Du Grind ? Du Death Grind ? Mais volontiers. Spécialement lorsqu’il est joué par des gens bizarres qui s’adressent à des gens étranges. Le concept ABORTED EARTH est d’abord né comme un side-project réunissant des musiciens de mêmes horizons, avant de devenir un groupe viable multipliant les formats. Fondé à Dublin en 2018, le quintet n’a pas chômé et nous a déjà offert un large aperçu de ses capacités, avec pas moins de cinq EP’s à son actif, des singles, des splits, un longue-durée qui a d’ailleurs sonné le rappel des troupes en 2019. Cut The Chord a donc transformé cette simple récréation en amusement viable et durable, mais autant dire que les irlandais ne pratiquent pas le genre comme tout le monde. ABORTED EARTH c’est un peu le chien qui aboie Electro dans le jeu de quilles Death/Grind, et sa musique n’est pas sans rappeler un mélange entre Indus louche et Death encore plus étrange, ce que les huit morceaux de cette nouvelle livraison nous prouvent de leurs sonorités étouffées et de leur inspiration glauque. Les cinq musiciens (Shannon Bowman - guitare, Jamie Murphy - chant, Matt Lawrence - basse, épaulés de Ian Bowman et Dan O'Connor) osent donc une musique pour le moins excentrique et imprévisible. Loin des standards régissant les lois de l’extrême, Man-Made Mechanical Misery est un EP qui réserve son lot de surprises, les compositions passant sans jamais se ressembler, et il devient même assez ludique d’essayer d’anticiper les directions empruntées par le groupe. Un coup violent, un coup atmosphérique, un coup classique et citant ses références, ce mini album n’est pas de ceux qu’on classe facilement, et risque de surprendre méchamment les amateurs du genre.
Passant d’une saillie radicale de moins de quarante secondes (« God Bless America »), à une longue suite romantique (« Mixed Signals », avec Julia Pawlak), ABORTED EARTH est un genre d’épouvantail qu’on place au milieu de la scène pour faire peur aux corbeaux un peu trop habitués à la normalité. Mais qui dit original et excentrique ne dit pas talentueux, et en jouant la franchise, on admettra que l’approche des irlandais a beau être personnelle, elle n’en est pas pour autant imperfectible et attachante. Certes, cette sensation de nouveauté et de bizarrerie n’est pas désagréable, mais l’ensemble ne tient debout que par son originalité et quelques morceaux valides, tremblant sur ses bases d’une orchestration tenant plus du one-man-band que de l’effort de groupe. Ainsi, la production du EP laisse les instruments loin derrière, transforme la batterie en boîte à rythmes programmée un peu au hasard, étouffe les guitares, et nous cotonne les oreilles comme si on sortait d’une plongée dans les hautfonds. On se sent auditivement mal à l’aise dès « Virtually Wiped », qui après une interminable intro joue le jeu d’un Death un peu Doom sur les bords, mais joué comme un Indus extrême des années 90. C’est certes intrigant, ça ne manque pas de cachet, mais c’est parfois difficile à supporter, spécialement lorsque la grosse caisse égrène ses doubles croches. Le chant de Jamie Murphy, pas des plus accrocheurs et méchamment sombre n’aide pas à mettre en relief les idées (qu’on a d’ailleurs du mal à distinguer), et si la seconde partie de l’album est plus abordable, la première déroute, et pourra pousser certains à passer leur chemin.
Mais savourons quand même cette sympathique reprise de MINISTRY, avec un « Filth Pig » à l’ambiance encore plus mécanique et malsaine que l’original, et ce délirant « MAGA (Make Ariana Grind Again) », qui justement emprunte à Jourgensen son humour si tongue-in-cheek. D’un autre côté, « Mind Control//Braindead » offre des mélodies assez spatiales et une humeur plus ouverte, tandis que le final Ambient de « Man-Made Mechanical Misery » achève de nous convaincre de la démarche de guingois des irlandais. Tout ceci est étrange, intéressant, pour le moins inhabituel, mais pas encore assez peaufiné pour vraiment fonctionner, la faute évidemment à cette production très déficiente, mais aussi d’un parti-pris artistique flou qui n’aide pas à trouver des repères. Je veux bien être entraîné sur des chemins inconnus, mais j’aime que la randonnée soit guidée par des hommes qui savent où ils vont. Or, Man-Made Mechanical Misery ressemble plus à une errance sur des routes non indiquées sur les cartes, qui laissent l’esprit circonspect, et le sens de l’orientation faussé. Dommage, mais un nouveau longue-durée devant voir le jour cette année, peut-être pouvons-nous nous attendre de la part d’ABORTED EARTH à un plan plus précis et des décisions plus fermes et tranchées.
Titres de l’album:
01. Virtually Wiped
02. Filth Pig (MINISTRY cover)
03. God Bless America
04. New Life/No Life
05. MAGA (Make Ariana Grind Again)
06. Mixed Signals
07. Mind Control//Braindead
08. Man-Made Mechanical Misery
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