J’avais laissé tomber le Death Metal il y a très longtemps, dans les années 90, me disant que le style commençait à méchamment tourner en rond depuis son émergence dans les années 80. Mais en prenant un peu de recul sur mes chroniques, je me suis rendu compte que le genre représentait une bonne partie de mes analyses…Ce paradoxe savoureux en dit plus long qu’il n’y parait sur mon esprit de contradiction, et m’a conforté dans ma dualité pénible. Mais autant avouer que le sens de la nostalgie est en grande partie responsable de cet état de fait, les groupes osant casser le moule old-school se faisant de plus en plus rares et donc, par extension, encore plus appréciables. C’est ainsi qu’alerté par un journaliste/musicien franco/belge bien connu des amateurs de variétés chantantes, je me suis rapproché des américains de REPLICANT, dont j’ignorais jusqu’à l’existence, pour écouter leur second longue-durée : bonne pioche, puisque Malignant Reality est une sacrée bouée de sauvetage dans le marasme ambiant de recyclage permanent.
REPLICANT, fondé il y a sept ans à New Brunswick, New Jersey, aime les choses symétriques. Deux EP’s, deux albums, deux splits. Avec ça, tout est clair, sauf une chose, et pas des moindres : leur direction artistique. Après avoir jeté une oreille bienveillante sur l’introductif Negative Life, fort bien reçu par la faune Death internationale, je n’ai donc pas été surpris outre mesure par l’optique choisie sur Malignant Reality. Je n’ai pas non plus été étonné que les trafiquants de Transcending Obscurity aient adopté le bébé en question, qui s’adaptera très bien à leur garderie familiale.
Dans les faits, et assez simplement, ces trois méchants/grognons (Mike Gonçalves – chant/basse/guitare), Pete Lloyd – guitare, transmission à haute fréquence, James Applegate – batterie) définissent leur tendance comme étant du Dissonant Death, ce qui dès le premier morceau est difficilement contestable. Et pour la faire courte, autant dire qu’une collusion dans l’espace entre VOÏVOD, NOCTURNUS et MORBID ANGEL produirait un chaos proche de certains de leurs morceaux. Pour autant, les musiciens ne se vautrent pas dans la luxure stridente pour le plaisir de nous écorcher les oreilles : à la lisière du Death progressif et technique, leurs structures sont fascinantes, et nous entraînent loin dans le temps sans jouer le passéisme à outrance.
Amateurs de riffs francs et de direction ferme, passez votre chemin. Ici, tout est plus ou moins biaisé selon les options, mais en tout cas, aucun titre ne joue la franchise Death telle qu’on peut la connaître depuis la scène de Floride et de Stockholm. Se rapprochant parfois de nos héros nationaux PROTON BUUST ou SUP, tout en proposant un nombre impressionnant de plans catchy et d’accélérations purement Thrash, les REPLICANT incarnent une sorte de pendant maléfique et morbide à RUSH, et osent s’écarter des sentiers battus sans s’adresser uniquement aux élitistes du manche et des baguettes. Dans son rôle de bateleur, Mike Gonçalves (DISCORD, PUTRASCENSION, VOIDSCAPE, WINDFAERER, ex-DEATH BY NAMES, ex-ENGORGED ANAL TUMOR, ex-GRIMUS, ex-PAINTED RUST, ex-SKIES DEVOURED, ex-BINARY CODE, ex-SOME FAT KID FROM CALI, ex-SPORADIC SUICIDE) fait preuve d’une belle fermeté vocale, mais aussi d’une dextérité assez impressionnante à la basse, tissant des textures souples pour mieux nous attraper dans son filet de soie.
Le parallèle avec l’araignée est tout sauf gratuit, puisque le trio se veut association de prédateurs altérant les sens et la réalité pour mieux dévorer leurs proies. Entre ces inclinaisons à la VIRUS sur « Rabid Future », pour lequel la basse et la guitare se dissocient totalement, et ces attaques vicieuses en mid qui ne sont pas sans évoquer le VOÏVOD période Eric Forrest, sans oublier ces longues suites à tiroirs qui nous enferment à clé dans un univers parallèle (« Caverns Of Insipid Reflection »), REPLICANT se montre bien plus créatif et efficace que la majorité des groupes actuels qui préfèrent recycler de vieilles recettes sans chercher à les personnaliser. Sans aller jusqu’à affirmer que cette musique est tellement novatrice que vous en perdrez tous vos repères, j’affirme que l’art développé sur Malignant Reality offre une alternative délicieuse, agissant comme un puissant psychotrope n’entraînant pas d’effets secondaires indésirables.
Accélérations blastées au maximum, dualité vocale effective, stridences, dissonances, feedback en permanence, la route est longue, tortueuse, dangereuse, d’autant que le voyage titille les cinquante minutes de marche escarpée. Si les plus véloces partiront à vive allure avec leur lourd sac à dos (« Death Curse »), les plus malins adopteront un pas plus prudent pour ne manquer aucun détail. Car les finesses et fioritures ne manquent pas sur cet album qui fait montre d’une maturité incroyable dans l’audace. Et pas uniquement à cause de ce final homérique de près de neuf minutes, qui nous laisse sur une incroyable impression de plénitude artistique. « The Ubiquity Of Time », loin de jouer l’ubiquité, propose de s’embourber dans un Death malsain et nauséeux, rendu encore plus tendu et cauchemardesque par la voix de Gonçalves, aux intonations acides, singeant les dérangements mentaux de Christian Fetish en mode Doom/Death digne du MORBID ANGEL le plus pesant.
Du lourd à mettre dans la balance donc, et un album qui réconciliera les amateurs d’innovation avec un style qui fait du surplace vintage depuis quelques années. Loin des expérimentations d’un DODECAHEDRON, ou de l’introspection maudite de WOLVES IN THE THRONE ROOM, les REPLICANT osent le crossover taille XXL qui reste cohérent et accrocheur. La mission n’était pas gagnée d’avance, mais le résultat valait la peine des efforts fournis.
Titres de l’album:
01. Caverns Of Insipid Reflection
02. Relinquish The Self
03. Excess Womb
04. Death Curse
05. Coerced To Be
06. Rabid Future
07. Chassis Of Deceit
08. Dressed In Violence
09. Ektoskull
10. The Ubiquity Of Time
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