Si vous souhaitez passer pour un paria dans une assemblée de fans de Heavy Metal - spécialement ceux qui en sont fan depuis les origines - il y a une solution radicale qui vous mettra au ban de cette société plus si secrète. A la question « quel est ton groupe de Metal préféré ? », il suffit de répondre des choses comme KORN, SLIPKNOT, MANSON ou…AMARANTHE. Avec la mention de ce dernier nom, vous pouvez être certain que le reste des convives va vous regarder avec un :
Il y a des groupes comme ça qui ne réussiront jamais à acquérir une quelconque crédibilité sur la scène, et qui déclencheront toujours des rires gras de la part des « true », qui ne considèreront jamais les suédois comme membres honoraires de la famille Metal. C’est ainsi, comme ces cinéphiles qui ne jurent que par Welles,
Andreï Tarkovski, Toshirō Mifune, Resnais ou Xavier Dolan, et qui conchient tout ce qui est construit sur une histoire simple et défendu à grand renfort d’effets spéciaux. Mais d’autres, plus à même de comprendre que toute forme d’art se doit d’abord d’être un divertissement, ont tout à fait le droit d’adorer Bay, Emmerich, voire Nolan, tout comme un fan de Heavy Metal peut prendre son pied en écoutant les nombreux albums des suédois, qui ont quasiment inventé à eux-seuls le Cinematic Metal, ce sous-genre misant tout sur l’efficacité immédiate, les gros moyens de production, et les mélodies qu’on retient après les avoir entendues une seule fois. Admettons que le sextet (Elize Ryd: chant, Henrik Englund: growls, Johan Andreassen: basse, Morten Løwe Sørensen: batterie, Nils Molin: chant clair, et Olof Mörck: guitare/clavier) se complaise dans la facilité d’une musique préfabriquée, et alimentée de couplets typés Metalcore pour mieux imposer des refrains totalement Pop. Quel mal y a-t-il à ça après tout ? Le Metal est-il un genre si noble qu’il ne tolère plus le fun, la légèreté, et qu’il réfute son aspect « parc d’attraction », que des groupes comme MÖTLEY CRÜE, KISS, ALICE COOPER ont pourtant défendu de leur vivant et continuent de le faire ? Je ne rentrerai pas dans ce débat stérile, et j’affiche immédiatement la couleur :
J’aime AMARANTHE, et j’apprécierai toujours leurs albums, pour diverses raisons, la principale étant que leurs chansons tiennent debout, apportent un peu de légèreté dans le petit monde trop sérieux du Metal qui aime se regarder le nombril, tout comme je continuerai d’apprécier NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, ou les ROYAL REPUBLIC.
Désormais managés par Angela Gossow, et soutenus par le géant allemand Nuclear Blast, les suédois ont une voie royale qui se pave devant eux. Et ils ont très bien joué la partie, puisque ce nouvel album comble les vides, renforce les murs, estompe quelques défauts majeurs, et propose sans conteste le travail le plus solide de la bande. Si Helix était encore perfectible, de par les excès dont il souffrait toujours (le crossover avec le Rap, le Metalcore, et les arrangements techno-électroniques n’étaient pas toujours amenés avec beaucoup de finesse), Manifest mérite son titre à bien des égards, et fait figure de machine de guerre huilée jusqu’au dernier pignon. Pourtant, la recette du sextet n’a pas changé, avec toujours cette assise de structures simples à mettre en place, ce mélange de voix qui fonctionne à merveille (même si le pauvre Nils Molin semble avoir été mis au coin durant l’enregistrement), et cette puissance globale qui vous donne la sensation que votre casque s’est branché sur l’hyperespace pour capter les sons d’une bataille intergalactique. Admettons-le, AMARANTHE est quelque part l’Avengers de la musique amplifiée, avec ses héros en costumes brillants, et cette production qui éclate comme des centaines de feux d’artifices. Inutile d’attendre de la part des suédois un quelconque intimisme, mis à part sur la ballade « Crystalline », assez jolie, très scandinave dans le fond et qui permet à Elize Ryd de faire preuve de retenue et de sensibilité, et de prouver quelle talentueuse chanteuse elle est, lorsqu’elle abandonne pour quelques instants sa grandiloquence flamboyante (et sur laquelle Nils donne enfin de la voix, ce qui n’est pas pour nous déplaire vu la pureté de son timbre).
