
05. Lies
06. Heaven
07. Loss
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