Non, le Doom n’est pas ma tasse de nuit préférée. Non, la lune Death n’est pas l’orbite autour duquel je gravite lorsque le jour cède le pas aux ténèbres.
Mais rester campé sur ses positions est une attitude bornée que je me refuse à cautionner. Car parfois, dans les méandres de styles et d’humeurs qui ne sont pas coutumières, se cachent des choses assez terrifiantes, mais qui méritent l’attention qu’on peut leur porter.
C’est dans cette logique de réflexion que je me suis penché sur le cas Ô combien atypique du premier album du projet ARVALASTRA, qui comme son nom ne l’indique pas forcément est un nouveau one-piece-band, mené de front par un musicien assez étrange, qui suit des préceptes et principes tout à fait personnels.
Nous venant d’Espagne, de Bilbao, cet étrange individu à l’éthique absolue nous propose donc ses vues sur un Doom à tendance Death très hermétique avec son initial Lunaural, qui outre une pochette énigmatique et fascinante, propose de nouvelles théories sur la pesanteur musicale et la claustrophobie disharmonique. Pertinent ?
D’une certaine façon, oui, mais surtout, très original, pour peu que la linéarité du Doom ne vous soit pas complètement rédhibitoire.
Nous le savons, le Doom n’est pas vraiment le style le plus évolutif, à tel point que la régression semble érigée en obsession majeure par les groupes s’y vautrant avec mélancolie. Ici, l’optique est un poil différente, puisque ce même Doom inventé il y a plus de quarante ans sans le faire exprès par une bande d’hirsutes de Birmingham est très subtilement mâtiné de Death primal, ce qui a tendance à le rendre encore plus insistant et ombrageux.
De ce premier album, plusieurs leçons à asimiler. Il est toujours possible de tirer le minimalisme vers de nouvelles limites encore plus restrictives, mais il est aussi possible d’en extraire une substance qui coule d’une source mitigée de Death, de Black et de Dark Ambient, sans pour autant se réclamer de l’un ou l’autre des genres.
C’est le cas de ce Lunaural, qui finalement n’appartient à aucun créneau précis, si ce n’est celui du développement macabre et misanthrope, qui ne conçoit la musique que sous ses aspects les plus résistants et les moins séduisants. Mais le parfum morbide qui exhale des six pistes de cet effort initial à quelque chose de désinhibant, de fascinant, et on reste scotché à son casque en se demandant minute après minute où tout ça va nous mener.
C’est une forme d’absolu en soi, et le fait que Dusk (membre unique et compositeur/interprète en solitaire) a choisi de se concentrer sur une forme d’atmosphère rythmique en supprimant les guitares de l’équation rend son travail encore plus intrigant.
Pas de guitare donc, mais beaucoup de riffs de basse très lancinants et à la distorsion abrasive et dérangeante, plaquée sur une batterie monolithique qui égrène les BPM avec parcimonie. On pourrait penser au vu et jugé de tous ces éléments qu’ARVALASTRA n’est qu’une énième copie des ENCONFFINATION, WINTER et autres FUNERAL, mais ces parallèles cacheraient honteusement l’inspiration personnelle de cet Espagnol qui décidemment ne fait pas les choses comme tout le monde.
Il débute d’ailleurs son travail par deux pièces conséquentes, « Scroll Of The Red Luna » et « The Hermetic Garden », empiétant largement sur les huit ou neuf minutes, et plaçant en exergue de longs monologues presque instrumentaux, la voix jouant le rôle d’un grondement lointain aux intonations Black, se contenant la plupart du temps de cris et autres pulsions immédiates qui ne peuvent être appréhendées comme de véritables lignes vocales. Le travail de Dusk est donc total, et s’il se plaît à voir en sa musique une sorte de «Low frequency ridden death/doom metal » (dans le texte), ça n’est pas un hasard tant son approche est informelle et plutôt crispante, dans le bon sens du terme.
Certes, beaucoup d’entre vous trouveront tout ceci bien terne et linéaire, mais l’effet provoqué par le traitement des fréquences graves est assez intéressant en soi, surtout lorsqu’il est agrémenté de tentatives mélodiques assez rachitiques (« Splendor Solis »).
Mais loin d’un simple Drone habillé d’oripeaux Doom et de déliquescence Death, Lunaural propose un voyage aux confins du Doom et du Death, à tel point que les deux courants finissent par se fondre l’un dans l’autre, pour laisser émerger une tendance tierce, qui vous noie de ses litanies déprimantes et pourtant suffisamment occultes pour choquer.
On peut parfois penser à une version plus « abordable » des exactions torturées d’ABRUPTUM («Alkahest »), incarnées avec plus de musicalité par un DISEMBOWELMENT encore plus maladif que d’habitude, mais pour être honnête, mieux vaut se concentrer sur l’aspect « original » de l’attitude de Dusk qui peut se targuer d’exister en tant que compositeur à part entière.
Peu de variations certes, mais un vrai effort de mise en scène, qui trouve son apogée macabre sur le final lo-fi « Red Elixir Vitae », qui trace un chemin de candélabres dans une nuit à peine perturbée par quelques notes de basse et des soupirs à l’agonie.
Morceau le plus intense du lot, qui ose enfin une déconstruction globale sans trahir son fond, et qui dispose quelques cassures rythmiques et des développements plus volontiers BM, cette conclusion renforce le malaise ambiant et nous laisse sur un sentiment étrange de perception altérée, conférant à cet album une aura mystique fascinante.
On peut évidemment rejeter tout ceci en bloc en hurlant à la fumisterie minimaliste et grotesque, mais on peut aussi se sentir concerné par cette basse qui fait office d’instrument à la polyvalence grave. Mais Dusk au travers de son médium ARVALASTRA à largement de quoi intriguer les fans de Doom/Death les plus pointilleux, qui verront en Lunaural une nouvelle façon d’envisager la douleur et l’oppression, et qui regarderont la nuit en lui découvrant de nouvelles énigmes insolubles, à base de fréquences troublantes et d’expression vocale nihiliste.
Chacun son point de vue, mais en tant que réfractaire au genre, j’ai cru y déceler un certain potentiel, et une capacité indéniable à repousser les limites sans les transgresser.
A écouter de préférence lorsque le satellite terrestre est plein et d’un rouge sang, seul, isolé, et à la lisière d’une forêt sombre. Autant pousser la mise en scène au maximum…
Titres de l'album:
Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
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29/04/2025, 02:27
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29/04/2025, 02:24
@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
28/04/2025, 19:40
@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
28/04/2025, 19:37
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28/04/2025, 19:19
Mince je l'aurais pris pour la revendre et me faire du fric sur ton dos, occasion ratée. Ceci dit je suis très fan du groupe en question.
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28/04/2025, 10:31
J'avais vu l'ancien chanteur de Maiden sur la tournée de son premier album après son licenciement. Je ne suis pas étonné qu'il soit toujours aussi généreux et débordant, à ce que je lis.
27/04/2025, 12:35