Le Death Metal est-il fait pour être propre et bien carré ? Les amateurs de technique vous diront que oui, et citeront les grands anciens de MORBID ANGEL, de SUFFOCATION, DEATH et autres ATHEIST pour étayer leurs thèses. Les maniaques du Deathcore vous argueront que rien ne vaut une batterie triggée au millimètre soulignant un riff biseauté à l’équerre, mais si d’aventure vous posiez la question à quelques crados du solfège en mal de barbaque, tapis et grognant au fond de leur grotte, la réponse pourrait être radicalement différente. Alors, soyez heureux sociopathes de tout poil, réjouissez-vous sadiques à la machette facile, et jouissez mentalement et physiquement les accros au steak saignant, les américains de TORTURE RACK viennent de sortir un album qui va égayer vos soirées de masochistes, en étalant des tripes virtuelles sur vos tympans déjà fort abimés. Nous en venant de Portland, Oregon, une ville déjà bien minée par diverses exactions extrêmes, ces dégénérés de la guitare mal amplifiée et de la grosse caisse gravement purifiée poussent le bouchon aussi loin qu’ils le peuvent, et honorent de leurs sévices disharmoniques les vagues US et scandinaves les plus engloutissantes de l’histoire. Ici, pas de fioritures, juste du tartare de Death méga saignant, de quoi étancher sa faim et sa soif en même temps. Se présentant comme des exutoires vivants à tous les vices artistiques en vogue depuis la création du style, les TORTURE RACK incarnent en quelque sorte le degré zéro de l’évolution brutale floridienne, renvoyant même les séminaux POSSESSED à leurs chères études graphiques. N’attendez-donc aucune compassion de la part de ces sauvages misanthropes, leur seul but étant de vous titiller la corde sensible à grands coups de riffs gras, de rythmiques primitives, et de régurgitations vomitives.
Fondé en 2012 et déjà responsable d’un longue-durée (Barbaric Persecution, 2015), ce quatuor sans foie mais avec l’oie (Seth - batterie, Pierce Williams - guitare, Tony - guitare et Jason - basse/chant) s’est pris de passion pour un Death méchamment approximatif, refusant tout artifice de production pour être savouré tel quel, et autant dire qu’ils n’ont pas lésiné sur la sauce barbecue. Se situant dans la plus droite lignée de serial-killers impitoyables tels que les affreux AUTOPSY, BAPHOMET, et MORTICIAN, ou se plaçant comme les dignes cousins baveurs de CANNIBAL CORPSE, ces quatre hommes de Neandertal un peu bas du front n’hésitent pas à répandre des effluves dignes des premiers efforts de CARCASS, tout en disciplinant quelque peu leur obsession pour le bruit et le Gore. Disposant d’une production évidemment très sourde et pas vraiment reluisante, Malefic Humiliation est effectivement une humiliation en bonne et due forme, celle de toutes les théories évolutives qui veulent qu’une espèce aussi barbare soit-elle tienne compte de la progression des mœurs et des moyens mis à sa disposition pour s’intégrer à une société dite moderne. Ici, c’est du que nenni, Ninie pas de chance, le rance qui dézingue, et ça schlingue à mort la fosse à cadavres, le purin moisi, et les pieds pas lavés depuis des années, mais c’est justement ce refus de toute adaptation qu’on apprécie tant, dans une époque troublée où la normalisation devient une norme incontournable.
En étant cruellement grossier, je peux affirmer que toute norme ici est fermement enfoncée dans le fondement des auteurs, qui se font une joie de se torcher avec. En prônant des théories que des ENCOFFINATION en version accélérée pourraient revendiquer, les TORTURE RACK ne sont que vilénie et horreur, et se complaisent dans le souillage de partitions autrefois lues par GRAVE, de la même façon qu’un Chris Reifert pourrait s’en essuyer la raie gaiement. Tout ça n’est pas très fin, mais c’est voulu, et sincèrement, ça fait un bien fou. De constater que des musiciens (dont certains jouent au sein du combo ami de label WITCH VOMIT, ce qui en dit long) se foutent complètement de passer pour des orfèvres du solfège me conforte dans l’idée que le Death à la base doit incarner une forme de primitivisme avancé, et de matérialiser une infection olfactive prononcée. On retrouve donc ici l’impulsion d’origine du genre, que les bayous de Floride avaient du mal à charrier avec l’eau des égouts, et entre la voix dégueulée de Jason, les thèmes basiques et putrescents de Pierce et Tony, et les approximations de double grosse caisse de Seth, le tableau est complet, et ressemble à une morgue abandonnée par le service de nettoyage qui s’est enfui à la vue de cadavres un peu trop suintants dépassant des tiroirs. Fans de films de série B, de Gore bon marché, et de sensations épidermiques, ce second LP des américains est donc fait pour vous, et provoquera les même sensations que la énième vision d’un film d’Andy Milligan ou de Hershell Gordon Lewis. Certes, les astuces sont grossières, les personnages stéréotypés, les situations improbables, mais l’orgasme est à portée d’ouïe, et le résultat gicle à travers le casque comme une cervelle s’échappant de la boîte crânienne d’un zombi pas très frais. Du Lucio Fulci revisité par Phil Anselmo en cure d’IMMOLATION, du AUTOPSY filmé en 16mm par Andreas Schnass, en gros, une subtilité toute déviante pour agoraphobes nécrophiles qui ne crachent pas sur un brin de fantaisie brutale pour animer leurs soirée Nekromantik.
Vous reprendrez bien un peu de vomi avec vos spaghettis bolognaise? Ou plutôt, al empesto évidemment…
Titres de l'album:
1.Festering Castration
2.Mace Face
3.Masked In Leeches
4.Corpse Revenge
5.Slave To The Savage
6.Found In Feces
7.Lurking In The Undercroft
8.Destined For Dogmeat
9.Sweltering Into Gore
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