Si vous êtes étranger à la cause, ne vous laissez pas aveugler par la date de parution de ce « nouvel album », qui n’en est absolument pas un. Pour être honnête, ce premier et unique album de LURKER OF CHALICE est sorti il y a déjà douze ans, sur le label Total Holocaust Records, en tirage ultra limité CD. Mais comme l’œuvre a acquis un statut ultra culte avec le temps, les responsables de Nuclear War Now! en proposent donc une réédition vinyle qui sans aucun doute trouvera acquéreur, la haute teneur du travail en question ayant largement défié le temps et les frontières. Il faut dire qu’il est difficile de trouver plus culte dans l’underground USBM que cet unique témoignage d’un groupe qui ne reposait que sur la personnalité de son unique membre, Wrest, aka Jef Stuart Whitehead, tatoueur de renommée, mais surtout, musicien autodiscipliné au sein du projet solo LEVIATHAN, qui continue d’ailleurs de sortir des disques à notre époque. Impossible donc de séparer l’œuvre de son concepteur, même si Jef semble avoir eu maille à partir avec la justice dans de nombreuses affaires, que je ne détaillerai pas ici puisqu’elles n’ont pas lieu d’être. La musique parlant pour elle-même, il est toujours possible de tenter de deviner le caractère du personnage privé derrière le boulot accompli en tant qu’artiste public, même s’il est impossible d’affirmer que Jef manque de talent, que ce soit en tant qu’artiste à l’encre ou en tant que musicien. En revenant à nos préoccupations, ce Lurker Of Chalice à la décennie bien tassée n’est pas dénué d’intérêt, loin de là, même si les accointances avec LEVIATHAN sont inévitables, de par les responsabilités partagées de l’homme derrière le pseudo.
Il est de notoriété publique que l’USBM, le DSBM et le Black Ambient sont des extensions soumises à l’appréciation de leur auteur, et qu’elles sombrent parfois dans la complaisance de ton, préférant se concentrer sur des motifs uniques pour faire passer un message nihiliste, sans essayer de moduler les humeurs pour nous captiver. C’est bien là le nœud du problème, nœud vite dénoué par les premières notes de cet album aux ambiances travaillées et aux atmosphères délavées, toutes plus sombres les unes que les autres, mais étonnement lumineuses dans leur désespoir patent. En une heure de temps, et presque comme une récréation, Whitehead se permettait alors de donner une leçon aux limeurs de corde de potence, leur démontrant de fait qu’on pouvait se prévaloir d’une mélancolie prononcée sans se focaliser sur ses propres larmes séchées. Pourtant, avec neuf pistes pour soixante minutes de litanie, la redite guettait tapie dans le noir, coin isolé dans lequel Jef l’a laissée pour enrichir sa complainte d’arrangements envoutants, et d’harmonies de biais. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter l’entame presque guillerette de « Piercing Where They Might », qui propose quelques notes de guitares en son clair, sobrement soulignées par des cris de corbeaux, témoignage que cet album voulait extirper autre chose de ses traumas que des oraisons usées et fanées. Certes, l’ambiance dégénère vite en BM abrasif, mais l’effort consenti en disait plus long que prévu sur les intentions de l’auteur, bien décidé à se démarquer de la masse grouillante de pleureuses d’enterrements de troisième zone. Mais pour être honnête, il faut quand même voir cet album pour ce qu’il était. Une longue et lente descente dans des enfers personnels, qui impose le crescendo en tant que tension (in)humaine, et qui n’hésite pas à appuyer sur ses propres douleurs pour hurler de façon adaptée. Mais loin d’abuser d’effets déjà périmés avant emploi, Jef osait la juxtaposition de BM fondamental et d’Ambient létal, pour parvenir à des fins empoisonnées d’une vie de perte et de cris étouffés (« Spectre As Valkerie Is »).
Chaque titre est une lourde pierre apportée à un édifice monolithique, gigantesque dans ses proportions, et incroyablement riche dans ses ornements. Et si la lenteur s’insinue sous la peau d’un Metal foncièrement noir et sans illusions, c’est pour lui poser sur les épaules un fardeau encore plus lourd à porter, histoire d’accentuer son chemin de croix (« Minions »). Stridences, feedback, modulations vocales, l’emphase est patente et le miracle attendu. Pas étonnant dès lors que cet unique LP fut portée aux nues par la frange la plus masochiste d’un auditoire exigeant, et aujourd’hui encore une fois réhabilité par un label confiant. Plus on avance dans la contemplation, plus on comprend que s’amenuisent les solutions, tout comme l’espoir, même si quelques chœurs grégoriens désincarnés font mine de nous apporter la lumière apte à nous réchauffer (« Paramnesia », et ses guitares aussi traumatiques qu’un cauchemar de SHINING). A l’époque, les spéculations et comparaisons allaient bon train, des inévitables parallèles avec LEVIATHAN, dont il est impossible de voir en LURKER OF CHALICE une simple digression, jusqu’aux litanies morbides des SUN OF THE BLIND, XASTHUR, WORMLUST, ou même BLUT AUS NORD, histoire de planter le contexte plus facilement. Mais le seul parallèle viable se cache entre ce projet et lui-même, qui en dix minutes et trente-six secondes nous révèle toute sa richesse occulte via un gigantesque et abyssal « This Blood Falls as Mortal, Pt. 3 », et multiplie les clins d’œil aux deux précédentes démos du projet, dont il reprenait certains passages. Ces deux démos, inédites à ce jour, constituaient les fondements des dérives à venir, cet accouplement post-mortem entre des guitares maladives et un chant d’outre-tombe, entre une rythmique polyvalente mais résignée et des arrangements souillés, pour un voyage aux confins d’une âme vraiment torturée.
Cette âme, qui après avoir fait le bilan d’une vie, sombre une fois de plus dans la violence et l’automutilation d’un BM sale, rêche et introspectif, aux accents déments et à l’ambiance poisseuse, comme si la brutalité le sacrifiait à la tristesse (« Granite »). Et rien n’était fait pour nous offrir une quelconque bouée de sauvetage, la prise se serrant de plus en plus autour de notre cou, par l’entremise d’harmonies claires ruinées de volutes vocales suicidaires (« Vortex Chalice »). Le final de ce Lurker Of Chalice atteignait même une apogée dans l’horreur, en proposant sa propre version d’un USBM lugubre en épiphanie, gravant lui-même sa propre épitaphe sur une tombe que personne ne viendrait honorer…
Il faut évidemment remiser sa joie de vivre au placard au moment de pénétrer les arcanes du monde en vase-clos de LURKER OF CHALICE. En poussant le DSBM dans ses derniers retranchements, Jef Stuart Whitehead prouvait la valeur de son travail, et la pertinence de ses obsessions. Et si l’on en croit la légende et l’une de ses interviews donnée en 2004, quatre albums inédits du projet n’auraient jamais vu la lumière du jour. De quoi enthousiasmer des labels comme Nuclear War Now!, qui auraient donc encore pas mal de pain sur la planche. Celle qu’on place sous la guillotine évidemment.
Titres de l'album:
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