Une chronique « facile », c’est sympa, ça va vite. Quand on connaît bien le style, ou qu’il est facilement identifiable, les comparaisons s’établissent d’elles-mêmes et le laïus coule comme une rivière tranquille. Mais est-ce vraiment enrichissant d’un point de vue journalistique et à un niveau de découverte ? Pas toujours, et la énième sortie old-school du mois ou trop estampillée ne vous permet pas d’aller chercher au plus profond de vous les mots naissant d’une émotion étrange. Et la musique des suédois de VAK n’est justement pas de celles qu’on étiquette avec facilité. Elle se joue des styles, piétine les querelles de clocher, et va là où bon lui semble, paraissant émaner de seventies étouffées ou de nineties évanescentes, sans vraiment se fixer sur une tendance autre que celle de son originalité. Cette originalité justement, n’est ni consciente, ni voulue. Ces musiciens qui considèrent que l’humour doit rester une composante essentielle du Metal - un genre se prenant décidément trop au sérieux - planent au-dessus de la mêlée pour rester uniques, sans vraiment se focaliser sur une excentricité quelconque. Alors qu’importe que les quelques influences qu’ils nous livrent soient disparates et hétéroclites, puisque leur art consommé du contrepied en justifie le manque de logique. Et la logique en musique mène souvent à l’ennui, comme une gamme suivie d’un peu trop près.
Venant de Stockholm, ces cinq musiciens au lourd passé (Tobias Alpadie – guitare, Anders Bartonek – batterie, Ivan Rey – guitare, Jesper Skarin – basse/chant et Robin Skarin - claviers) auraient pu stopper leur parcours en pleine ascension. Un de ses membres est en effet tombé gravement malade, souffrant du syndrome de Lemierre et d’une thrombose, et échappant de peu à la mort. Et puisque tout s’est bien terminé, l’une de ses assertions peut aujourd’hui servir de point de départ à l’abordage de l’œuvre étrange qu’est ce Loud Wind. Il déclara ainsi, « Je me suis retrouvé dans une situation dans laquelle même la musique n’était d’aucune aide. Même si parfois j’essayais de chasser l’anxiété en écoutant SEPULTURA ou les B 52’s ». Un peu anodine à la base, cette déclaration en dit pourtant bien long sur la philosophie artistique du groupe, qui pioche un peu partout de quoi alimenter son art, au point d’aller puiser dans les coffres de la Pop de quoi faire évoluer son cheminement. Juxtaposer les SEPULTURA et les B 52’S pour un fan de musique ouverte n’est pas chose incongrue en soi, mais lorsque cette ouverture est appliqué à un processus de création, il devient plus symptomatique d’une démarche. Celle qui consiste à refuser la facilité pour aller au-delà de la normalité, sans se vouloir excentrique. Et c’est une définition parfaite au moment de traiter du cas de ce second longue-durée.
Venant tous d’horizons différents, et pouvant se targuer d’une expérience solide, ces musiciens provenant d’autres entités distinctes (SWITCH OPENS, MISERY LOVES CO., SLOWLAND, RÅTTA, SESAM, GORDON FIGHTS, MUSIC IS THE WEAPON, THE FIELD ou GÖSTA BERLINGS SAGA) tracent donc leur route, épaulés en cela par Magnus Lindberg (CULT OF LUNA) au mixage et au mastering. Un professionnel au background impressionnant, et à même de traiter cette optique réfutant parfois les préceptes mêmes du Metal (certains membres avouent ne jamais en écouter, et n’en avoir jamais écouté avant de rejoindre le groupe). Mais après tout, VAK est-il vraiment un groupe de Metal ? La question reste ouverte, et la réponse pas si simple, car si les guitares sont amplifiées et souvent distordues, même si l’ambiance fait preuve de puissance, il est difficile d’affilier ce Loud Wind à un mouvement interne quelconque, à moins de le voir comme un crossover qui n’hésite pas à mélanger les genres. D’une première lecture, on pourrait y sentir les prémices d’un Sludge progressif n’hésitant pas à incorporer des éléments mélodiques alternatifs, un peu comme si TOOL, MASTODON et les MELVINS proposaient un projet commun, mais cohérent. J’ai aussi eu l’image d’un TEA PARTY unissant ses forces disparates avec les 13TH FLOOR ELEVATORS sous couvert d’une caution SHINING, mais l’approche trop souple et harmonique de VAK a vite chassé cette métaphore de mon esprit. Mais ce qui est certain, c’est que cette musique citant SONIC YOUTH, KYUSS, ALICE IN CHAINS, et tant d’autres résonne dans votre tête jusqu’à vous faire oublier la routine, sans provoquer le fantôme de l’originalité trop ouverte. Et ça fait un bien fou.
