Non, l’Italie ne produit pas que des groupes de Hardcore ou de Metal un peu biscornu. Le pays a gardé une certaine prise avec la tradition du Heavy Metal plus classique, mais l’aborde de nos jours avec un regard de biais assez neuf, ce que semble en tous les cas démontrer ce premier album des locaux de MALET GRACE, qui nous proposent en ce mois de mai une formule assez étrange, mélangeant plusieurs tendances, mais au concept testé en labo et murement élaborée.
Selon la bio fournie par leur page Facebook officielle, MALET GRACE s’est formé en juillet 2014 sous l’impulsion du guitariste/chanteur Giampaolo Polidoro et du guitariste Alessandro Toselli. Après une première session en commun productive qui aboutit à la composition d’une première mouture du morceau « Egopathy », le nouveau projet commence à définir les contours de sa démarche conceptuelle, et se concentre sur une thématique d’usage de bien et de mal, en choisissant pour nom de baptême deux termes qui selon eux représentent « deux formes idiosyncrasiques de l'art fragile de l'existence ».
Manichéisme, opposition, immoralité et intelligence, tels sont les éléments de leur quête artistique, qui s’illustrent dans une musique résolument à part, tout aussi tournée vers le passé qu’orientée vers l’avenir, sans toutefois se retrouver coincée entre les époques.
Après une complétude de line-up, et un changement de batteur, les originaires de Latina enregistrent une première démo en août 2015 avec en support le cogneur des KORRIGANS Dario Montalto, puis se concentrent sur l’élaboration d’un premier album, celui-là même que vous écouterez peut-être après avoir lu cette chronique.
Concrètement, il est assez difficile de situer les MALET GRACE sur un arbre généalogique de style, même en limitant ses excroissances à l’Europe. Si les musiciens se plaisent à décrire leur approche par une appellation générique de Power Prog Thrash, on trouve aussi dans leurs chansons des éléments de Heavy Metal plus pur, pas forcément daté d’ailleurs, qui semble emprunter ses accents à la tradition des 80’s tout autant qu’à la modernité des années 2000.
Si l’envie d’une image un peu incongrue vous séduit, j’ai cru voir en leur musique un subtil mélange d’ANGRA, de MANILLA ROAD et de WASTEFALL, avec une petite pointe de FATES WARNING dans les passages les plus travaillés, sans pour autant cracher sur une légère influence Power Européenne, à la DRAGONFORCE en beaucoup plus expurgée. En gros, un peu de tout pour s’ouvrir des horizons sans réelles limites, tout en gardant une cohérence de ton assez remarquable.
Sans chercher la modernité ou le passéisme, les Italiens sont parvenus à s’extirper d’un contexte temporel pour éviter un marquage au fer rouge risquant de les rendre obsolètes dès le départ. Et si leur Malsanity n’est pas exempt de défauts, sa naïveté contrastée de professionnalisme instrumental indéniable est assez séduisante dans le fond, et souvent dans la forme, malgré quelques relâchements qui tiennent du flottement créatif lorsque des harmonies à la tierce un peu faciles prennent le relais de riffs plutôt bien troussés.
Du Thrash, ils ont retenu la rudesse des rythmiques, et l’agressivité du chant. Du Heavy, ils ont adopté l’attitude mélodique mordante, et du Progressif, cette tendance à faire évoluer des thèmes sans trop les étirer et les laisser exsangues.
Le principe est assez personnel, comme en témoigne une composition comme « The Pleasant Charm of Memories », qui évoque les paysages apaisants des 70’s de ses harmonies doucereuses, soudainement assombries par des ambivalences mélodiques à la QUEENSRYCHE de Rage For Order, sans le côté trop précieux et synthétique de la bande à Geoff Tate.
Mais pour être honnête, Malsanity n’est pas un album qu’on peut facilement ranger sur ses étagères entre le dernier RHAPSODY OF FIRE et un vieux METAL CHURCH. Chaque titre à une connotation particulière et une atmosphère personnelle, et il est fort possible que vous en rejetiez une partie pour en adopter définitivement une autre.
Ainsi, l’ouverture tonitruante de « Empathy Of Silence », terriblement Thrash vous aiguillera sur la piste d’un hybride entre KREATOR et CREMATORY, avant qu’un Heavy salement percutant ne prenne la suite d’un riff assez mouvant et d’un up tempo sautillant. L’impression est assez étrange, un peu comme si le populisme de chœurs à la RUNNING WILD/HAMMERFALL s’imposait dans des structures rigides à la SOILWORK, tout en adoptant le tracé un peu sinusoïdal à la PERIPHERY. Etrange ?
Comme ce morceau, dont le but premier semble de crédibiliser le style baptisé par les Italiens de « Power-Prog-Thrash » en cinq minutes à peine.
Mais ce premier effort regorge de surprises, même si l’homogénéité a été pensée pour lier les segments entre eux d’un même son et d’une même attitude ouverte.
On y trouve des moments de Heavy pur et dur, sur « Egopathy », le premier morceau composé dès la création du groupe, mais aussi de plus longues digressions comme « The Human Side Of Schizophrenia » qui prend un malin plaisir à adapter son instrumental à sa thématique plurielle en naviguant de Heavy mélodique à tendance Prog en Néo Thrash lancinant et menaçant.
D’ailleurs, les Italiens ont eu la grande intelligence de ne pas laisser dériver leurs morceaux au-delà du raisonnable, et restent dans un contexte de proportions modérées. Ce qui ne les empêche guère de placer cinq ou six idées différentes par intervention, sans tomber dans le piège du puzzle aux pièces perdues. Si la production un peu compacte peut surprendre, elle s’accorde très bien de la direction artistique un peu absconse, et privilégie une tonalité médium globale, castrant les aigus pour ne pas leur donner trop d’espace tout en nivelant les graves.
Evidemment, les MALET GRACE n’évitent pas toujours le piège fourbe du Heavy un peu trop éculé, piège qui se referme sur eux à l’occasion du très réchauffé « Ambiguity of Extinction » qui sent bon la scène Européenne de 87/88, mais ils savent heureusement trousser quelques hymnes assez bien balancés, comme cet éponyme « Malet Grace » qu’un JUDAS PRIEST aurait pu signer un soir de hargne affichée.
Leur final est d’ailleurs suffisamment explosif et synthétique pour laisser une excellente impression (« Where False Idols Pray », Heavy, chœurs, Thrash, riffs frondeurs), et en définitive, l’opération séduction par la perte de repères de Malsanity atteint son but en nous entrainant dans un monde décalé, hors des époques, et qui se sent très à l’aise dans son iconographique musicale atemporelle.
Une valeur pas encore sure mais qui va le devenir, pour peu que les musiciens se débarrassent de certains tics encore un peu irritants, et d’inclinaisons à l’utilisation de mélodies encore un peu mièvres pour s’accorder d’un contexte plutôt dur.
Mais Rome ne s’étant pas faite en un jour…Bref, vous connaissez la suite.
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20