C’est un peu la merde en perfide Albion en ce moment. Entre les attentats qui multiplient les victimes, les incendies qui en font tout autant, et Theresa May qui fait à peu près ce qu’elle veut et surtout n’importe quoi, le climat n’est pas à la détente, et le flegme semble céder le pas à la colère et au ras le bol général.
Je comprends ça, il faut avouer que l’Angleterre n’a pas été épargnée par le sort ces dernières années, et pas étonnant que la scène Core en soit affectée de manière durable.
On sait déjà depuis fort longtemps que les courants les plus extrêmes sont pratiquement tous nés là-bas, et ce depuis l’avènement du Punk londonien, mais aujourd’hui, c’est du côté de Lincoln, East Midlands qu’un traquenard nous est tendu sous la forme d’un premier EP assez cryptique, qui lui aussi mise sur la violence amalgamée.
Pas grand-chose à vous dire sur les SKINLOVER, que j’ai connus ce matin même, et qui ne perdent pas de temps en bio inutile sur leur Bandcamp, qui est d’ailleurs leur unique page officielle.
Un EP donc, d’une bonne dizaine de minutes, qui se souvient de son patrimoine national, tout en louchant du côté du Darkcore allemand où il semble tomber.
Une musique rigide, froide comme un soir de décembre anglais, qui sait pourtant se montrer rapide et expéditive lorsque l’ambiance l’exige, mais qui ne se borne pas à tirer dans tous les coins sans économiser ses balles.
Musicalement, l’affaire est concentrée, mais variée. Violente, mais remuée. Hardcore, mais métallisée. Tout ceci ne doit certainement pas vous aiguiller sur une piste quelconque, mais je ne crois pas que le but de Lyn Skyvver soit de mettre les choses au clair pour vous faire vous sentir à l’aise. C’est au contraire un EP qui aime secouer et déranger, en mélangeant les genres pour en extraire leur essence la plus noire, et multiplier les cassures de rythmes, les changements d’humeur, etc…
Alors, ça joue très vite ou très lentement, mais toujours très fort. A cheval entre un Darkcore vraiment gras, tirant même parfois sur un Sludge maladif limite Doom (« Lyn Skyvver » justement, aux riffs gras et suintants comme un front en été). Les morceaux sont tous courts mais incroyablement intenses et souvent malsains, comme le démontre avec véhémence « Humanity », qui semble dresser un constat assez pessimiste de notre situation mondiale. Une voix hurlée légèrement résignée dans la colère, une rythmique qui évolue et sinue entre les accélérations et décélérations, et une guitare qui lacère des riffs vraiment méchants histoire de rester dans le ton. Difficile toutefois de comparer ces anglais à des troupes connues, puisqu’ils prennent un malin plaisir à brouiller les cartes, néanmoins, ce premier jet fait preuve d’un professionnalisme certain dans la désillusion, et bénéficie d’une énorme production un peu sourde qui nous rappelle le DISCHARGE le plus cruel et abyssal (« Crippled and Caged »).
Nous passons donc allégrement de saillies brèves mais qui bousculent grave (« A Consumerist Hedonist », qui saute d’un tempo à l’autre sans vergogne), à des interventions plus développées aux monochromes denses (« Man Is The Cancer », son feedback qui troue les tympans et ses percussions tribales ondulantes).
Implications qui rassurent quant à l’investissement des musiciens dans une réalité assez éprouvante (« We Care », et ce son si caractéristique d’un gros Punk à tendance Doom de l’orée des 90’s), pour une dualité ambiante assez intéressante dans le rendu, qui permet aux SKINLOVER de ne jamais lasser sans pour autant se perdre dans des conjectures contradictoires.
C’est parfois assourdissant de violence (« The Great Hunter »), ou péremptoire dans l’écrasement d’un Crust par un énorme coup de massue Darkcore (« Don’t Like It. Change It ! », au parfum légèrement GODFLESH), et de temps à autres faussement mélodique, mais franchement écrasant et amer (« Life », avec ce chant qui semble enfin sortir ses tripes sur une bourrasque Crust massive, soudainement catapultée par quelques blasts surprenants).
En gros, du travail de sadiques qui ne vous laissent voir la vie et la société que sous leurs angles les plus abjects et perturbants.
Lyn Skyvver n’est pas vraiment un EP rassurant, mais il se veut constat lucide d’une époque qui exorcise ses démons dans un consumérisme ambiant pour ne pas regarder la vérité en face. Une musique parfaitement en adéquation avec des temps troubles, où la vie disparaît aussi vite qu’elle n’est créée.
Pas super chaleureux, mais puissant, distordu, dissonant, un peu cacophonique, encore très impulsif, mais terriblement rationnel.
Une autre façon d’envisager un Crossover entre tous les genres les plus abrupts pour les rendre encore plus perturbants.
A écouter avec un moral au beau fixe sous peine de se jeter du pont le plus proche.
Titres de l'album:
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