SoCal Punk ? Le meilleur et le seul selon les experts, et une certaine tradition des envolées rythmiques soulignées de riffs tranchants comme une lame et pourtant légers comme une flamme. La liste des références est longue, et sans vouloir établir un panorama exhaustif, on pourrait jeter dans la marmite de la légende des noms comme ceux des DESCENDENTS, CIRCLE JERKS, des RAMONES évidemment, SOCIAL DISTORSION, celui du FLAG, des SUICIDAL, des DK, et puis dans la génération plus tardive et pas si spontanée que ça, des GREEN DAY ou d’OFFSPRING.
En gros, une énorme portion de l’héritage Punk US qui n’en finit pas de faire des émules et de dispenser ses enseignements par procuration.
Il faut dire qu’il y a matière à. Après tout, cette mouvance née à la fin des 70’s est toujours aussi valide aujourd’hui, et surtout, toujours aussi habilement représentée par des skateurs ou pas, mais en tout cas des musiciens qui n’ont pas la mémoire courte, et qui comme leurs aînés, aiment jouer fast & fun.
Un des derniers exemples en date, les BAD REACTION. Sans vraiment savoir ce qu’est ce fameux mauvais réflexe qu’ils invoquent dans leur nom de baptême, je crois pouvoir affirmer au gré des éléments glanés sur la toile que leur existence même est sujette à débat.
Existent-ils toujours ? Rien n’est moins sûr, puisque leur Bandcamp nous indique une possible cessation d’activité, au jugé du court laïus accompagnant la présentation de ce Making Friends is our Business, qui finalement, pourrait prouver qu’ils n’ont pas réussi à se faire tant d’amis que ça.
Les BAD REACTION en l’état, ne sont pas RELIGION pour autant, et sont quatre (Kash – chant, Ben – guitare, Jesse – basse et Nick – batterie), mais cet album disponible gratos sur leur site pose quelques énigmes directes et indirectes.
Il a visiblement été enregistré en hiver 2009, et serait le dernier témoignage de ce gang, qui serait donc défunt en 2017.
De l’intérêt de sortir huit ans plus tard un LP à titre posthume ?
Laisser une trace dans la mémoire collective du SoCal Punk dont les BAD REACTION étaient d’habiles et sincères représentants.
On retrouve en effet sur leur album tout ce qui a fait le charme de cette musique directe et franche, qu’on écoutait en dévalant le bitume ou en half-pipant dans les piscines abandonnées, le casque vissé sur les oreilles ou la boom-box posée sur le rebord. Bières, potes, skates, et c’est parti pour une après-midi de glande en famille, au son d’un Punk Hardcore tirant parfois sur le Crossover, et rappelant même les premières injonctions des SUICIDAL, sans toutefois en atteindre les sommets de rapidité et de véhémence.
Non, le Punk des BAD REACTION est mélodique, mais peut aussi se montrer très fast, avec une bordée de morceaux qui vont à l’essentiel, et qui suggèrent tout autant la rage juvénile des STUPIDS que l’enthousiasme mélodique débridé des PENNYWISE.
La tradition donc, respectée et vénérée, et au final, un LP d’une vingtaine de minutes qui donne la rage et l’envie de partir downtown chauffer quelques bulles pour expulser un trop plein d’énergie.
Alors, ça joue, court, concis et rapide, ça chante, avec cette voix de branleur qui balance ses slogans en y croyant dur comme fer, et derrière ça mouline, avec en exergue cette putain de basse gironde et brillante qui joue les seconds solistes.
En parlant de soliste, Ben en est un tout à fait capable, et torche quelques interventions notables, sans pour autant se départir de sa science rythmique assez confondante d’efficacité.
C’est manifeste sur des titres comme « 15 Seconds » ou « You Never Learn », sur lesquels le petit malin lâche quelques saillies en solo assez convaincantes, sans pour autant remplir les blancs ou ralentir la machine pleine d’allant.
En gros comme en détail, Making Friends is our Business n’est rien de moins qu’un brillant survol de plus de trente ans de Punk Californien, Hardcore ensoleillé, qui malgré sa violence manifeste savait toujours rester primesautier.
Alors, on lâche des mélodies, on se vautre dans le fun et les parties, mais on assume ses choix, et on fonce tout droit, pour un sacré clin d’œil aux DECENDENTS et autres LAGWAGON, sans perdre de vue ses propres conceptions.
Parfois, lorsque la machine s’emballe, le spectre de DRI croise la silhouette d’Ian MacKaye (« Eaten Alive », qui suggère aussi que nos quatre petits Californiens ont jeté une oreille sur les SDI et autres représentants d’un crossover Thrash/Punk patent), et la machine à tendance justement à souvent s’emballer, d’autant plus que les morceaux ne durent guère plus d’une minute (« No Rules, Thrashcore, Skatecore, enfin tout ce qui bastonne et finit par Core qu’on redemande encore).
Un poil de second degré et d’ironie développée pour un pamphlet à l’humour noir assumé (« The Ballad Of Phil Spector », back to 1982 avec la rage des CRO-MAGS diluée dans le coulé de guitare de Stephen Egerton), une basse qui n’a de cesse de claquer et frimer pour que le tempo ne cesse de grimper (« Aggravated Opinions »), et au final, un gros clin d’œil à la bande de Milo Aukerman, en suivant la piste de thématiques multiples qui transcendent le Punk des origines pour le rendre plus personnel (« Same Old Story », mélange du FLAG et des DESCENDENTS de Milo Goes To College).
En définitive, je ne sais toujours pas ce qu’il est advenu de ce groupe, ni s’il existe toujours. J’espère que oui, mais dans le cas contraire, Making Friends is our Business fait office de testament alléchant, qui tout en faisant regretter leur éventuelle disparition, rend hommage à leur diction musicale de leur vivant.
Et du coup, ils se sont fait un ami supplémentaire. Moi.
Mais à la rigueur, j’étais déjà fan du SoCal avant l’heure, alors, ils ont juste prêché un converti.
Titres de l'album:
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Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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