C’est ça aussi quand on s’abrutit dès le plus jeune âge avec BATHORY, SODOM, SEPULTURA et autres exploitants de décibels sauvages. On finit par devenir un sauvage soi-même et ne concevoir la musique que sous son aspect le plus cacophonique et viscéral. C’est certainement ce qui a dû arriver aux chiliens de BLOOD OATH, qui après un EP fort remarqué, nous assomment de ce premier long qui une fois encore, va faire trembler les parois de l’enfer.
L’argument promotionnel est cocasse : Caligari Records envisage son nouveau poulain comme filleul officiel du SEXTRASH de Sexual Carnage et du Human de DEATH. Si la comparaison n’est pas évidente en écoutant ce Lost in an Eternal Silence, elle l’est un peu plus si l’on connaît le premier format court des chiliens, The Line Between sorti en 2017. Mais alors, pourquoi ce glissement progressif du désir ? Tout simplement parce qu’après un court hiatus, le groupe a décidé d’opérer une mutation pour être plus en phase avec ses névroses.
BLOOD OATH nous revient donc les batteries chargées à bloc, et le style plus ou moins flou. Est-ce du Death Metal ? Est-ce du Black Metal ? Du Blackened Thrash, du Speed Black ? Tout ça à la fois, et même beaucoup plus. Et ce premier album est de ceux, jouissifs, dont on se délecte pendant une grosse demi-heure.
Matias Canales (basse) et Ignacio Canales (guitare/chant), les deux membres originels sont aujourd’hui accouplés à Benjamín Soto (batterie) et Ignacio Riveros (guitare), pour repousser les limites de la bestialité, sans cacher leurs qualités techniques évidentes pour une oreille éprouvée. On sait que ce style paillard permet toutes les exactions et excuse le solfège hasardeux, mais les originaires de Concepción n’ont guère besoin d’un paravent pour dissimuler leurs tours de passe-passe, puisque leur niveau instrumental est conséquent. Ce qui donne lieu à des joutes guitare/basse assez impressionnantes, quelque part entre SADUS et SADISTIK EXEKUTION.
Nous sommes donc loin de la barbarie d’une boucherie mal tenue et maculée de sang séché. La boutique est propre, nette, quoique plongée dans la pénombre pour ne pas montrer les éventuels morceaux de barbaque tombés par hasard, et le chaland, en confiance dans ce contexte, peut y faire ses achats en toute quiétude.
Pas de bas morceaux pour ragoût peu ragoutant, du premier choix, tendre, saignant, bien découpé et présenté avec flair. A la manière d’un Death cryptique de l’orée des nineties traité sud-américain pour le rendre plus malsain, Lost in an Eternal Silence cumule les rôles, et séduit de son esprit frondeur. Tous les titres contiennent au moins une idée géniale, et une démonstration de force tout en finesse.
Si évidemment, le tout est écrasant de chaleur musicale, un peu d’air est diffusé lors de breaks élaborés, qui mettent en avant le potentiel d’un soliste qui n’a pas les gammes dans sa poche. Les soli sont fins, travaillés, précis et maquillés, pour que le tout sorte la tête du bourbier bestial sans pour autant renier ses penchants blasphématoires. On se laisse donc happer par ce vortex de violence étrange, en convergence de l’impolitesse crue et de la distinction humble.
Inutile dès lors de vous attendre à un remake facile de Bestial Devastation, puisque tel n’est pas le propos. Ici, on mélange, on pétrit, on assimile pour que le ragout final dévoile toutes ses saveurs une fois en bouche. Inutile de pointer les morceaux les plus délicieux, puisqu’ils le sont tous, mais soulignons encore une fois le magnifique travail de Matias Canales aux graves, qui s’impose comme le fils illégitime de Steve DiGiorgio.
Mixer A Vision of Misery et Scream Bloody Gore n’est pas donné à tout le monde. Mais BLOOD OATH n’est justement pas tout le monde, et accouche d’un nouveau genre, quelque chose comme un Black Death brutal mais progressif, ce qui ne manque pas de piquant. Passionnant de bout en bout, et réservant des surprises atmosphériques de taille, ce premier album est costaud, et va attirer l’attention de tous les brutos bien élevés de la planète.
Ne manquez pas cet acte de naissance et ce baptême dans le sang, vous le regretteriez amèrement. Il n’est pas chose courante de tomber sur un invité capable de citer Lamartine après avoir lâché un gros rot, et ce genre de trublion mérite une place régulière à table.
Et certainement pas le mercredi soir pour parler de sa passion pour les barquettes 3 chatons.
Titres de l’album:
01. Beyond The Dimensional Gates
02. Sanctuary Of Souls
03. Fateful Existence
04. The Sacrifice
05. Singularity
06. Reflections Of Darkness
07. The Journey Into The Depths
08. Lost In An Eternal Silence
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20