Pour le reste, le groupe a taillé dans le gras, réduit le métrage à quarante minutes amplement suffisantes pour créer un effet choc, et la tornade s’abat sur vous avec une puissance phénoménale. On en était conscient dès la publication des deux singles avant-coureurs (« Fearless » et « Viral »), mais le résultat est tout bonnement sidérant d’ampleur et d’efficacité, et lorsque le groupe fait le ménage pour accueillir son invité de l’année (Noora Louhimo des BATTLE BEAST, autre groupe souvent taxé de facilité), la fête bat son plein et « Strong » de lâcher la bonne dose de riffs graves et gras et de syncopes entrainantes. La combinaison des deux voix féminines est effective, séduisante, et ce titre est résolument le hit suprême d’un album qui ne contient que ça, mais laissez-moi lui préférer « BOOM! » qui joue la carte du Hip-Hop électro avec beaucoup de fun et qui vient défier le KORN dub sur son propre terrain. Cette fois-ci, AMARANTHE peut bomber le torse, puisque toutes les anciennes erreurs ont été corrigés, et Manifest d’incarner l’apogée d’un groupe auquel on ne pardonne rien, et qu’on aime plus que tout clouer au pilori de la crédibilité artistique. Le problème pour les détracteurs est de reconnaitre que le sextet suédois EST crédible artistiquement, à partir du moment où il assume ses choix, ce qu’il fait depuis sa création. Faites ce que vous voulez, gardez cette grimace de dégoût sur votre visage, vous ne me ferez jamais culpabiliser d’aimer des chansons aussi puissantes que « Make It Better », aussi Pop et sautillantes que « Viral », aussi bondissantes et Pop que « Archangel », qui ne sont rien d’autres que de brillantes Pop-songs déguisées en Metal songs grâce à l’utilisation astucieuse d’une guitare typée.
Manifest ne bouleversera pas la carrière du groupe, puisque ses fans hardcore vont l’adorer, et ses détracteurs indécrottables le détester. Dommage toutefois que le combo ne puisse le défendre activement sur scène, puisqu’il incarne en quelque sorte le chapitre le plus vivant de la carrière du groupe.
« Manifest est la dernière étape de l’évolution de AMARANTHE, et dans l’ensemble, c’est la déclaration la plus audacieuse : Nous sommes ici pour rester, nous sommes totalement passionnés par ce que nous faisons et nous ne ferons pas de prisonniers dans notre quête d’excellence musicale ! »
Je ne contredirai pas ce communiqué de presse du groupe qui peut se montrer fier de ce nouvel album, plus solide et versatile dans la cohérence que jamais. Et ne cherchez pas de nouvelles excuses, vous pouvez aimer LEPROUS et AMARANTHE, rien ne vous en empêche. Mais si vous n’aimez pas, invoquez vos propres goûts, pas ceux des autres que vous prétendez lamentables.
Titres de l’album:
01. Fearless
02. Make It Better
03. Scream My Name
04. Viral
05. Adrenaline
06. Strong (ft. Noora Louhimo)
07. The Game
08. Crystalline
09. Archangel
10. BOOM!
11. Die And Wake Up
12. Do Or Die
C est effectivement de la merde mais rassure toi, la soit-disant famille metal également.
Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)
01/05/2025, 23:51
Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"
01/05/2025, 22:41
Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)
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Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)
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Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
29/04/2025, 08:26
Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.
29/04/2025, 02:27
Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)
29/04/2025, 02:24