On n’oublie pas une voix comme ça. Celle de sa mère qui vous console après un cauchemar, celle de votre père qui tonitrue un « c’est pas Versailles ici » (oui, je suis un boomer) entre deux réprimandes, celle de votre prof de maths qui vous congratule ironiquement pour votre énième sale note de l’année, ou celle de votre première petite amie qui vous susurre un maladroit « je t’aime » à l’oreille. Ce sont des souvenirs marquants, des exemples génériques et frappants, mais il y en a d’autres. Car les voix dont on se rappelle ne sont pas toutes familières à ce point. Je suis certain par exemple que bon nombre de femmes n’ont jamais pu noyer dans leur mémoire défaillante les râles de Robert Plant sur « Whole Lotta Love », tout comme d’autres frissonnent encore de ramener à la surface les gémissements romantiques d’Elvis sur « Are you Lonesome Tonight ». Et puis les intonations de Tim Buckley, les envolées surréalistes de Kate Bush…Bref, vous avez compris le principe, et je me permettrai de l’appliquer à ma propre expérience. Si les hurlements de Tom Araya, les démonstrations de puissance de Bruce Dickinson, les errances opératiques de Geoff Tate ont formé mon oreille de fan, il y a une voix parmi des milliers qui m’a toujours hérissé le poil, dans le bon sens, et ça n’est pas forcément la plus évidente à deviner. Mais lorsque je me souviens de morceaux comme « Tonight I’m Falling, « End of the Line », « Desperate Night » ou « Intuition », immédiatement, la crinière de lion de Tony Harnell me brûle les mirettes, et ses exploits vocaux me flattent les tympans. Car si dans les clips de T.N.T le pénétrant chanteur américain laissait ses mèches frisottées flirter avec la caméra d’un peu trop près, il accomplissait des merveilles en studio et en live, et sa voix a toujours fait de lui l’un des plus grands vocalistes du Hard Rock mélodique européen des années 80. Sauf que depuis, T.N.T s’est rangé dans le coffre des jolies histoires anciennes, que l’homme a lancé d’autres aventures (STARBREAKER et WESTWORLD), et qu’aujourd’hui, il tente le coup en presque solo, avec un nouveau premier album qui fait la part belle à son talent, ET à la nostalgie.
Avouons-le franchement entre fans, T.N.T n’a jamais réussi à postériori à nous offrir des albums de la trempe de Knights Of The New Thunder, Tell no Tales ou Intuition. Et si Tony par la suite a toujours réussi à nous enchanter de son timbre unique, les compositions qu’il essayait de défendre n’étaient pas non plus à la hauteur de la légende, du moins, pas souvent. Aujourd’hui, les choses changent, la vie continue, et si son partenariat avec Ronnie LeTekro semble être arrivé à son terme définitif, Tony n’en a pas pour autant renoncer à travailler en duo, puisqu’il se retrouve aujourd’hui flanqué d’un des lieutenants mélodiques les plus capés de l’histoire, le producteur maison de Frontiers, Alessandro Del Vecchio. Bien décidé à retrouver la grandeur harmonique qu’il avait connu il y a trente ans, le chanteur américain a donc cherché au plus profond de lui-même les qualités nécessaires à l’élaboration d’un album rétro digne de ce nom, surfant sur la vague actuelle, et nous offre donc le premier chapitre de sa nouvelle histoire, LOVEKILLERS, qui malgré son nom collectif cache une œuvre écrite à quatre mains, celle résultant de l’union entre un producteur multi-instrumentiste de talent et un chanteur au potentiel inégalé et inégalable. Alors, vouloir étant une chose et pouvoir en étant une autre, qu’en est-il de ce Lovekillers feat Tony Harnell qui nous laisse espérer de grandes choses sur le papier ? En étant totalement franc et objectif, ce premier LP n’a pas l’aura magique des meilleures œuvres de T.N.T, n’est pas non plus un démarcage total et se pose plutôt en synthèse globale de tout ce qu’Harnell a pu proposer tout au long de sa longue carrière, s’inscrivant dans une tendance prônée par la maison de disques italienne qui n’est jamais à court de munitions rétro pour occuper le terrain.
