Love

Seeds Of Mary

18/10/2024

Klonosphere

L’amour, thème universel s’il en est, qui continue d’alimenter le bestiaire de nos rockeurs préférés. Quelle que soit la sauce à laquelle le sentiment est accommodé, le résultat est toujours le même. Plaisir et souffrance, désir et absence, le cœur de nos artistes est fragile, et l’amour n’a de cesse de le briser en mille morceaux. Et puis, à notre époque, quel autre concept est susceptible de réunir les âmes ? La technologie ? Dévorante. Le repli sur soi ? Trop évident. La guerre ? Insistant et fatiguant. Alors l’amour, toujours, ou juste un peu, au détour d’un rayon, d’un bureau, dans la rue ou dans les tripots, dans les boites et sous le manteau…On l’accepte, on le subit, on le recherche ou on le fuit, mais il est là.

Toujours.

Pas étonnant donc que les SEEDS OF MARY en fassent un album. Ces bordelais productifs qui ont tourné sans relâche pour promouvoir leur précédent long Serendipity devaient prendre rendez-vous en studio pour satisfaire leur public, qui connaît déjà leur répertoire par cœur. De nouveaux titres étaient donc indispensables, et avant toute chose, un single annonciateur de la tendance suivie. « Amor Fati » a donc été lancé en éclaireur, et le groupe semble avoir beaucoup de choses à dire à son propos.

« Amor Fati » est la chanson d'ouverture du nouvel album. Nous l’avons choisi comme premier single car il peut être vu comme un condensé de ce qui se trouve dans le reste du disque : riffs lourds, mélodies entêtantes et ambiances éthérées. Niveau texte, il a une approche assez philosophique en s’appuyant sur le concept d’Amor Fati cher aux stoïciens et à Nietzsche : « aime ce qui advient ». 


Si le discours est très classique, le rendu est lui efficace. Pas le temps de traîner sur la route des doutes, le quintet (Jérémy Dourneau - chant, Julien Jolivet & Tom - guitares, Clément - basse et Aaron Silvestre - batterie) envoie les watts sans perdre une seconde, et propulse ce nouveau simple dans la galaxie des nouveautés fulgurantes. Si « Amor Fati » est effectivement un condensé fiable de ce qu’il précède, il n’en incarne pas pour autant chaque détail. Pris d’un élan de motivation, le quintet s’est senti pousser des ailes, et a décidé de tester la résistance de ses amplis en livrant le panel le plus agressif de sa carrière. Avec en soutien indéfectible Klonosphere et Season of Mist, SEEDS OF MARY est en plein confiance, mais fait part de ses fêlures. Des craquements mélodiques, qui s’interrogent sur la place laissée disponible aux sentiments les plus élémentaires par un monde de plus en plus autocentré.

Une chanson illustre particulièrement cette dualité de ressenti, entre violence ouverte et fragilité difficilement assumée. « Spiral Me Down » joue le contraste très appuyé, et se permet quelques allusions au Metal des années 90, MANSON en tête de liste, mais aussi la vague Seattle, et le Stoner des KYUSS modernisé et dépoussiéré. Cette myriade d’influences permet à ce quatrième long de sonner frais, original, personnel, avec son mélange de sonorités synthétiques et d’emballement analogique. Les guitares sont upfront, et fières de l’être, la rythmique se montre sous son jour le plus solide, et le chant de Jérémy Dourneau a ceci de précieux qu’il sait s’ajuster à l’ambiance de chaque titre. Alors, Love, d’accord, mais quel genre ?  

Chaque chanson de l’album LOVE traite d’une facette de l’amour. Ici, il s’agit peut-être de son expression la plus intime qui soit.  Et le fait que ce morceau ait été écrit durant la période de COVID n’y est peut-être pas pour rien. Nous nous sommes inévitablement beaucoup retrouvés face à nous-mêmes durant cette période marquante.

Il est évident que le confinement nous a obligés à repenser notre mode de vie, et à accorder plus de place à l’essentiel : les relations humaines. Certains s’en sont mieux sortis que d’autres, quelques-uns ont vu leur misanthropie et leur égocentrisme renforcés, et beaucoup ont souffert de l’incapacité chronique à communiquer lorsque les circonstances réduisaient les échanges au maximum. On retrouve tout cet éventail de sentiments sur ce quatrième long, qui multiplie les décors, entre intimisme ouvert et sincérité criante de vérité. La colère se veut nouvelle, comme le souligne le très énervé « New Anger », le sommeil vient à manquer sur « Insomnia » et son onirisme de court-métrage, mais le feu sacré couve toujours sous les cendres des illusions, et revient à la vie dans une magnifique gerbe enflammée sur « Fire is Bright, Fire is Clean ».

Toujours sur le fil entre Metal et Rock plus généraliste, SEEDS OF MARY n’a pas remisé ses ambitions. Les quatre ans séparant Serendipity de LOVE ont été exploités avec brio, pour renforcer cette frontière entre la tradition et la modernité. Mais loin des modes qui passent quand l’intérêt trépasse, LOVE est fait pour durer, pour battre en vous la chamade à chaque riff amplifié et vous faire trembler lorsque les mélodies pleurent à en crever.

Le binaire est à l’honneur, l’aspect immédiat passe sans heurts, et le groupe se permet des choses un peu plus faciles, comme ce « Nothing's Sacred » qui résonne d’un écho ALICE IN CHAINS perdu dans un rêve Classic Rock.

Faite pour danser, faite pour hurler, faite pour aimer. Cette musique reprend toutes les nuances de ce sentiment si important, entre jalousie et confiance aveugle, pour nous faire comprendre toute l’urgence de son universalité. « The Narcissist » se souvient de ceux bloqués sur le miroir de leur propre suffisance, quelque part dans ces tours d’ivoire, « Begin the End » montre une éventuelle porte de sortie pas rassurante, et c’est bien sûr « LOVE » qui termine le discours, avec une belle assurance électronique. 

Soyons heureux de constater que SEEDS OF MARY a muri, mais pas changé pour autant. En se donnant plus d’amplitude, le quintet bordelais signe une suite tout à fait logique au désormais classique Serendipity, et sans vraiment le vouloir, rejoint les hordes d’artistes dont la carrière a été dominée par l’amour. Et comme le disait le regretté John Lennon avec une proactivité incroyable, « LOVE is all you need ».            

         

Titres de l’album :                                              

01. Amor Fati

02. New Anger

03. Parasite Paradise

04. Spiral Me Down

05. Insomnia

06. Fire is Bright, Fire is Clean

07. Nothing's Sacred

08. The Narcissist

09. Begin the End

10. LOVE


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 29/10/2024 à 19:25
85 %    376

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30