Si je puis me permettre, il était temps. Car après avoir enchainé deux albums en deux ans, SOG a soudainement fait profil bas pour carrément disparaître de l’actualité musicale qui comptait beaucoup sur lui. Suite à la parution de God Complex, nous étions nombreux à attendre un troisième album digne de ce nom, mais les américains ont préféré nous laisser sur sept années de silence sans expliquer quoi que ce soit. Attente interminable, d’autant que les deux premiers longs étaient d’une qualité exemplaire, de celle que peuvent atteindre des musiciens confirmés ou de jeunes loups aux dents longues.
Alors, des excuses, une explication ?
Oui mais sous la forme d’un disque rempli ras bord de chansons teigneuses, la meilleure manière de faire oublier ce faux-pas qui a failli coûter au quatuor quelques légions de fans. Fans qu’il rassure et cajole de près d’une heure de Thrash belliqueux, joué comme à la parade.
Pour ceux ignorant d’où sort ce monstre à quatre têtes, sachez que des musiciens fameux s’y cachent. Des musiciens ayant fait partie de formations cultes comme RIGOR MORTIS et HALLOWS EVE, soit la quintessence de l’underground violent US, qui a déchiré les eighties de sa hargne et de ses griffes musicales acérées. Et c’est avec un plaisir non feint que nous retrouvons aujourd’hui ce quatuor féroce (Jerry Tharp – basse, MURDER VAN, VAINGLORY, ex-SONIQ ARMADA, Doyle Bright – chant/guitare, ex-THE BANG GANG, ex-HALLOWS EVE, ex-RIGOR MORTIS, ex-THE SCACCIANATORS, ex-TWO PRONGED CROWN, Alan Strange – guitare, PRIME MOVER, ex-PACKAGE et Dane Jensen – batterie, ex-LESTREGUS NOSFERATUS, ex-HALLOWS EVE, ex-DRYWATER), à l’expérience chargée, et aux intentions clairement affichées.
Des intentions qui mènent SOG sur les chemins de la brutalité et de la folie, une fois encore. Car ce qu’on aime par-dessus tout avec ce groupe, c’est sa façon de transcender le formalisme pour le faire passer pour une crise de colère inédite. Il faut dire qu’avec un bagage pareil, les gus ne se la jouent pas jeunes novices de la scène, et explosent les convenances de la manière la plus logique qui soit : en utilisant leur background fameux pour accoucher de morceaux fumeux.
SOG c’est un peu la photo de famille Thrash globale. Le raccourci le plus pratique pour passer de RIGOR MORTIS à FORBIDDEN afin d’arriver jusqu’à HALLOWS EVE, le tout produit en respectant des critères modernes pour éviter de tout miser sur une nostalgie certes justifiée, mais redondante. Alors on riffe sévère, on grogne chez Leclerc, mais on prend le temps de composer avant de ranger ses courses dans le panier.
La force du groupe a toujours été sa démence dans la puissance, une démence en réminiscence des années RIGOR MORTIS, lorsque le Thrash horrifique percutait de plein fouet le bon goût. On retrouve cette inclinaison pour la liberté d’expression, mais aussi cette fluidité de saison sur chaque chanson, mais ce qu’on admire le plus, c’est cette énergie incroyable qui profite de plans bancals ou circulaires pour faire monter la pression, malgré les enjeux de l’évènement. Car le droit à l’erreur n’existe pas pour les SOG, qui se doivent de piquer la cible au bon endroit. Mais dès la première fléchette lancée via « Death Scene Photo », on comprend que les dards vont tomber pile sur la bonne case pour faire descendre les points. Et « L’Appel du Vide » et son titre étrange de nous offrir un cent points sans forcer.
Beaucoup d’harmoniques, beaucoup de changements, la voix sentencieuse et légèrement Hardcore de Doyle Bright, les constructions logiques tout en pression (« Spark in the Dark », modèle de Thrash sombre et remonté comme un MACHINE HEAD reprenant VIO-LENCE en mode Heavy), tout contribue à faire de ce retour le triomphe que l’on était en droit d’attendre des américains. Et entre OVERKILL, FORBIDDEN et quelques autres cadors de la scène (« My Them », diabolique et magique), Man Demonic montre son vrai visage dès le départ, nous évitant un jeu de dupe à base de masques inutiles.
Ici, c’est le Thrash qui domine, et le meilleur. Loin des compressions excessives des cadors, ce troisième album respire la sauvagerie, exsude d’une sueur analogique, pour mieux contenter les appétits féroces des fans de la première heure. Certes, on soulignera que l’heure de jeu n’était pas obligatoire, mais on s’inclinera face à cette sincérité de ton qui fricote parfois avec une technique de saison.
On regrettera tout de même que le tempo ne s’affole pas plus souvent en mode « Demons », mais même coincé entre le mid tempo et les contretemps, SOG reste plus persuasif que bon nombre de nouveaux élèves old-school, notamment grâce à un art consommé du plan qui percute et aplatit la tronche (« Prolonging the Ordeals of the Dying »).
Et lorsque « Insanely Sharper Teeth » sort les crocs, on reste pétrifié face au clébard qui visiblement, en veut à nos mollets. Et le mâtin est chafouin, croquant les chevilles comme un moustique les veines, le muscle saillant et le regard inquiétant. La bête ne s’est donc point calmée, et réclame sa pitance avec force aboiements agités (« There’s a Witch in the Woods », moment de folie à quatre plus efficace qu’une drogue de synthèse).
S’il est tout à fait possible de trouver ça redondant (mais quel album de Thrash – aussi efficace soit-il – ne l’est pas dans une certaine mesure ?), il est impossible d’y résister, tant la machine avance en écrasant toute résistance ou préjugé sur son passage. Peut-être aurions-nous préféré échanger un peu de groove contre de la vélocité, pour rendre le tout plus hétérogène, mais avec l’ajout de « Mutually Assured Destruction », l’équilibre est un peu moins instable, d’autant que les quatre larrons s’y montrent évoluant dans une osmose unique.
Subtilement dément mais éminemment puissant, Man Demonic est un exorcisme méchamment foiré, qui laisse le Diable s’emparer d’une âme déjà corrompue. Il est possible que la vôtre le devienne (c’est même certain), mais après tout, céder aux avances du malin n’est-elle pas la réaction la plus logique depuis la naissance du Heavy Metal ?
Titres de l'album :
01. Death Scene Photo
02. L’appel Du Vide
03. The Centrifuge
04. Spark in the Dark
05. My Them
06. Prolonging the Ordeals of the Dying
07. Insanely Sharper Teeth
08. There’s a Witch in the Woods
09. Dead Blood
10. Escaping Earthly Justice
11. Basement Monster
12. Mutually Assured Destruction
13. Rage Personified
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