CARCASS a permis aux médecins-légistes de s’exprimer d’un point de vue artistique. CANNIBAL CORPSE a remis la poésie et le féminisme au goût d’un jour Death Metal qui sentait quand même bon le machisme et les textes carnassiers. ANAL CUNT a offert une tribune à tous les chansonniers de l’après-guerre qui ne trouvaient plus de scène à la taille de leur talent. Mais une fois la boite de Pandore ouverte, vous avez beau la fermer, le bordel s’est déjà répandu dans toute la ville, voire le monde entier. Alors, les exactions, on en parle ou pas ? GORE BEYOND NECROPSY, LAST DAYS OF HUMANITY, BATHTUB SHITTER, MORTICIAN, BEGGING FOR INCEST, ANAL BLAST, SEXCREMENT, et je ne vais pas remplir les caisses de références parce que Noël approche, j’ai autre chose à faire. Mais replaçons-nous dans le contexte, en 1995, CARCASS est déjà passé de l’autre côté du mur, nous laissant sur le sentiment d’un groupe de Heavy Metal incompris mais génial, CANNIBAL CORPSE a déjà écrit en vers « Necropedophile », « Entrails Ripped from a Virgin's Cunt », « Stripped, Raped and Strangled », « She Was Asking for It », et ANAL CUNT nous a gratifiés de calembours à rendre obsolètes toutes les éditions de l’almanach Vermot relié pleine peau. Alors évidemment, pour rivaliser avec ces trois affreux, il faut pousser le bouchon le plus loin possible dans le colon, et attendre qu’il resurgisse après avoir inséré du vomi dans la bouche. Il faut chier sur la pureté avec la plus grande des convictions, violer de pauvres petites vierges effarouchées après leur avoir montré une vidéo brésilienne scatophile, se taper un pauvre clébard qui cherche pitance, le cul encore tout crotté, et filmer le tout version underground pour passer encore pour un psychopathe. Et la tâche était ardue, même pour les pires tarés. Pourtant, quelques musiciens venus du grand nord allaient s’atteler à la tâche pour encore plus choquer les esprits sensibles, et publier l’un des albums les plus bannis de l’histoire de la musique extrême.
Rejeté partout en Europe, emballé sous une box anonyme pour ne pas faire rendre les disquaires, Man's True Nature fut un modèle de bonne éducation, et un symbole pour tous les défenseurs des droits des femmes « à jouir » de respect et à ne pas être traitées comme de vulgaires bouts de viande. Pensez donc, à l’époque, les gens étaient vraiment choqués par n’importe quoi, cette cover champêtre évoquant volontiers l’esprit tongue-in-cheek d’un groupe énonçant innocemment quelques sévices et autres exactions contre-nature, sans volonté de malice. Après tout, ce bucheron Metal à la hache ensanglantée, tenant de la main gauche la tête d’une pauvre blonde dont le reste du corps arborait une très jolie fourche plantée dans l’anus, le tout sous le regard hagard d’enfants jouant tranquillement sur leur balançoire n’avait pas de quoi déclencher les foudres des ligues de vertu. Il fallait être vraiment square pour être effrayé par cette œuvre d’art cachant un contenu du meilleur goût, et avoir l’esprit tordu pour penser que les INFERNAL TORMENT en voulaient à notre intégrité visuelle.
Non, sérieusement. Cette pochette immonde l’était vraiment, et représentait en quelque sorte le dernier degré de profanation des derniers tabous dans le monde machiste du Metal. Mais on ne pouvait pas en vouloir à ces sagouins. Parce que leur mauvais goût graphique s’excusait de lui-même d’un talent extraordinaire pour défoncer la chatte d’un Brutal Death technique de première catégorie. Fondé en 1992, le groupe a d’abord publié deux démos (une par an, Incapability on the Cross en 1993 et Instincts en 1994), avant de jeter cet énorme pavé dans la mare d’un underground hébété de tant de violence et de dépravation. Jouant sur les clichés les plus impardonnables du Death Metal, le groupe affirme alors « vouloir faire passer CANNIBAL CORPSE pour les PET SHOP BOYS », et exagère tous les aspects de son concept. Car c’est bien de concept dont il faut parler, celui du jusque-boutisme le plus total, ignorant les limites de la tolérance et la frontière séparant la blague potache du mauvais goût le plus affirmé. Mais là où beaucoup se contentaient d’un gimmick volontairement dégoûtant, les originaires de Silkeborg appuyaient leurs arguments snuff d’une bande son à rendre fous les afficionados de CRYPTYOSPY et SUFFOCATION, défiant Chris Barnes et les siens sur leur propre terrain de jeu, leur collant une grosse branlée au passage. Le quintet (Steffen Larsen - basse, Martin Boris - batterie, Poul Winther & Jakob Batten - guitares, Scott Jensen - chant), encore très jeune déclencha alors des passion dévorante dans la presse underground, récoltant la note maximale de la part de bien des fanzines, certains s’étonnant d’ailleurs que de si jeunes instrumentistes soient capable d’un carnage pareil.
