D’ordinaire, les labels qui souhaitent nous vendre leurs nouveaux groupes n’hésitent pas à mettre le paquet, et nous pondent une bio qui ressemble à une biographie romancée de héros du Metal, dépeignant les musiciens comme des sauveurs qu’il serait inconscient d’occulter sous peine de passer à côté de la dernière révélation en marche. Ou révolution d’ailleurs, l’emphase remplaçant souvent l’objectivité, rarement de mise lorsqu’on veut vraiment parvenir à ses fins. Pourtant, une fois n’est pas coutume, le label espagnol Fighter Records a fait preuve d’une méchante retenue et d’une parcimonie inhabituelle au moment de nous aiguiller sur la piste des ibères d’IRON HUNTER, qui ont dû se contenter de quelques lignes sibyllines et d’informations généralistes en guise d’hagiographie publicitaire. Est-ce à dire que les espagnols jouent une musique qui se passe de superlatifs, parlant d’elle-même, et susceptible de nous séduire sans avoir recours à des subterfuges promotionnels éprouvés ? Possible, mais cette subdivision d’Xtreem Music a quand même pris un grand risque en ne braquant qu’une faible lumière sur leur album, à l’heure où les arguments de vente par correspondance sont l’atout indispensable pour se mettre en avant au détriment de la concurrence. Et en termes de concurrence, les espagnols doivent faire face à un véritable mur de sorties, puisqu’ils évoluent dans le créneau hautement surchargé de la nostalgie assumée, celle d’années 80 qui s’épuisent de devoir représenter le modèle absolu de tout jeune groupe qui n’a pas forcément envie d’innover, ni de suivre des pistes vierges. Peu de renseignements donc à vous mettre en avant, si ce n’est un line-up, quelques influences, mais aussi le contenu d’un album qui tout en surfant sur la vague, prend suffisamment ses distances pour se faire remarquer.
Cinq musiciens donc (Alex Sixstrings & Paco Paz - guitares, Emi Ramirez - chant, Anxo Silva - basse et Alex Outeiro - batterie), beaucoup d’envie, et un leitmotiv qui ne laisse planer aucun mystère sur leurs intentions. Du Heavy Metal, c’est tout ce qu’on a besoin de savoir, et tous les mots clé dont nous avons besoin. Un tel leitmotiv en guise d’accroche joue donc la franchise, et autant dire que le contenu de ce Mankind Resistance ne trahit en rien les convictions. Du Heavy Metal certes, joué comme à la parade chamarrée d’il y a trois décennies bien tassées, mais qui ne se contente pas de reprendre à son compte des riffs usés et des rythmiques aplaties. Un Heavy Metal aussi lyrique que flamboyant, qui assume ses références le poing levé, et qui n’hésite pas à se situer dans un créneau peu visité ces dernières années. En étalant sur leur page Facebook des noms comme ceux de RIOT, IRON MAIDEN, HEAVEN’S GATE, ENFORCER ou HELLOWEEN, les ibères n’espèrent donc pas nous refaire le coup de la New Wave Of British Heavy Metal revisitée, ou de la Bay-Area en voyage organisé, mais se concentrent sur une forme très mélodique de Power Metal à cheval entre la Ruhr et New-York, tout en gardant un pied du côté de Berlin, et l’âme fermement ancrée dans une culture espagnole qui n’a jamais caché son amour du passé. Nostalgie donc, mais pas mimétisme pour autant, même si le souvenir de Thundersteel, d’In Control ou de Walls Of Jericho vient nous titiller la corde sensible à intervalles réguliers. Du Power certes, mais raisonnable dans les faits, ne jouant que très rarement sur les clichés ou les limites de vitesse, et qui accepte de se voir dilué dans un Hard-Rock hautement mélodique, tierces à l’appui, harmonies développées bien lovées dans leur nid, histoire de pondre un album référentiel, à la croisée des époques et des styles, mais joué avec une conviction qui emporte l’adhésion, d’autant plus que le niveau technique des musiciens est plutôt bon. Voire très bon même.
Neuf morceaux pour une grosse demi-heure de musique, qui passe en revue la première moitié des eighties, et qui n’hésite pas à utiliser les tours de force de Mark Reale tout comme les astuces en souplesse de Scott Gorham. Une sorte de Crossover parfaitement malin, qui nous entraîne sur les traces d’un THIN LIZZY dopé au Heavy américain (« Starchaser », instrumental en transition qui dégouline de bonheur), ou celles d’un RIOT parfaitement conscient que l’époque avait changé, et qu’il convenait de mettre un peu de nitro dans son carburateur (« The Deathbringer »). Enregistré aux Zoilo Unreal Studios, et offrant un featuring de quelques vocalistes remarqués (Pacho Brea d’ANKHARA, Jack Bauer de VOLTURE et HUMUNGUS, et Per Lengstedt de PORTRAIT), Mankind Resistance est à l’image de sa pochette, flashy mais sincère, et ne se repose pas trop sur des gimmicks éculés pour avancer, mais plutôt sur de bonnes chansons, solides, mélodiques, et largement assez puissantes pour convaincre les fans de True Heavy Metal, tout en flattant les exigences des plus nuancés des amateurs de riffs racés. Synthétisant à merveille les courants en vogue en Europe et aux Etats-Unis en cette décennie fleurie, les IRON HUNTER ne se contentent pas de neuf clichés bien troussés pour se faire remarquer, et jouent la variété dans la stabilité, ce qui permet à leur LP de ne pas lasser tout en se montrant cohérent. Certes, nous n’évitons pas forcément les poncifs, et un morceau comme « Blood, Fire & Steel » parvient sans peine à citer MANOWAR dans un contexte à la HEAVEN’S GATE, mais le tout est interprété avec tant de sincérité qu’on accepte de fermer les yeux sur les facilités, qui d’ailleurs, ne gênent aucunement l’écoute.
La voix puissante et chaude d’Emi Ramirez permet d’ailleurs de faire passer les plans les plus élimés, d’autant plus que lorsque ses acolytes se décident à trousser un hymne plus vrai que nature, le tempétueux vocaliste n’hésite pas à faire chauffer ses cordes vocales pour titiller les capacités d’un Michael Kiske et la dramaturgie d’un King Diamond (« Save The World », hit fatal pour refrain radical). Pas vraiment de temps faible sur un timing aussi resserré, mais de belles embardées comme « Beyond The Black Hole » qui unit le temps d’un instant la furie du « Valhalla » de BLIND GUARDIAN et la puissance du « Save US » d’HELLOWEEN, ou des assises Heavy solides comme l’acier mais souples comme le plomb (« In The Heat Of The Night », la rigueur allemande au service de la séduction américaine). En gros, un joli survol qui ne se contente pas d’un rase-mottes et qui va chercher dans les hauteurs de la variété sa dose de Hard-Rock grisé. On pourra toujours arguer que les groupes actuels ont vraiment du mal à se détacher de cette fascination old-school qui les empêche de vraiment créer, mais dans le cas des IRON HUNTER et de Mankind Resistance, l’exercice est tellement jouissif qu’on en oublie volontiers qu’il se contente souvent d’emprunter et de répéter.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09