Parfois on se dit, tout simplement : « Ah oui, c’était bien à cette époque, je m’en souviens comme si c’était hier ».
Mais il n’y a pas que les fans pour réfléchir de cette façon, les musiciens s’adonnent aussi à la nostalgie et à la rêverie de temps anciens, où tout paraissait plus simple, direct et honnête. On appelle ça « avoir l’esprit old-school », et tous les styles musicaux sont touchés par le phénomène. Et le Death Metal ne fait évidemment pas exception à la règle.
La nostalgie fait vendre, tout du moins attirer l’attention vers soi. Et c’est sans aucun doute une certitude que les italiens de MORBUS GRAVE ont, profondément ancrée dans leur passion, eux qui justement daignent enfin nous présenter leur premier longue-durée, après des années de démos et autres splits et compilations. Voici donc venu le temps - non des rires et des gens - mais d’une visite organisée de la fosse commune du Death le plus classique et putride, et si d’aventure, celles-ci vous rappelaient quelque chose, c’est que vous avez besoin d’une bonne AUTOPSY.
Erman (chant), Maso Alastor (guitare), Danny (batterie), Eddy (basse) et Magiko (guitare) vous offrent donc une grosse demi-heure de voyage dans le temps, à l’orée des années 90, lorsque le Death commençait à se diviser en factions. D’un côté, les puristes, fans de DEATH, MASTER, AUTOPSY, d’un autre, les esthètes, fans de technique, de l’autre, les iconoclastes qui n’avaient pas peur de faire peur avec des choses incongrues (PUNGENT STENCH, DISHARMONIC ORCHESTRA). Et puis au centre, ceux qui ne se classaient nulle part, les dISEMBOWELMENT, DEAD HEAD, j’en passe et des plus bizarres. Et les milanais du jour de se ranger dans la première catégorie, en proposant un simple voyage dans les catacombes les plus classiques du Death/Doom américain, le tout teinté d’une petite touche européenne très personnelle.
MORBUS GRAVE est donc admirateur de Chris Reifert et de ses exactions, mais aussi un petit peu de la violence suédoise, froide et émanant des Sunlight studios. Mais vraiment un soupçon, puisque les structures de base de ces morceaux trouvent leur origine dans l’œuvre d’AUTOPSY, et se situent donc aux antipodes de la reproduction de LIK, les rois du recyclage. Ici, on recycle aussi, mais des eaux usées, des os amusés, et des cadavres en veux-tu en voilà pour aménager le décor. Et le décor justement est glauque, comme la musique est blême et le teint pâle.
POSSESSED, DEATH, SLAUGHTER, AUTOPSY, et SADISTIC INTENT. Voilà les points de comparaison offerts par Chaos Records, le label des italiens, qui en effet ne cite pas au hasard. Un label qui précise que ses poulains ne sont pas les plus violents de la scène, mais bien les plus attachés aux valeurs traditionnelles. Ainsi, pas de blasts, pas de Gore mais un Death joué les tripes à l’air, sous un ciel de plomb, avec un vol de charognards piaillant leur pitance. On comprend assez rapidement dans quel bourbier on a mis les pieds, puisque « Into (the Curse)/Cerebral Cremation » développe des arguments assez clairs, très lourds aussi, et l’oppression torride qui drive l’inspiration de ces musiciens nous ramène aux grandes heures du genre, lorsqu’il se voulait encore illustration musicale d’une mort solitaire, à des kilomètres de toute humanité.
Et même si le ton old-school est de saison, je ne peux que recommander cet album à tous les fans d’un Death viscéral, joué comme si les années ne s’étaient pas écoulées depuis 1989/1990. Après tout, il n’y a pas de mal à se faire super mal aux tympans en leur faisant subir des assauts du passé, entre dissonance étrange et basse cryptique (« Profaner »), et suite épique dans les ruines d’une ville abandonnée, ravagée par la peste et suffocant encore de ses bubons (« Horrors from the Unknown »). Horreur, voici un mot qui sied si bien aux MORBUS GRAVE, qui manipulent la terreur musicale comme d’autres la science exacte. Sur ce premier album, on prend acte d’une maîtrise incontestable, d’une passion pour tout ce qui est laid et putride, que l’on restitue en mode Death/Doom poisseux et écœurant.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté
Quel dommage que ce cher Charles Baudelaire soit depuis longtemps réduit en poussière. Peut-être se serait-il amusé de ces fossoyeurs pissant sur son cercueil, en réaction à une déshumanisation depuis longtemps adoptée. Et s’il fallait en passer par la fantaisie poétique pour décrire l’univers de Lurking Into Absurdity, on pourrait écrire un vers comme :
Ici, tout n’est que désordre et laideur. Abandon, bruit et sadisme desséché.
Titres de l’album :
01. Into (the Curse) Cerebral Cremation
02. Morbid Darkness
03. Morbus Grave
04. Traumatic Malignancy
05. Mangled
06. Profaner
07. Lurking into Absurdity
08. Horrors from the Unknown
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