Le Brésil et le Thrash, voilà une très ancienne histoire d’amour. Nul n’a pu oublier la sauvagerie pratiquée en Amérique du sud dans les années 80, ne serait-ce qu’en ayant connu les SEPULTURA. Mais le groupe des frangins Cavalera n’était que le baobab qui dissimilait la forêt, et les initiés savaient très bien à l’époque que sous le feuillage de Schizophrenia et Beneath The Remains se cachaient les branchages des VULCANO, de DORSAL ATLANTICA, de MUTILATOR et autres fanatiques de la théorie quantique des univers musicaux parallèles. La brutalité était alors de mise, tout comme la sauvagerie, et l’héritage gigantesque qu’ont laissé ces groupes à leurs cadets trouve encore aujourd’hui capitalisation au travers d’œuvres qui font preuve d’autant d’hommages en oraisons. Le Brésil tente donc de conserver son leadership, acquis à la force des poignets, mais semble mâtiner ses efforts d’un semblant de subtilité, pour ne plus passer pour un pays de bouchers confondant rythmique et pilonnage systématique et atomique. Et en termes de référence, les SUFFOCATION OF SOUL se posent là, mais ici aussi, et peuvent s’enorgueillir d’une carrière sur la route assez fournie, ayant visité un maximum de pays, dont le nôtre. Fondé en 2006, ce quatuor exigeant (André - basse/chant, Tarcísio & Mauricio - guitares, et Marion - batterie) ne se contente pas vraiment du tout-venant, et nous a déjà offert quelques échantillons de ce son si dément, au travers d’une poignée de réalisations. Une première démo (Demoniac Empire en 2008), puis un EP (The Last Way Of Madness en 2012), un premier longue-durée (The First Attack, 2014), et quatre ans plus tard, un nouvel extended-play via cet impitoyable mais agréable Macabre Sentence, beaucoup moins Morbid Visions que son titre ne le laisse entrevoir.
Car si les SUFFOCATION OF SOUL sont indéniablement Thrash, ils tournent néanmoins le dos à l’aspect le plus bestial de la question. Pas forcément concernés par les débordements maniaques de leurs aînés, et plus foncièrement fascinés par les constructions à la METALLICA/EXODUS que par les déviances sadiques et lubriques de HELLHAMMER ou VENOM, les quatre lusophones préfèrent se concentrer sur une brutalité contrôlée que de se débaucher dans un barouf à peine agencé. On retrouve donc un peu de tout dans leurs influences, qu’ils nomment sans honte, et qui couvrent un spectre allant de TOKYO BLADE à SACRIFICE, en passant par RAVEN, CORONER DESTRUCTION, MERCYFUL FATE, GRIM REAPER et POSSESSED. Mais fiez-vous plutôt aux références les plus nuancées, puisque nos musiciens du jour sont plus des ciseleurs que des pilonneurs. Un peu d’attention portée au morceau le plus développé, « The Perpetual Lie » suffit d’ailleurs à s’en persuader, les brésiliens nous offrant à ce moment précis une belle démonstration de leur talent, tâtant même du Heavy progressif pour mieux dériver sur un Thrash agressif. Le contraste entre les parties nuancées et mélodiques et les accès de rage épileptique étant d’ailleurs très marqué, leur identité n’en est que plus affirmée, et l’ensemble se déguste alors comme un cocktail coloré et relevé mélangeant les ingrédients EXODUS, HEATHEN, METALLICA et FORBIDDEN savamment dosés. Duels de guitare à la tierce, breaks qui s’amoncèlent, mais qui ruissèlent, interventions en solo tout en brio, pour presque huit minutes de développement intelligent qui permet à Macabre Sentence de prendre ses marques et ses distances avec la production actuelle en outrance.
S’il est évident qu’ils n’ont, et qu’ils n’inventeront rien, ces brésiliens ne s’en montrent pas moins convaincants pour autant. En une poignée de titres suffisamment variés pour ne pas balbutier ou se répéter, le quatuor s’impose sur la scène Thrash sud-américaine, sans se reposer sur leurs glorieux lauriers pour continuer d’avancer sans oser. Pas étonnant dès lors qu’ils soient considérés comme des leaders potentiels, tant leurs morceaux charnels nous ramènent aux plus grandes heures d’un Thrash pluriel. Car lorsqu’on pense METALLICA, ils nous la jouent DESTRUTION, lorsqu’on ressent VIO-LENCE, ils nous la font MUTILATOR, et au petit jeu du qui-a-raison-a-tort, les originaires de Poções gagnent à tous les coups, en jouant leur va-tout. Doté d’une rythmique percutante mais fluide, d’une paire de guitaristes aussi à l’aise en solo qu’un duo, et d’un bassiste/chanteur au timbre frondeur et à la gravité nuancée, ce combo aux allures de classique nous enchante donc d’une violence intelligente, mais suffisamment adolescente pour ne pas faire fuir les plus branques. D’ailleurs, en combinant les éclairs et les zones de turbulence moins claires, Macabre Sentence offre un panorama changeant, toujours véhément et puissant, souvent agressif à tendance teigneux, et particulièrement nerveux. Et entre un archétype Thrash modelé avec attention (« Lifeinvader »), une saignée corsée et peu encline à cicatriser (« Dead Paradise »), et un morceau d’entame qui met les choses au point sans en dire trop sur les lendemains (« Crimes Behind The Influence »), le bilan est plus que positif, il est euphorique, et nous fait même regretter que le timing soit si serré.
En confirmant tout le bien qu’on a pu dire d’eux suite à la parution de The First Attack il y a quatre ans, les SUFFOCATION OF SOUL restent sur les bons rails, et incrustent leur nom dans notre inconscient. Il faudrait d’ailleurs l’être pour occulter leur existence, qui prouve que le Brésil reste toujours l’un des pays les plus productifs dans le genre, qui peut s’asseoir sur une crédibilité d’époque durement gagnée pour continuer à thrasher. Et le pays a de quoi être fier de ses représentants, qui en se montrant plus évolutifs que la moyenne, sans tomber dans les travers d’un techno-Thrash trop ambitieux, signent un EP de grande qualité, qui peut nous faire patienter jusqu’à leur prochaine production longue-durée.
Titres de l’album:
1. Crimes Behind The Influence
2. Lifeinvader
3. We Live in Pandemonium
4. The Perpetual Lie
5. Dead Paradise
6. Impios
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