Le destin est toujours amusant…Alors qu’hier je chroniquais l’album d’un groupe Chilien, et que ce matin même, j’abordais le cas d’un LP français qui aurait dû paraître il y a vingt ans, je me retrouve en ce moment même à parler du premier disque d’un groupe chilien paru il y a déjà deux ans, et réédité au mois de septembre par un label portugais…
L’anecdote est cocasse, et constitue une intro assez décalée pour une musique qui elle, ne l’est pas du tout. Back to Santiago du Chili donc, pour parler du premier longue durée d’un groupe relativement célébré et honoré dans l’underground, PRAISE THE FLAME. Non que leur musique soit foncièrement originale, non que leur nom soit sur toutes les lèvres, mais il faut admettre que leur art consommé pour noircir tous les styles qu’ils abordent est assez remarquable en soi…
Un peu d’histoire ?
Ce quatuor d’âmes bestiales (Druaghonik – batterie, J.J. – chant/guitare, B.Nekroskull – guitare et le petit nouveau R. NunImpaler à la basse depuis 2016) a vu le jour en 2012, et a depuis sorti pas mal de choses, une démo en 2012 (Profane Cult MMXII Promo), un EP assez fameux en 2013 (Profane Cult) et un split il y a deux ans (Hordes of the Fire Throne (Congregation from the Unholy Death) en compagnie d’ABREKADAVER).
Mais ils ont aussi publié en version numérique gratuite ce fameux LP dont je vous parle aujourd’hui, Manifest Rebellion, distribué en version CD par les esthètes morbides de Memento Mori, avant que les pontes de Caverna Abismal ne se décident à en proposer une version tape dès le mois de septembre.
On connaît le goût de ces derniers pour les exactions underground les plus corsées, et admettons que cette nouvelle sortie ne déroge à aucune règle. Car dans un créneau de crossover Death/Black/Thrash, les chiliens de PRAISE THE FLAME font montre d’un bel enthousiasme blasphématoire, et manipulent les changements de rythme comme ABBATH les grimaces dans la neige. Rien de nouveau sous les ténèbres, mais une sacrée dose de violence qui a l’occasion, fait preuve d’un savoir-faire malsain permettant de distiller des ambiances bien poisseuses.
On sait les groupes sud-américains très portés sur la crudité et l’ultraviolence, sur la rugosité instrumentale et la franchise outrancière, et le cas de Manifest Rebellion respecte ces dogmes, en nous projetant au visage une bonne dose de bile haineuse, pour une fois enrobée dans une production particulièrement soignée et profonde, ce qui n’est pas toujours le cas avec les ensembles locaux.
Inutile donc d’attendre une démo enregistrée à la hâte pour ressembler à un album officiel, puisque les neuf pistes de ce jet initial ont le professionnalisme des plus grandes figures du genre, sans s’éloigner de la fraternité développée à l’égard de groupes nationaux comme TOTTEN KORPS ou ATOMIC AGGRESSOR.
Mais dans le créneau d’un Death primal et d’un Thrash bestial subtilement blackisés, les PRAISE THE FLAME font figure de chefs de file, tant ils parviennent à associer technique et agressivité, alternant les tempi gorgés de blasts et les passages plus modérés, mais guère plus empathiques. La tonalité générale est glauque, et renforcée par un instrumental qui aligne les plans cohérents, se bousculant pour créer une atmosphère délétère qui vous empêche de savoir sur quel pied valser.
Le chant très abyssal de J.J. abonde dans ce sens, mais reste compréhensible, tandis que la rythmique multiplie les numéros d’équilibriste, rappelant parfois une version très rudimentaire et métissée de SUFFOCATION et SLAYER, un peu comme si les univers Thrash et Death avaient trouvé un point de convergence et d’entente pas vraiment cordiale (« The Burial Urns Of Grief »).
Technique, mais pas techno, Death mais pas Brutal, Thrash, mais trop empoisonné pour suggérer les SEPULTURA et autres DORSAL ATLANTICA, le mélange développé sur Manifest Rebellion atteint un point de maturation diabolique auquel il est très difficile de résister. En ne choisissant pas vraiment son camp, le groupe chilien peut évoluer en toute liberté, flirtant parfois avec une forme très primitive de Death scandinave souillée d’une bonne dose de Blackened Thrash sud-américain (« Sepulchral Haze »).
Certains les ont même comparés aux essentiels UNHOLY LUST, mais si la comparaison est viable, il faut quand même reconnaître que les allusions externes pourraient se multiplier sans vraiment rendre hommage au talent des PRAISE THE FLAME. Sans refuser quelques inserts mélodiques habiles, les musiciens mettent l’emphase sur la violence la plus crue, sans renoncer à une élaboration très travaillée de leur charge frontale. Et après une intro très réussie qui met immédiatement dans le bain d’acide (« Thanatognomonic »), « Fire Forces of Hate » nous bouscule de ses blasts en déluge de haine, suscitant même un intérêt pour l’œuvre complexe d’EMPEROR, sans jamais tomber dans sa grandiloquence d’arrangements faussement symphoniques. Et après une mise en jambes cruelle, la sentence tombe comme les triples croches de la grosse caisse pour nous enterrer sous une chape de béton Black/Death de première bourre.
Optant pour des développements assez longs, les chiliens prennent le risque de se répéter à outrance, mais évitent très intelligemment ce piège en plaçant aux endroits adéquats quelques intros bien vilaines, qui découlent sur des variations presque Doom (« Rise The Witchpower »). Une accélération plus tard, et le spectre d’un PESTILENCE dérangé dans son sommeil par un ATOMICIDE pas vraiment content de se faire voler la vedette nous effleure l’esprit, alors même que les guitares constellent notre nuit d’étoiles d’une pâleur à faire peur.
Rapidité, ultra rapidité, harmonies acides, accélérations brutales, écrasements soudains et breaks qui s’amoncèlent non sans raison, le résultat est toujours assez imprévisible pour captiver l’attention, mais toujours suffisamment efficace pour maintenir la pression. C’est évidemment foncièrement brutal, mais pas bas du front pour autant, et au bout des quarante-six minutes d’intensité, on en ressort lessivé, un peu comme si nous étions les victimes d’une orgie musicale bestiale impromptue, mais cathartique.
De fait, et même publié deux ans après sa sortie initiale, Manifest Rebellion n’a rien perdu de son impact, et se révèle aussi faisandé qu’à son premier jour. A vous de voir si le CD (sans doute épuisé, depuis le temps) est plus idoine que la tape proposée par Caverna Abismal, mais quel que soit le format, seule compte la musique qui fait toujours trembler les murs de Santiago…
Titres de l'album:
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