Quel groupe peut sonner au prime abord comme un ENTOMBED lassé de tant d’années d’expérience, puis comme ENCOFFINATION à deux doigts du trépas, avant d’assumer des similitudes avec TRAP THEM, eux-mêmes éclipsés de l’aura des NAILS devisant avec les PLEBEIAN GRANDSTAND, tout en acceptant de devoir partager la puissance nihiliste avec des TRAP THEM pas forcément mécontents d’avoir trouvé des frères d’armes ? Et qui, de piste en break, de morceau en intro, sonnent comme une vague norvégienne de froid, comme une déferlante scandinave de haine, puis qui s’écrase sur les récifs du Grind anglais sans perdre de son impact ou de sa cohérence ? Le secret le mieux gardé de la scène italienne, qui peut se targuer de compter dans ses rangs un digne représentant de la misanthropie musicale depuis plus de quinze ans. On sait la scène transalpine incroyablement fertile depuis quelques années, mais on la redécouvre putride grâce au retour d’un de ses héros les plus néfastes, qui nous fait enfin l’honneur de s’exprimer après six ans de silence absolu. THE SECRET est donc ce secret de polichinelle, puisque le groupe est bien connu des amateurs d’extrême depuis fort longtemps. Ces mêmes amateurs d’extrême qui se sont sevrés des quatre longue-durée du groupe, poursuivant une trajectoire descendante vers les enfers depuis ses débuts. Oubliés donc les prémices de Luce en 2004, auquel ce nouvel EP fait pourtant référence de son absence de lumière, presque oublié le postulat définitif Agnus Dei, pierre de rosette d’un BM foncièrement mauvais et vénéneux, bien que la ligne directrice artistique n’ait pas vraiment changé. C’est donc avec un plaisir malsain que nous retrouvons les originaires de Trieste, revenus sur le devant de la scène macabre via Southern Lord, certainement ravis de voir leur nom accolé à celui de cette légende de l’underground. Pour autant, le retour du quatuor se fait de la façon la plus minimaliste qui soit, via cet EP, Lux Tenebris qui n’offre que trois morceaux. Mais trois morceaux qui en disent plus long que l’on ne pense sur un avenir qu’on pressent très proche.
Depuis 2012, THE SECRET a bien évidemment changé. En option quartet (Michael Bertoldini - guitare, Marco Coslovich - chant, Lorenzo Gulminelli - basse et Tommaso Corte - batterie) n’a rien perdu de sa superbe, même s’il fait pour le moment acte de parcimonie. Exit Kurt Ballou, qui laisse la place à son compagnon de route Brad Boatright pour un mastering aux proportions dantesques à l’Audiosiege, bonjour la nouvelle orientation qui enrichit le son de strates supplémentaires, toujours distillées avec flair pour créer un empilement de sons cauchemardesques. C’est bien cette progression dans la densité qui choque le plus à l’écoute de Lux Tenebris, qui malgré sa brièveté incarne une nouvelle étape importante sur le chemin de carrière des italiens. Sans se départir de leur extrémisme musical, les instrumentistes/compositeurs font preuve d’une précision nouvelle, et d’une acuité incroyable dans leur transposition de ténèbres musicales. Aussi BM que n’importe quel groupe des origines, ils sont pourtant aujourd’hui beaucoup plus que ça, se posant en jonction improbable entre l’opacité d’un TERRA TENEBROSA et la liberté malfaisante d’un ANAAL NATHRAKH, sans copier l’un ou l’autre. Difficile pourtant de dessiner des plans précis au jugé des trois morceaux de ce nouvel EP, qui jouent la franchise tout en gardant dans les coffres les révélations les plus fracassantes. En tissant des riffs enchevêtrés, Michael Bertoldini prouve que l’ambition générale est d’apporter plus de clarté aux ténèbres, ses parties se faisant volubiles et volatiles, à cheval entre la circularité d’un MAYHEM et la fausse franchise d’un HIEROPHANT. Le chant de Marco Coslovich, grondant, invocateur, mystique, confère à l’ensemble une aura particulière et noire comme une nuit sans espoirs, tandis que la rythmique se met au diapason en provocant les ruptures, les cassures, et en acceptant sans résignation mais avec envie les soudaines accélérations et décélérations qui confèrent à cette dernière réalisation le dynamisme probant dont elle avait besoin pour marquer les esprits.
Mais difficile d’en dire plus sans en dire trop, puisque le principe de ce nouvel EP repose sur des bases de prise à rebours. Difficile aussi de nier que l’ADN du groupe est toujours le même, se cristallisant autour d’une recherche d’absolu sonore, faisant fi des barrières de styles pour imposer le sien. S’il est inutile de nier que les THE SECRET sont toujours aussi BM qu’avant, on sent que le quatuor a envie de s’affranchir de toute étiquette pour éventuellement devenir un leader unique, ayant les moyens de ses ambitions. Mais ce qui choque surtout à l’écoute de ces vingt minutes de chaos, c’est cette versatilité dont le groupe fait montre dans la brièveté, et qui permet à chaque chapitre d’être unique en son genre, et différent des deux autres. Et si « Vertigo » en intro joue les mouches du coche Hitchcock pour nous entraîner dans un tourbillon de vertige Dark Ambient en ombres chinoises, provoquant le Doom pour finalement sombrer dans les affres d’un démarquage à peine prononcé du The Tunnels des TERRA TENEBROSA, « Cupio Dissolvi » en final, évoque les plus grands moments du BM symphonique des EMPEROR et autres cacophonies à la DODECAHEDRON pour nous laisser sur une note de chaos terminal ne laissant planer aucun doute sur l’explosion que représentera un prochain longue-durée.
Trop court évidemment pour être pris pour un LP, Lux Tenebris n’en est pour autant anecdotique. D’une, parce qu’il nous permet de retrouver l’une des entités les plus fondamentales de la scène BM italienne après des années de manque. D’autre part, il nous permet de constater que les THE SECRET n’en ont pas profité pour se reposer sur leurs lauriers, et comptent bien remporter d’autres batailles. Et si leur grandeur n’est plus un secret pour personne, le voile n’en est pas pour autant levé sur leurs expectatives. Comptent-ils persévérer sur cette pluralité, ou ne doit-on voir en ces trois titres que des indices épars sur une construction plus cohérente à venir ? Il est encore possible après quinze ans d’existence de se chercher, mais ce qui est certain, c’est que le groupe va trouver un intérêt indéniable chez les amateurs de musique bruyante, mais riche et logique.
Titres de l'album :
1.Vertigo
2.The Sorrowful Void
3.Cupio Dissolvi
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