Le quintet n’est pas plus au fait de sa direction d’ailleurs, et ne cherche qu’une seule chose. Donner du plaisir et faire sourire l’auditeur et le fan. D’ailleurs, il balise son terrain avec la précaution de la description vague, et jette pêle-mêle quelques noms pour situer les débats. RADIOHEAD, TOOL, MASTODON, GENESIS, KATE BUSH, RAGE AGAINST THE MACHINE, BREACH, NEIL YOUNG ou SOUNDGARDEN se retrouvent donc utilisés à dessein, celui de la perdition et du flou artistique, ce qui convient très bien à ces morceaux indéfinissables, mais parfaitement logiques et viscéraux. Pas certain que vous retrouviez trace de quelques-uns de ces artistes dans les pistes de ce second long, distribué par les esthètes toujours au fait d’Indie Recordings, mais au moins, vous saurez à ne pas quoi vous attendre. Et la surprise est toujours un luxe qu’il ne faut jamais refuser. Pour vous aider toutefois à ne pas perdre le nord, sachez que les VAK sont aussi lourds et emphatiques qu’un groupe de Doom ou de Sludge (« Fear The Morning », qui démarre comme un hit de NEUROSIS ou de MASTODON distordu par le prisme d’une mélodie Post-Punk un peu froide), chaloupés et groovy comme la basse de Lemmy égarée dans les limbes de la scène No-Wave new-yorkaise des débuts 80 (« Loud Wind », hymne à la révolte qui unit dans sa colère la culture Sub-Pop, les MELVINS, mais aussi la hype Pop suédoise des années 2000), et surtout, progressifs dans leur cohésion, les breaks se succédant parfaitement, et n’empiétant pas sur les thèmes principaux qui se travestissent selon l’inspiration.
VAK est une démocratie, et chaque voix est cruciale. Et comme chaque voix du groupe est différente, et empreinte d’un passé unique et personnel, il n’est pas étonnant que cette musique sonne hors des courants et plurielle. Les titres sont longs, parfois très, mais jamais fourre-tout et « Freddie / Time Freezes », l’hommage à l’artiste Freddie Wadling, acteur, chanteur et auteur d’opéras suédois est un petit bijou d’épilogue strident, dissonant et évolutif, qui commence comme une pièce classique brisée avant de s’envoler vers des paradis Post mélodiques aux chœurs désincarnés. Un peu absconse et parfois bruitiste, l’œuvre Loud Wind n’en est pas moins très positive. Malgré les effets, le chant traité, les harmonies malmenées, il se dégage un sentiment de bien-être, de satisfaction personnelle à partager à plusieurs (« The Birds Of Earth », et son HAWKWIND catapulté dans des nineties vouées aux gémonies dissonantes), impression accentuée par des inserts dramatiques (« Underwater Whisper » et son piano hanté), ou par des fulgurances rythmiques aux épaisses couches de son (« Collector », un Rock classique traité façon Sludgecore light). Et en définitive, Loud Wind est un album qu’il n’est pas facile de jauger. Mais il est riche, dense, et finalement, bien plus enrichissant qu’un plaisir instantané. Ce qui n’est pas le moindre des compliments dans une époque jetable de produits déjà périmés avant de sortir de la chaîne de production.
Titres de l’album :
1. Loud Wind
2. Melting Eyes
3. The Birds Of Earth
4. Defenceless
5. Collector
6. Underwater Whisper
7. Fear The Morning
8. Freddie / Time Freezes
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