Cinquième album pour le groupe mené de voix de velours par Johanna Platow Andersson, qui depuis dix ans mène sa barque avec une poigne de fer. Chaque album de LUCIFER a été une étape sur le chemin de la plénitude Rock, drivée par un esprit old-school, empruntant tout autant à BLACK SABBATH qu’à COVEN ou aux BLUES PILLS. La NWOBHM, BLUE OYSTER CULT, SIR LORD BALTIMORE, GHOST, LUCIFER’S FRIEND, les références sont nombreuses mais le cocktail est toujours aussi personnel. Et quel autre groupe sait aussi bien manier les codes de la Pop pour les intégrer à un contexte purement Rock ?
Entre Doom cool et Heavy ravi, LUCIFER louvoie depuis une décennie, sans hésiter sur son cap. Et ce Lucifer V ne dérogera à aucune règle, tant il incarne l’exception logique des quatre chapitres précédents. Secondé par son désormais époux Nicke Andersson (DEATH BREATH, ENTOMBED, ex-NIHILIST, IMPERIAL STATE ELECTRIC, THE HELLACOPTERS, THE SOLUTION, ex-DAEMON, ex-NECRONAUT (live), ex-TREBLINKA (live), ex-BRAINWARP, ex-COLD ETHYL, ex-CORRUPT, ex-KURT-SUNES MED HELVETESHUNDARNA, ex-SONS OF SATAN, ex-SUPERSHIT 666, ex-THE HYDROMATICS, ex-MC5 (live)), Johanna s’est donc contenté d’appliquer les recettes qu’elle développe depuis 2014, et nous offre encore une fois un trip intégral, sans avoir besoin d’ingurgiter de substances altérant la lucidité.
Martin Nordin et Linus Björklund, qui se partagent les guitares depuis six ans complètent le tableau, et si la pochette de ce cinquième tome se contente du visage faussement angélique de cette chanteuse appréciée, l’album utilise tous les talents pour pousser encore plus loin la passion d’un Heavy-Rock souple, mais intransigeant sur ses références. Du scandinave dans le texte donc, pour un lifting souple des canons Rock des seventies.
Mais traduits dans un langage plus contemporain.
Lucifer V ne réserve pas de surprise majeure. Ce qui ne l’empêche guère de squatter toutes les platines des fans depuis sa récente sortie, les ventes en format physique atteignant déjà des chiffres enviables. En version vinyle évidemment, la rondelle de prédilection du collectif international, renforcé par la basse de Harald Göthblad. Avec le son le plus rond de leur carrière, les cinq musiciens nous ont donc écrit un nouveau recueil de magie noire à l’attention des sorcières modernes qui ne crachent pas sur un vieux chaudron d’époque.
Peut-être un peu plus smooth qu’à l’habitude, Lucifer V détourne les commandements Doom pour en faire une nouvelle Bible Heavy. On se dandine mollement à l’écoute de l’envoutant « Slow Dance In A Crypt », qui rappelle les lancinances de GRAVEYARD, mais on se laisse séduire par son refrain mélodique et légèrement champêtre qui s’empêtre dans les racines des arbres d‘un verger de fruits interdits.
LUCIFER serait-il donc le gardien d’un jardin d’Eden réservé aux hérétiques ? Possible, mais leur accueil est digne des plus belles réceptions nocturnes. Et sans savoir si le prince des ténèbres a définitivement adoubé ses disciples, il n’est pas difficile de comprendre qu’il a certainement accepté cette qualité sans rechigner, lui qui n’aime rien tant que jouer avec sa queue sur le NWOBHM « A Coffin Has No Silver Lining ».
Entre la Hammer et Amicus, entre les comics horror et les bandes-originales de série B, Lucifer V use des riffs les plus classiques pour asseoir sa réputation. On le sent évidemment sur « Fallen Angel » qui de son binaire surchauffé ne prend pas de gants pour vous traîner au-devant de la scène, mais encore plus lorsque les premières notes étranges de « At The Mortuary » ouvrent les portes d’une morgue dirigée par Tony Iommi, toujours prompt à balancer un riff d’anthologie entre deux regards ténébreux.
Est-ce à dire que Johanna serait l’Ozzy des temps modernes ? La comparaison est certes flatteuse, mais le résultat incontestable. Entre douceur noire et séduction fatale, la chanteuse se glisse encore une fois dans tous les costumes, profitant d’une production sans artifices pour se révéler musicalement démaquillée.
Autorité et sensibilité, tels sont les instincts d’un disque qui pourrait bien devenir, avec le temps, le meilleur témoignage de cette passion seventies qui anime ces musiciens d’un autre temps. Des musiciens capables de sublimer l’inspiration suédoise d’une opacité anglaise, via « Maculate Heart » et son up-tempo roublard et ses harmonies faussement simples.
Présenté sous la forme de onze morceaux, Lucifer V n’en propose dans les faits que neuf, puisque les deux derniers ne sont que des versions différentes de deux chansons déjà jouées avant. Mais qu’importe la brièveté d’un disque qui prend son temps pour décliner toutes les facettes d’un visage polymorphe, qui s’adapte à son auditoire en le gavant de décibels au papier de verre et de licks à rendre fous les ST VITUS et autre PRISTINE.
Petite cerise sur le gâteau avec le gourmand « Strange Sister », glaçage savoureux et fondant via « Nothing Left To Lose But My Life », blues crépusculaire satiné et suave, et l’histoire se referme sur une nouvelle narration impeccable, avec diction personnelle et bande-son vintage.
LUCIFER continue donc sur sa lancée, et représente à l’heure actuelle la version la plus crédible d’un Heavy Rock passéiste, mais intelligent. Johanna peut donc regarder vers l’avenir avec la morgue des insolents, puisque son talent et celui de ses lieutenants ne saurait une fois encore être remis en question. Signez en bas du contrat, sans lire les petites lignes. Au prix à l’argus de l’âme de nos jours, l’affaire est forcément avantageuse.
Titres de l’album:
01. Fallen Angel
02. At The Mortuary
03. Riding Reaper
04. Slow Dance In A Crypt
05. A Coffin Has No Silver Lining
06. Maculate Heart
07. The Dead Don’t Speak
08. Strange Sister
09. Nothing Left To Lose But My Life
10. At The Mortuary (Halloween Edit)
11. Maculate Heart (Radio Edit)
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