Lovekillers feat Tony Harnell n’est donc pas le nouveau Tell no Tales, mais se pose quand même en excellent album de Hard Rock mélodique. Tony se plaît à d’ailleurs à le décrire comme « totalement différent de tous ses projets antérieurs, avec une approche plus légère, plus américaine et un feeling très mélodique. ». Et si la première partie de l’assertion semble légèrement exagérée, puisque ces onze nouveaux morceaux portent indéniablement la patte de leur auteur, la seconde est absolument vraie, puisqu’on sent dans les mélodies et la production un réel désir de retrouver la Californie des années 85/88. Produit évidemment par Del Vecchio, dont le CV a maintenant des allures de bottin papier de Rome, cet album est une mine de chansons faussement légères, mais réellement profondes d’un point de vue émotionnel. On y sent le regard d’un artiste sur son passé, sur son parcours, mais aussi l’envie d’aller de l’avant et de ne pas se contenter de ce qui a déjà été accompli. Si la voix de l’artiste est intacte, toujours aussi pure et puissante, les compositions troussées par le tandem ont la force des histoires d’amour qui durent dans le temps, mais la légèreté des sentiments instantanés. Evidemment, les envolées techniques et suraiguës d’il y a quelques décennies ont laissé la place à une maturité vocale que l’on sent palpable sur « Bring Me Back », mais les facilités mélodiques qui nous noyaient souvent dans la mélasse ont aussi disparu, pour laisser place à des guitares tranchantes, mais souples. Et l’ouverture en aveu de « Alive Again » fait plaisir à entendre, comme si Tony avec cette nouvelle liberté acquise retrouvait des instincts naturels, plus en phase avec sa personnalité d’artiste. Avec une équipe soudée autour de lui (outre Del Vecchio à la basse et au synthé, on retrouve au line-up Gianluca Ferro à la guitare et Edo Sala à la batterie), Harnell se laisse donc aller, accorde sa confiance à Alessandro qui a parfaitement saisi la direction à suivre, et si les réminiscences de T.N.T sont nombreuses, elles ressemblent parfois à des clins d’œil très poussés.
Ainsi, impossible de ne pas voir des airs de famille entre le riff de « Intuition » et celui de « Hurricane », bâtis sur le même moule. Mais il est inutile de se livrer à l’exercice fastidieux du track-by-track pour cerner les contours de cet album, entièrement dédié à un Hard Rock mélodique de première qualité. Toujours aussi brillant lorsqu’il s’agit de combiner la puissance et l’émotion, le chanteur nous enivre de tendresse virile avec des hits comme « Ball and Chain » ou « Who Can We Run To », emprunts de ce lyrisme tragique que cette voix met tellement bien en valeur. Chacun trouvera de quoi rassasier son appétit de nostalgie, plus particulièrement lorsque la guitare singe les tics rythmiques de celle de Ronnie (« Now Or Never »), ou lorsque l’atmosphère devient plus intime et les lignes vocales enflammées (« Heavily Broken »). En puisant dans l’héritage national, Tony Harnell se fait plaisir, et revient plus convaincant que jamais, avec un postulat en forme de constat. Celui de son apport considérable à la popularisation d’un style en équilibre, qu’on réécoute toujours avec passion, et vers lequel on revient avec raison. Et cette voix unique de continuer de résonner dans nos cœurs, nous rappelant des sensations que l’on a pu éprouver un beau jour des années 80. Et si Lovekillers feat Tony Harnell n’est pas Versailles, il n’en reste pas moins un beau diner aux chandelles romantique à souhait.
Titres de l’album :
01. Alive Again
02. Hurricane
03. Ball And Chain
04. Who Can We Run To
05. Higher Again
06. Across The Oceans
07. Bring Me Back
08. Now Or Never
09. Heavily Broken
10. No More Love
11. Set Me Free
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