Dans la mythologie grecque, APHRODITE était la déesse de l’amour, comme tout le monde le sait. L’amour, sous toutes ses formes (spirituel, familial, mais aussi le désir, etc…), et sans savoir par quelle musique était rythmé le domaine des Dieux dans la Grèce antique, je peux parier sans trop risquer le ridicule qu’ils ne headbanguaient pas au son d’un Speed Metal rugueux, sans aller jusqu’à visualiser de petits angelots sur des nuages rigolos. Drôle de patronyme donc pour un groupe de Metal violent, qui ose baser son agression sur la thématique de la Grèce et de ses icônes, certes mené par une frontwoman teigneuse à l’énergie débordante, mais œuvrant quand même dans une optique gentiment rétrograde assumée. APHRODITE dans les faits, est le nouveau jouet artistique de l’infatigable Jo Steel (ICE WAR, ex-TRIOXIN 245, ex-TEMPÊTE, ex-IRON DOGS, BLUE CROSS, ZEX, ВРЕДИТЕЛИ, ex-BARROW WIGHT, ex-CAUCHEMAR (live), ex-BASTARDATOR, ex-GERM ATTAK, ex-MENTAL RESCUE), toujours aussi obsédé par sa propre nostalgie du Metal des années 80, et qui a soudainement décidé d’unir ses forces avec la tempétueuse Tanza Speed (DEMONA, OUTLINE, ex-CORROSION, ex-POISONED), pour mener de front une option supplémentaire. Rejoints par Yan Turbo, les deux nouveaux associés n’ont pas traîné pour publier leur premier LP, qui intervient un an après la création du projet, sous la forme de ce Lust and War à la pochette sublime, mais au propos hautement contestable. Répondant toujours à un besoin de minimalisme culturel si cher à notre bon vieux Jo, ce nouveau side-project est de ceux qui remisent la créativité de revers pour se concentrer sur une optique old-school totalement revendiquée, mais pas forcément enrichissante d’un point de vue culturel.
Seul détail cocasse et sortant du contexte, cet intérêt pour les figures mythologiques de la Grèce, d’Arès à Thésée en passant par la Gorgone, Orphée, qui s’accommodent ma foi fort bien de cet écrin Speed Metal sans concession. Mais une fois passée la surprise de la thématique qui nous éloigne des habituelles turpitudes métalliques d’usages à base de révolte sociale, de rébellion cheap et autres démonstrations de virilité futiles, le constat est sans appel. Aussi sympathique soit ce projet, il ne s’embourbe pas moins dans le classicisme le plus formel, le durcissant même d’une uniformité de ton apte à faire passer le plus incorruptible des groupes de BM lo-fi pour un chantre de la diversité. Alors, de deux choses différentes l’une seule, si vous craquez au plus haut degré pour l’entame « Hades in the Night », soyez heureux et jetez-vous sur ce Lust And War, puisqu’à peu de choses près, les dix morceaux suivants sont exactement du même calibre. Que peut-on formuler comme grief dans les faits à l’encontre de ce groupe et de cet album ? Plusieurs, non dans le fond, mais dans la forme. En sachant pertinemment que ce bon vieux Steel déteste la perfection et la modernité, autant reconnaître que la production de ce nouvel effort est d’une faiblesse difficile à excuser. Entre des guitares qui semblent avoir été accélérées au mixage, une voix très éloignée et enterrée dans l’instrumental, et une rythmique qui elle aussi donne la sensation d’avoir été captée à 80 BPM puis doublée sous Pro-Tools, l’impression dégagée est étrange, et pour le moins perturbante. Cela dit, et pour trouver des rambardes auxquelles se raccrocher, on finit par accepter ces lignes vocales qui surnagent à peine, puisque la voix de Tanza Speed n’est pas vraiment de celles qui vous marquent les tympans, ses intonations étant d’une linéarité assez flagrante.
Mais le principal reproche à formuler reste l’uniformité de ton qui laisse à penser que le tout a été imaginé, composé, enregistré et produit en moins d’une semaine, tant les morceaux se ressemblent tous et sont calqués sur le même schéma. A quelques décélérations près, et avec une poignée de chansons plus lentes que la moyenne, APHRODITE peut faire illusion de loin mais pas plus de dix minutes pour tous les experts de la question Speed Metal tranchant et hargneux. Malgré un chronomètre qui reste souvent sous la barre des trois minutes, les canadiens ont du mal à moduler leur propos, et sonnent la plupart du temps comme un mix improbable entre le MACABRE de Grim Reality (à cause encore de ces bandes accélérées) et un ZNÖWHITE plus pauvre en créativité que d’ordinaire, ce qui est frappant à l’écoute d’un titre comme « Ares, God of War ». Ajoutez à ce constat une inspiration pas forcément évidente, et un traitement uniforme des mélodies rachitiques, et vous obtenez un cocktail certes relevé, mais qui écœure avant de faire tourner la tête. Sauvés la plupart du temps par le gong qui sonne juste avant que la lassitude ne se transforme en énervement, les musiciens font ce qu’ils peuvent pour nous convaincre de leur passion, mais ne suscitent pas la nôtre, malgré une énergie de tous les diables et quelques arrangements bien placés (l’entame de « Lightning Crashed » suggère qu’avec un peu plus d’investissement, l’album aurait pu être différent, d’ailleurs, c’est l’un des morceaux les plus entraînants). La faiblesse chronique d’une chanteuse qui ne hurle pas, qui ne grogne pas et se contente de reproduire ad nauseam les mêmes lignes vocales, les riffs interchangeables, le tout est amalgamé dans un brouet assez indigeste, dont la régurgitation est évitée de peu grâce à des lignes de basse concentriques et quelques soli plus cramés que la moyenne.
Je noircis le tableau évidemment, mais il est tellement surprenant qu’un album de trente-six minutes en paraisse le double, malgré quelques tassements de tempo (« Aphrodite, Queen of Lust »), et quelques licks encore plus rétro (« Orpheus Charms the Gods of Death »). Autant dire qu’on arrive à la fin de l’album avec peine, malgré un diptyque de clôture qui pourrait laisser présager de lendemains plus rieurs. Certes, le tout est casher, donne le sentiment d’avoir été enregistré en 1985 (l’obsession de Jo, comme toujours), mais tout ça ne suffit plus à faire un bon disque, tout juste une œuvre s’inscrivant dans un phénomène de mode inamovible. Alors non, avec une linéarité pareille, il a fort à parier que les Dieux grecs n’auraient pas fait d’APHRODITE leur déesse de l’amour. Plutôt une fille sympa, un peu répétitive sur les bords, et qu’on évite autant qu’on peut après une discussion sur les méandres de sentiments pas vraiment convaincants.
Titres de l’album :
01. Hades in the Night
02. Pandora's Box Unleashed
03. Ares, God of War
04. Lightning Crashed
05. Penthaselia
06. Gorgon Medusa
07. Aphrodite, Queen of Lust
08. Orpheus Charms the Gods of Death
09. Thesus and the Minotaur
10. The Odyssey
11. Gladiators
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17/05/2025, 18:12
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J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
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12/05/2025, 13:38
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@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
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