Enregistré durant l’été 1995 au Borsing Studio avec le producteur Jan Borsing (ILLDISPOSED), Man's True Nature était un manifeste de bestialité littérale, à prendre au premier degré, les musiciens faisant alors largement étalage de leur potentiel technique au travers de compositions sans pitié. Truffé de riffs pervers en barbelés enfilés sans vaseline, de lignes de chant gore comme des rognons dégustés sur un vagin ensanglanté, de plans rythmiques à briser le cou de George Fisher, ce premier album reprenait à son compte les recettes de CANNIBAL CORPSE, pour les accentuer d’une brutalité SUFFOCATION, densifiant le tout d’une approche élaborée digne des premiers groupes de Techno-Death. Trente-et-une minutes de gymkhana, pour un résultat dépassant toutes les espérances les plus déviantes. D’ailleurs, Jakob Batten, guitariste et principal compositeur n’hésitera pas à déclarer des années après son enregistrement que le mot d’ordre de ce premier LP était « brutalité ». Et comment le contredire en écoutant ces dix hymnes à l’horreur la plus underground qui soit, même en précisant que les guitares furent enregistrées en utilisant des amplis basse, pour rendre leur son encore plus sombre. Les conditions d’enregistrement, dans une cave sans fenêtre, durant deux mois particulièrement chauds, ont certainement accentué la rage que les musiciens ont injectée dans leur répertoire, transformant n’importe quelle idée en scénario de massacre à grande échelle ou de fantasme nécrophile même pas avouable au plus blasé des psychanalystes.
Et après une grosse demi-heure de sévices en tout genre, l’album se termine même par une dernière galéjade recommandable, « When Daddy Comes Home », dont les dernières secondes nous jouissent à la tronche comme un papa satisfait de sa « discussion » avec sa fille. Alors, il est tout à fait possible de rejeter cet album pour sa provocation cheap et crue, mais il est impossible d’en nier les qualités musicales qui ont contribué à donner au Brutal Death ses lettres de pourriture. Encore considéré aujourd’hui par nombre de fans comme une pierre angulaire du genre, l’album connaît une nouvelle jeunesse via Target Group/Emanzipation Productions, qui réédite l’objet en vinyle trois couleurs, chaque modèle édité à cent exemplaires, pas plus. De quoi se consoler du prix exorbitant des premières éditions CD, et de réhabiliter cette ode aux rapports sexuels non consentis dans une époque gangrénée par le politiquement correct.
Titres de l’album:
01. Taking Advantage Of A Virgin
02. Motherfuck
03. Uncontrollable
04. Perverted
05. Instincts
06. The Undertaker
07. Baby Battering Bill
08. No Longer A Virgin
09. On The Hunt For Fresh Flesh
10. When Daddy Comes Home
Nan mais c'est juste énorme ce truc bordel ! Je ne connaissais même pas de nom ! La vache comment ça cogne... Mauvais gout assumé, son excellent et organique, on pense beaucoup à SUFFO mais en plus "râpeux".
Terrible, merci pour la découverte !
Ouh, le vieux souvenir ! J'avais complètement oublié cet album que j'avais acheté à l'époque, certainement pour sa pochette raffinée. La musique ne m'avait pas marqué plus que ça et, comme un con, j'ai dû revendre ou donner le cd.
Comme Buck Dancer, album acheté à sa sortir pour la pochette. J'ai jamais dû tenir plus de 2 morceaux d'affilée. Tout simplement pas ma came.
Mais j'ai encore le CD
Je m'en souviens un peu, c'était vraiment du Death brutal de semi-orque... Le second album est du même acabit.
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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