Malmignotta

Sfregio

23/02/2024

Autoproduction

Dans la série « Tiens, on s’connait non ? »/« Ben non !», ma rencontre avec les italiens de SFREGIO, après une publication remarquée sur les réseaux sociaux. Présenté comme un groupe de Porno Alcoolic Thrash'n'roll (on ne recule devant rien pour attirer le chaland…), SFREGIO est en fait un redoutable client qui use d’astuces bien pesées pour s’imposer sur le marché. Et les diables de Gênes ont un business plan solide, puisqu’ils occupent le terrain depuis 2008 avec une constance remarquable.

Néanmoins, le quatuor a connu une période de doute, et un hiatus de quelques années, avant de revenir de plus belle en 2021 pour nous asséner un Fagioli e Sangria de derrière les fagots. Et deux ans plus tard, c’est toujours faussement goguenard que le groupe revient avec un cinquième longue-durée dans sa cantine, Malmignotta.

Décoré d’une splendide pochette inspirée des comics et dépeignant quatre pauvres musiciens pris dans les fils de soie d’une sale bestiole sexy, mi femme-mi araignée, Malmignotta est évidemment d’une vitalité folle, d’un humour bien dosé, et d’une puissance assez relevée. Mais cette façon d’alléger l’ambiance de mélodies proéminentes et de breaks fluides confère à l’ensemble un bel entrain, comme si le TANKARD le plus festif trinquait en compagnie de la confrérie Speed ibère des années 90.

Un peu Punk dans l’esprit, mais foncièrement Metal dans l’attitude, SFREGIO est le type même de groupe qui vous donne envie de monter sur la table pour piétiner le swing et déhancher le groove. Excellents musiciens (Il Grinder – basse/chœurs, Ylme – batterie, Doc – guitares et Dirty Seth – chant), animés d’une volonté de nous faire oublier la grisaille du quotidien, les italiens jouent donc une carte assez osée, le Thrash s’accordant souvent assez mal avec un esprit festif et déluré.

Mais le dosage des ingrédients, quelques préoccupations plus sérieuses et des compositions solides font que cet album fonctionne à plein régime. On se laisse emporter par cette folie douce qui rappelle que la brutalité et la fluidité peuvent faire bon ménage, pour peu que leur complémentarité soit bien appréhendée. Ce qui est évidemment le cas ici, comme le souligne « Ciabatte e Spazzolino », morceau d’entame explosif et transgressif.

La fête bat donc son plein, et les SFREGIO sont des hôtes très recommandables. De titre en titre, de riff en riff, de petites prouesses techniques passées crème en accélérations qui laissent blême, le quatuor de Gênes assume ses positions, et se présente en trublion prêt à défier les passionnés de violence urbaine et autres histoires de croquemitaine.

D’autant que la fête en question est menée tambour battant, avec peu de pauses ou silences, puisque les titres sont concis et joués avec la rage au bide. Un bide qui tient plus des abdos renforcés que d’une cuve à bière prête à déborder, puisque les gus sont du genre athlétique et parfaitement en forme. C’est en tout cas ce que je déduis de l’imparable « Cinesi », qui profite d’un refrain à reprendre en cœur et d’un couplet qui accélère les heures. Et si les heurts sont nombreux, ils restent souples pour ne pas sombrer dans le Thrash déprimant ou la bestialité plombante.

Du fun, une bonne humeur revendiquée, pour un Crossover bien manipulé. Il n’en faut pas plus pour craquer, et déguster le boogie infernal de « Giocatori di Tennents », mené de cordes de fer par un bassiste qui ne manque pas de flair. Le chant en idiome natal souffle aux tympans une brise agréable, et la production, faite maison, brille de mille feux en laissant la guitare faire feu.

Du transalpin malin, du transalpin serein, mais aussi du transalpin chafouin. Le très SACRED REICH « Bio » nous expédie illico dans le passé d’un Independant des cousins américains, avec ses syncopes millimétrées et son atmosphère plus volontiers chargée.

« Non Rompere i Coglioni » tente une dernière pirouette habile en taquinant un down tempo lourd et des inflexions bluesy, pour ne pas se contenter d’une lecture linéaire s’achevant dans le conformisme le plus absolu. Les théories personnelles, les consonnes, les voyelles, les nuages dans le ciel, SFREGIO s’en inspire avec créativité, pour porter le Thrash loin des côtes trop fréquentées de la nostalgie empêtrée.

Le moyen le plus simple pour passer un bon moment, fête entre amis et initiés, pour une bonne dose de Thrash joué Punk et Speed, peut-être porno, mais surtout bien chaud. Et au vu de l’actualité météorologique, un surplus de flamme ne peut pas faire de mal.

Avec un excellent chianti évidemment.


  

Titres de l'album :

01. Ciabatte e Spazzolino

02. Vico dei Cartai

03. Psycho Figa

04. Plastica

05. 你真他妈的傻逼

06. Cinesi

07. Giocatori di Tennents

08. Bio

09. Non Rompere i Coglioni


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par mortne2001 le 06/05/2024 à 17:43
70 %    230

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