Ok, cette chronique paraît en février 2019, mais au moment où je l'écris, nous sommes encore le 31 décembre 2018. Soit le dernier jour d’une année qui aura été chargée en termes de sorties, qui aura révélé des perles, confirmé des réputations, mais aussi fait s'envoler quelques illusions, détruit quelques rêves, et terni l'image de groupes confirmés. Et alors que la plèbe et les patriciens s'apprêtent à fêter la Saint-Sylvestre comme il se doit à grand renfort d’huîtres et de foie gras, d'autres comme moi refusent ces festivités et continuent leur travail d'exhumation des bas-fonds pour vous permettre de découvrir de nouveaux artistes qui méritent une exposition. Et si mon année 2018 fut dominée par l'extrême et l'assomption de la suprématie de vieilles gloires, elle fut globalement marquée du fer rouge de l'extrême, au détriment d'autres styles que j'affectionne tout autant. Et quelle meilleure façon de préparer la purge de janvier que de retourner aux sources d'un Hard-Rock simple et direct, celui-là même qui nous a entraîné plus tard sur les pistes glissantes des extensions les plus bruyantes ? Et en 2018, comme en 2017 ou les six années précédentes, quel autre pays que la Norvège pour nous offrir du binaire qui dégèle, et qui accélère le palpitant au point de lui faire danser un jive dément ? Nous sommes donc d'accord, et c'est une fois encore du côté d'Oslo que je suis allé chercher ma dose de grisant, en l'incarnation d'un quintet qui ne se pose pas d'inutiles questions, et qui rocke, qui rolle, dans la plus grande tradition nationale. Attiré par une pochette alléchée, je m'intriguais du contenu du premier album des nordiques de VIRGINIA HILL, leur nom et leur graphisme fleurant bon le crime organisé, et surtout, l'attirance d'une figure bien connue de la pègre américaine. Pour les étourdis de l'histoire, sachez que dame Virginia Hill fut la compagne du mobster Bugsy Siegel dans le Chicago des années 30, ce qui vous permet un peu de situer ses activités. Mais loin de moi l'idée de vous présenter sa biographie, Google étant votre ami, et le sujet du jour étant quelque peu différent. Mais gageons que si les VIRGINIA HILL norvégiens étaient nés dans la première vingtaine du vingtième siècle du côté de l'Illinois, ils eurent été de fieffés brigands avides de trafic en tous genres et de contrebande liquide organisée.
Car leur Rock légèrement teinté de Sleaze est du genre roublard, et vide-poches goguenard. Pas beaucoup d'informations à communiquer à leur sujet, leur unique page Facebook étant succincte niveau biographie, mais il convient de préciser que ce Makin' Our Bones est leur premier LP, et que le groupe s'organise autour de cinq instrumentistes (Paulie Vecouteren – chant, Phillie – lead, Mathias Groven – guitare rythmique, Marcus Pedersen – basse et Jay Ratama – batterie) qui visiblement n'ont pas laissé les eighties dans leur poche, et n'ont pas oublié les seventies au profit d’une approche plus contemporaine histoire de sonner moderne. Si les rapprochements avec les plus grandes figures du nord n'est pas incongru, il serait trop facile de réduire les VIRGINIA HILL au rang de simples copies des HELLACOPTERS ou des BACKYARD BABIES. Nonobstant cet état de fait, les similitudes existent et sont patentes, notamment pour cette façon de traiter le Rock traditionnel comme une vulgaire catin Punk, la moue lippue et le verbe cru, le riff détaché et la rythmique resserrée. Le but du jeu est toujours le même, puisqu'il s'agit bien d'un jeu, unir dans une même envie les tempi pilonnés et les guitares enragées, saupoudrant le tout d'un chant séduisant mais pas dupe, et laissant l'inspiration voguer au gré du passé des STONES, traîner dans les loges des NEW YORK DOLLS, taper la causette avec les RAMONES, tout en saluant du coin du chapeau la vague Pop-Punk des eighties, sans leur donner l'air de faire partie de la même famille. C'est classique dans le fond, encore plus dans la forme, mais ça fonctionne puisque ces cinq lascars là connaissent leur bréviaire, et ne s'éternisent pas pour perdre le fil de leur propos. Alors, pas plus d'une demi-heure pour convaincre, et une bordée de hits pour vaincre, le tout enrobé dans une production un peu sèche aux médiums rêches, et vogue la galère qui n'en est pas une, mais qui a plutôt des allures de set joué comme à la parade dans un club d'Oslo aux murs suintants de stupre et de plaisir.
