Alors que je me délectais à l’époque des sillons de mon vinyle blanc de Scum, ma mère me lança un regard sombre et un peu attristé, qu’elle souligna d’un « Attention, si tu tombes là-dedans, tu ne vas jamais te relever ». A l’époque, jeune chien fou en demande de sensations fortes, je ne prêtais qu’une attention discrète à son avertissement, certain d’avoir trouvé là le style qui allait me conforter dans mes ambitions bruitistes. Depuis, trente ans ont passé, et je me remémore souvent ce conseil qu’elle m’avait adressé dans un moment de tendresse effrayée. Et je dois admettre que ses propos étaient alors bienveillants et plein de bon sens. Car depuis, en effet, je ne m’en suis jamais relevé. Le Grind fait depuis des lustres partie de mon quotidien, comme le pain de mie beurré, la brosse à dents non essuyée, et les allers retours aux toilettes en prenant garde de bien m’essuyer. Mais dois-je pour autant le regretter ? Je me juge associable juste ce qu’il faut, et modérément aimable, ce qui me convient parfaitement. Et surtout, comment déplorer les heures passées sur la toile à la recherche d’un combo made in blasts, apte à épancher ma soif de violence et de rythmiques véhémentes ? Non, rien de rien, je ne regrette rien, et surtout pas d’avoir déniché ce matin un groupe italien, qui lui non plus n’a pas oublié les fondements d’un style qui ne supporte ni les timorés, ni les adeptes du conformisme outrancier. Leur nom ?
CAVERNICULAR. Leur premier album ? Man's Place in Nature. Sa pochette ? Une brouette de cadavres qui ne fait pas grand cas de la faible opinion qu’ils ont de leurs congénères, et de leur place sur une planète qu’ils ont eux-mêmes condamnée. Leur musique ? Un « subtil » mélange de Grind, de Powerviolence et de Grindviolence, pour une vingtaine de minutes d’outrance, bon enfant certes, mais qui sait quand même atteindre des sommets de violence.
Les CAVERNICULAR viennent donc de Palerme, et on déjà publié un premier effort auto-titré en novembre 2016, qui jetait les bases de leur euphorie rythmique. Dans le groupe, Toto crie, Sandro grogne, Furious G guitarise et Piparino blastise, pour un ballet de méchanceté instrumentale qui s’abreuve à la fontaine de jouvence si souvent recherchée. Ici, pas de triggage, pas de triche non plus, mais une sacrée référence aux influences les plus marquantes, des ASSUCK en passant par THE KILL, voire NAPALM évidemment, et aussi les BRUTAL TRUTH. En gros, l’abécédaire de brutalité international, qui ne supporte pas de voir sa musique si brute et pure dénaturée par des effets de studio destinés à soi-disant « l’enjoliver ». Ici, on bourrine non-stop, on accélère, on accélère encore, on lâche parfois quelques riffs bien mosh, mais on prend grand soin de faire peur aux mioches. Tout ça joue très vite, mais ils le disent d’ailleurs eux-mêmes dans leur très courte bio. Bio qu’ils agrémentent de leur CV passé et présent, en évoquant leurs projets parallèles comme L.E.A.R.N., ANF, HAEMOPHAGUS, FECCIA TRICOLORE, ou UNDEAD CREEP, ce qui permettra sans doute aux puristes de l’underground européen de situer les débats. Difficile de parler d’un groupe qui fait beaucoup de boucan, mais sachez quand même qu’ils prennent le temps de poser des climats et ambiances, qu’ils détruisent soudain d’accès de colères bien vilains. C’est du Grind, du vrai, avec des BPM affolés, mais aussi du Powerviolence, du bon, de celui qu’on retrouve du côté de Boston, Washington ou du Mexique pourquoi pas, qui a su rester solide et carré dans l’interprétation, même si parfois, le quatuor se laisse aller à une fulgurance sans raisons (« Dope », trois secondes de « You Suffer » qui font du bien par où elles passent…).
Les gus terminent même leur effort par quelques dissonances striées de samples en arrière-plan, histoire de s’assurer que nos oreilles sont bel et bien bousillées.
C’est méchamment efficace çà défaut d’être original, et ça prouve que désormais, les italiens sont à l’aise dans tous les domaines, un peu comme leurs cousins suédois. On retrouve les sensations ressenties lors des sorties de premiers 7’’ de Grind, et cet affolement délicieux nous débarrassant de nos pellicules dans un joli mouvement de cheveux. La production permet de saisir toutes les nuances, même les plus graves, et la complémentarité des voix est vraiment efficace, dans une longue tradition Barney/Mitch qui s’échangent depuis vingt ans les accès de démence. Pas plus d’une minute et quelques par titres, mais c’est largement suffisant, d’autant plus que les musiciens concentrent leurs idées, et peuvent compter sur une précision diabolique pour les exécuter. Bons musiciens, qui font du bruit parce qu’ils aiment bien, mais qui savent aussi se montrer catchy lorsque la batterie se fixe sur un mid (« Drops Of Lexotan »). C’est parfois même salement crade et dissonant (« First Choice Meat »), et ça prend même son temps pour faire remonter à la surface le temps béni des maxis de NAPALM avec Lee (« The Lady In Yellow », qu’on croirait exhumé de séances issues de Mentally Murdered, avec cette touche Death glauque en bonus).
Intense, fou, ce premier LP/EP ne se lasse pas de nous bousculer, et présente un groupe sûr de son fait, qui fera sans doute bientôt partie des grands. Mais en substance, et au vu de la densité de la production, Man's Place in Nature se révèle un excellent jet Grind/Power, qui finalement, donne raison à ma maman. Devrais-je regretter un jour d’avoir posé mes oreilles sur des vinyles à la vitesse exagérée ?
Non.
Désolé maman, mais le Grind, c’est trop bon. Surtout lorsqu’il est bien joué, et à fond.
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36