D'aucuns vous diraient, c'est du tout bon, mais c'est quand même un peu rebattu. Et je ne saurais les contredire, puisque c'est de Rock dont il s'agit, et rien d'autre, mais joué à la manière Glam, un peu comme des FASTER PUSSYCAT exilés en terre norvégienne. Le genre de truc qui fonctionne toujours pourvu qu'il provienne des pays scandinaves et voisins, et qui rappelle de loin les WIG WAM, les BACKSTREET GIRLS et d'autres compères de label. Donc, pas de quoi se prendre la tête, mais largement de quoi la faire dodeliner au son de quelques hymnes bien troussés, qui s'ils ne cherchent pas Ziggy à quatorze heures, prennent quand même le soin de respecter le cahier des charges, soli concis compris. Chacun connaît ses responsabilités et les assume, même si évidemment, on aimerait parfois que l'inspiration s'envole plus loin qu'une enclume et nous propose des choses un peu plus culottées. Du coup, chaque morceau sonne comme un archétype, ou comme un classique selon votre humeur, et fait une fois encore la jonction entre l'immédiateté Punk des seventies et l'arrogance Rock de la décade suivante, ce que « Blackout Nights » démontre en bonne introduction up tempo qui se respecte. Pas grand-chose donc de neuf à se mettre sous la dent, pas de révélation sur le chemin de Damas, mais de gros riffs qui paient leur tribut aux SEX PISTOLS et à CHEAP TRICK, pour un équilibre entre Pop, Punk et Rock dynamique, et hautement électrique (« Dangerous Temptations », sans doute le meilleur du lot). Arrangements sobres, attitude, tout est là pour rappeler qu'il y a plus de trente ans, les GUNS battaient le haut du pavé, et que depuis les pays nordiques ont repris le flambeau, sans trop chercher à creuser pour trouver leurs arguments à chaud. Et entre fureur et sensualité, les chansons défilent, respectant un schéma bien établi, et naviguant entre peinard appuyé et fouettard agacé.
Pas de ballade à craindre, puisque les gus n'ont pas le temps d'être trop tendres, et qu'il s'agit d'un premier album qui doit frapper fort. Alors, on n'hésite pas à pomper un peu du côté de l'Australie, histoire de rendre hommage aux frères Young (« Too Young To Die »), tout en gardant les deux pieds fermement ancrés à domicile pour affoler la fête et tirer sa révérence au modèle Nicke Andersson via l'influence de tous ses groupes et side-projects (« Line ‘Em Up (Knock ‘Em Down) »). Mais comme une analyse linéaire le serait autant qu'une écoute de travers, autant laisser la musique parler d'elle-même, et vous donner des fourmis dans les pieds, puisque tel est le but d'un jeu que tout le monde accepte de jouer. Sans révolutionner quoique ce soit, puisqu'en termes de Rock les anciennes tables font loi, les VIRGINIA HILL signent un début qui loin d'être mémorable, reste mémorisable, et laisse présager d'une carrière un peu folle et roll, et que tous les amateurs de franchise Rock apprécieront comme il se doit. La bande-son parfaite pour un réveillon un peu baston, dans un club d'Oslo ou un pavillon parisien. Après, tout dépend des voisins.
Titres de l'album :
01. Blackout Nights
02. Dangerous Temptations (feat. Petter Baarli)
03. State Of Mind
04. Too Young To Die
05. Line ‘Em Up (Knock ‘Em Down)
06. Truth Be Told
07. Aphrodite
08. Welcome To My Dream
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